Le Destin des Étoiles : l'héritière oubliée.

Chapitre 20 : La réponse de l'empire

Eirwen se précipita vers le grand salon après avoir entendu la voix urgente d'Elara résonner dans les couloirs du manoir. Son cœur battait à tout rompre alors qu'elle traversait les pièces, se demandant avec une pointe de nervosité, ce qui pouvait bien être à l'origine de cet appel soudain. Son esprit était encore occupé par les réflexions sur la conversation avec maître Alaric et sur ce que cela signifiait pour son avenir.

Lorsqu'elle entra dans le salon, elle trouva Elara debout près d'une fenêtre, tenant une enveloppe à la main. Le sceau impérial, qu'elle avait étudié de nombreuses fois dans ses cours d'histoire, apposé sur le parchemin, indiquait immédiatement qu'il s'agissait de quelque chose d'important. L'atmosphère dans la pièce était tendue, presque palpable, comme si l'air lui-même retenait son souffle en attendant la suite.

"Elara, qu'est-ce qui se passe ? Ça a un rapport avec ma présence ici, n'est-ce pas ?" demanda-t-elle, la nervosité perçant dans sa voix.

Elara se tourna vers elle, son visage trahissant une certaine gravité mêlée d'inquiétude. "À ton arrivée ici, tu m'as sollicité pour t'inscrire au Tournoi de la Couronne. J'ai fait les démarches et je crois que c'est leur réponse."

Eirwen s'arrêta net, sentant une vague d'appréhension monter en elle. Elle savait que c'était une étape cruciale, que son avenir, et peut-être même celui d'Itherya, dépendait de ce moment. Nazel ne lui avait pas vraiment laissé le choix, il lui fallait récupérer le sceptre des Asterguards, pour libérer Thomas de l'emprise de ce foutu démon mais aussi pour elle, pour marcher dans les pas de sa destinée. Elle ferait ça à la loyale. Elle remporterait le tournoi.

"Et... qu'ont-ils dit ?" demanda-t-elle, essayant de maîtriser son anxiété.

Elara prit une profonde inspiration avant de délicatement rompre le sceau et ouvrir l'enveloppe. Elle fit glisser le parchemin hors de son contenant avec une lenteur délibérée, comme si elle cherchait à retarder l'inévitable. La course du temps parut presque s'arrêter tant Eirwen était suspendue aux lèvres de sa tante qui prenait connaissance de la réponse de la famille impériale, les traits impassibles.

"Ils ont accepté ta candidature, mais ils sont extrêmement surpris d'apprendre ton retour à Itherya." Elara marqua une pause, ses yeux fixant ceux de sa nièce avec une intensité inhabituelle. Elle lut sur le visage de sa nièce toutes les questions et son incompréhension.

"Évidemment, la famille impériale et le conseil des neuf étaient au courant de ta naissance. Ils savaient aussi que tu avais été envoyée dans un autre monde dès la sortie de cette... prédiction. »

Eirwen hocha la tête, attendant la suite avec une certaine appréhension. Une tension subtile se glissa dans son estomac, un mélange de curiosité et de crainte. Elle ne savait toujours rien de cette fameuse prophétie et elle n'en voulait pas à sa tante d'être évasive sur le sujet, elle le faisait pour son bien, même si ça ne l'empêcherait pas de finir par en prendre connaissance. Cependant, elle avait des informations sur le conseil des neuf, après avoir discuté avec Elara la veille, elle s'était renseignée sur toute la mythologie ithérienne et sur les origines de l'empire. Les neuf, ce sont les descendants des neuf prêtres et prêtresses, dont Leïla Asterguard faisait partie, qui ont remporté la première guerre de ce monde et ont contribué à ramener une paix quasiment inébranlée depuis. Elle se demandait si Elara avait pris la place de son père au conseil, vu comme elle en parlait c'était peu probable, mais il est certain qu'elle a des contacts parmi eux, autrement comment l'un d'eux aurait pu devenir son enseignant de magie ?

Elara poursuivit sur un ton cynique, tenant la lettre du bout des doigts pour la tendre à la jeune fille et ainsi la sortir de sa rêverie :

Elara roula les yeux au ciel avec une expression mi-ennuyée, mi-amusée, "Ils me reprochent de ne pas les avoir informés plus tôt," puis, elle reprit, plus sérieusement "et ils expriment des doutes sur tes capacités, ainsi que sur ta personnalité. Ils sont méfiants quant à ton retour soudain et à ta participation au tournoi. Pour cette raison, ils ont décidé d'envoyer un émissaire pour vérifier que tu es bien digne de représenter notre lignée dans cet événement."

Eirwen attrapa le prestigieux papier et sentit son cœur se serrer, elle n'osait pas relire. Chaque mot qu'elle avait entendu résonnait dans sa tête comme un écho incertain. "Un émissaire ? Ils vont envoyer quelqu'un pour m'observer ?" demanda-t-elle, à mi-chemin entre la surprise et la frustration.

"Oui," confirma Elara. "Cet émissaire passera quelques jours ici, au manoir, pour évaluer ta maîtrise de la magie, ton comportement, et tes compétences générales. Ce sera un examen de tous les instants."

Elara marqua, comme elle savait si bien le faire, une longue pause dramatique avant de reprendre.

"Tu sais, ce n'est vraiment pas pour rien si jusqu'à maintenant j'ai tout fait pour garder le secret de ton retour à Itherya. C'était un très grand service que le conseil a rendu à tes parents en t'envoyant dans un autre monde et en cachant ta survie au peuple tout entier. Tous les Ithériens sont fermement convaincus que la lignée des Asterguards s'est éteinte avec tes parents. Annoncer ton existence sera comme raviver une flamme qui avait été étouffée depuis longtemps, et il y aura des conséquences."

Eirwen ferma les yeux un instant, tentant de calmer le torrent d'émotions qui menaçait de la submerger. Elle savait que ce moment viendrait, qu'elle finirait bien par devoir sortir de sa petite bulle, mais elle ne s'était pas attendue à être mise à l'épreuve de cette manière. Pourtant, elle ne pouvait pas reculer maintenant. Nazel avait été clair : elle devait participer et démontrer sa valeur pour récupérer le sceptre si elle voulait sauver Thomas. Mais plus encore, elle savait qu'elle devait prouver à elle-même qu'elle était à la hauteur de cet héritage.

Prenant une profonde inspiration, elle rouvrit les yeux et fixa Elara avec ténacité. "Très bien. Je suis prête à affronter cet émissaire, peu importe ce qu'il ou elle attend de moi. Je ferai face à chaque défi avec courage et détermination. Je confirmerai que je suis digne de participer à ce tournoi."

Elara hocha lentement la tête, un mélange de fierté et d'inquiétude dans le regard. "Je sais que tu feras de ton mieux. Mais n'oublie pas, ce ne sera pas facile. Cet émissaire est envoyé par la famille royale elle-même. Ils chercheront la moindre faille, le moindre signe de faiblesse. Ce sera une épreuve difficile, mais je crois en toi."

Les mots d'Elara résonnèrent dans l'esprit d'Eirwen tandis qu'elle rejoignait sa chambre. Le Tournoi de la Couronne, l'émissaire, le sceptre... Tout se mettait en place.

"C'est si facile de savoir ce que tu penses, petite." Murmura la voix suave de Nazel, planant dans l'air comme un venin. Eirwen n'eut même pas besoin de se retourner pour savoir qu'il le succédait en flottant silencieusement, son ombre s'étirant paresseusement sur le sol. Elle se crispa, ses poings se serrant malgré elle.

"Tu n'as rien de mieux à faire que de me suivre comme un mauvais présage ?" répliqua-t-elle, son ton trahissant l'irritation qu'elle ressentait. Elle accéléra le pas, refusant de lui donner la satisfaction de ralentir.

Nazel rit doucement, un son glacial qui semblait résonner contre les murs du manoir. "Oh, je ne fais que veiller à ce que tu ne trébuches pas sur ta propre droiture. C'est louable, sans doute, cette envie de tout faire selon les règles. Mais crois-tu réellement que tes adversaires auront les mêmes scrupules ?"

Eirwen s'arrêta tout à coup, se retournant enfin pour faire face à Nazel. "Je ferai tout ce qu'il faut, que tu sois là ou non. Mais je ne trahirai pas ce que je suis, peu importe les obstacles."

Le sourire de Nazel s'élargit, cruel et amusé. "Vraiment ? Et si l'occasion se présentait, si un petit coup de pouce pouvait te garantir la victoire, tu le refuserais ? Un peu de ruse, un peu de malice, n'est-ce pas ce que font les plus grands ?"

Eirwen le fixa, son regard brûlant de défi. "Je ne jouerai pas à ton jeu, Nazel. Je veux gagner, mais pas à n'importe quel prix."

Nazel le scruta, un éclat indéchiffrable dans ses yeux sombres. "Ah, tu es vraiment divertissante. Jouer la fille noble et honnête, c'est presque touchant. Continue donc, fais ton petit spectacle. Nous verrons combien de temps tu tiendras."

Avant qu'elle ne puisse répliquer, il disparut aussi soudainement qu'il était apparu, laissant Eirwen seule.