Le Destin des Étoiles : l'héritière oubliée.

Chapitre 7 : Liens de sang et de destin

Cette nuit-là, Eirwen se retrouva de nouveau dans ce monde onirique qu'elle supposait être Itherya, un univers aux couleurs chatoyantes et aux paysages étranges. Elle marchait à travers une forêt lumineuse, où chaque feuille semblait briller d'une lueur propre. Soudain, une figure, étrangement familière, apparut entre les arbres : une femme, élégante et majestueuse, aux traits marqués. Elle avançait avec assurance, ses pas presque inaudibles sur le tapis de feuilles mortes et de brindilles qui recouvrait le sol de la forêt. Sa robe longue, faite d'un tissu irisé et changeant, captait les derniers rayons du soleil couchant, les reflétant en une myriade de couleurs chatoyantes.

Ses cheveux, courts et argentés, encadraient son visage avec une précision nette, ajoutant une aura de mystère à sa présence. Ses yeux, profonds et perçants, semblaient contenir les secrets de mille mondes, et son regard, à la fois intense et doux, fixait Eirwen avec une familiarité troublante. Un faible sourire ému flottait sur ses lèvres, comme si elle connaissait déjà tout de la jeune fille.

Elle sentit son cœur s'emballer à la vue de cette apparition. Quelque chose dans l'apparence et l'attitude de la femme lui donnait envie de pleurer à chaude larmes, sans pouvoir l'expliquer. La femme s'avança lentement, ses mouvements empreints d'une grâce naturelle.

Elle fit un pas de plus, et soudain, le sol sous leurs pieds sembla se dérober. Les feuilles mortes tourbillonnèrent autour d'elles comme emportées par une tempête invisible. Eirwen sentit une force irrésistible la tirer en avant, l'air siffla à ses oreilles et les arbres autour d'elles se brouillèrent en une masse indistincte de troncs et de branches.

La forêt tourbillonna autour d'elles, les feuilles et les branches dansant dans un maelström chaotique. Le vent rugissait, emportant avec lui les murmures et les craquements des bois.
La jeune fille ferma les yeux, son cœur battant à tout rompre, tandis qu'elle se sentait projetée à travers l'espace.

Puis, aussi soudainement que cela avait commencé, tout s'arrêta. Elle rouvrit les yeux et découvrit qu'elles se tenaient désormais dans un désert. Le sable s'étendait à perte de vue, ondulant sous la lumière argentée d'une lune immense et éclatante. La nuit était calme et fraîche, une légère brise portant les senteurs du désert.

Des dunes s'élevaient et s'abaissaient autour d'elles, créant un paysage à la fois majestueux et désorientant. Le silence était total, seulement interrompu par le léger bruissement du sable sous leurs pieds. Les étoiles scintillaient dans le ciel noir, formant une voûte céleste éblouissante qui contrastait avec l'obscurité environnante.

"Qui êtes-vous ?" murmura Eirwen, incapable de détourner les yeux de cette figure fascinante.

La femme, debout dans le désert sous la lumière de la lune, émanait une puissance presque palpable. Sa présence imposante semblait dominer l'immensité du paysage désertique, et Eirwen se sentit à la fois minuscule et exaltée en sa compagnie. Il y avait une force tranquille dans ses mouvements, une certitude et une maîtrise absolue de chaque geste. Pourtant, quelque chose dans son regard, dans la manière dont elle tenait sa posture, à la vue de ses pieds, nus, abîmés, enfoncés dans le sable, révélait une forme de vulnérabilité, peut-être une blessure profonde que le temps n'avait pas encore cicatrisée. Ou bien une fatigue, si profondément installée qu'elle en est devenue une part.

La jeune fille fut frappée par cette dualité. Cette présence imposante éveillait en elle des sentiments contradictoires d'admiration et d'inquiétude. Devant elle se trouvait à la fois force et  fragilité. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un frisson d'inquiétude face à cette combinaison déstabilisante.

"On s'est déjà parlé une fois, tu étais dans ce que toi et tes amis appellent la cabane. Je veille sur toi depuis bien longtemps," répondit-elle, sa voix douce mais puissante résonnant dans le silence de la nuit désertique. "Il est temps que tu connaisses la vérité sur ta naissance et notre famille."

Eirwen la dévisagea, essayant de comprendre ce qu'elle ressentait face à cette présence, quelque chose bouillonnait en elle, à-mi chemin entre rage et frustration. "Notre famille ? Mais qui êtes vous bon sang !?"

La femme prit une profonde inspiration, ses yeux remplis de tristesse et de ce qu'on pourrait interpréter comme un profond sentiment de culpabilité.

 "Ton père est mon frère. Je suis ta tante je me prénomme Elara Asterguard. Depuis la disparition de tes parents, j'ai essayé de veiller sur toi de loin, de te protéger du destin qui t'attendait dans notre monde."

Le cœur d'Eirwen se serra à l'entente de ces mots. "Mes parents ? Disparus ? Pourquoi ne m'a-t-on jamais rien dit ? Pourquoi ai-je été envoyée ici ? Qui suis-je vraiment ? Qu'est-ce que ce monde magique a à voir avec moi ? Comment est-ce possible ? Est-ce que ma vie entière n'a été qu'un mensonge ? Pourquoi maintenant ? Que suis-je censée faire de toutes ces révélations ?" Les questions jaillirent de sa bouche si rapidement que c'était difficile de suivre le fil. Eirwen sentait la panique monter, ses pensées tourbillonnaient, elle était au bord de la crise d'angoisse.

Elara leva une main apaisante, un sourire triste mais rassurant aux lèvres. Une douce lumière émanait de ses doigts, enveloppant Eirwen d'une chaleur réconfortante. "Calme-toi, ma chère. Tout cela est beaucoup à absorber, je le sais," murmura-t-elle.Sa nièce sentit sa respiration ralentir et son esprit s'apaiser, comme si une force invisible dissipait lentement sa panique. "Nous avons tout le temps nécessaire pour répondre à tes questions. Je suis ici pour t'aider, et je te promets que tu n'es pas seule."

Elle baissa ensuite légèrement la tête, sa voix se faisant plus sombre. "À ta naissance, une prophétie a prédit que tu serais en danger dans Itherya. Pour te protéger, nous avons tous décidé de t'envoyer dans ce monde sans magie, espérant que tu pourrais y vivre une vie normale et heureuse. Cependant, à Itherya, même si la vie continuait sans toi, la magie a commencé à disparaître peu à peu de notre monde le peuple perdait sa force vitale mais aussi sa joie de vivre. Puis, à tes 16 ans, une nouvelle prophétie est apparue. Elle disait que sans toi, Itherya courrait à sa perte."

Eirwen sentit une nouvelle vague de panique l'envahir aussitôt aspirée par la couverture magique que sa tante avait créé autour d'elle. "Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ? Pourquoi maintenant ?"

Cette dernière soupira. "Parce que cette nouvelle prophétie parlait aussi d'un sacrifice, ton sacrifice. J'ai essayé d'étouffer l'affaire, espérant que tu pourrais vivre ici sans être entraînée dans ce destin cruel. Mais les événements récents, la maladie de la reine régente... tout m'a forcée à revoir ma position. Il fallait que je t'en parle, que tu saches la vérité, il fallait que je te laisse le choix."

Entendant tout ça, elle recula légèrement, son esprit tourbillonnant de questions et de doutes. "Donc, tu veux que je retourne à Itherya ? Que je sacrifie ma vie ici et peut-être même là bas pour sauver un monde que je ne connais même pas ?"

Elara s'approcha doucement, tendant la main vers elle et encrant son regard dans le sien. "Je ne te demanderai jamais de faire ça. Mais tu dois savoir que tu as un rôle crucial à jouer. La décision finale t'appartient. Je voulais simplement que tu sois informée, que tu comprennes ce qui est en jeu."

Le silence du désert semblait s'épaissir autour d'elles, seul  les murmures de la vie sous le sable : le bruissement des insectes, le déplacement furtif des scorpions, le glissement sinueux des serpents grésillait fébrilement dans leurs oreilles. Aussi chaque mot résonnait comme un écho lointain. C'etait toujours ce même mélange d'inquiétude, de colère et de confusion qui dormait en elle. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher de penser que devant elle se tenait une femme qui semblait porter le poids du monde sur ses épaules, une femme qui, malgré ses faiblesses apparentes, avait essayé de protéger sa nièce du mieux qu'elle pouvait.

Elle prit une profonde inspiration, essayant de calmer les émotions tumultueuses qui la traversaient. "Je ne sais pas quoi faire. Tout cela est tellement... soudain. Comment puis-je savoir quel est le bon choix ?"

Elara serra doucement sa main, ses yeux brillant d'une détermination nouvelle. "Nous trouverons un moyen, ensemble. Je ne t'abandonnerai pas, peu importe ce que tu décideras. Tu as le droit de choisir ton propre chemin, et je serai là pour te soutenir."

Les deux femmes se tenaient là, unies par des liens de sang et de destin. Autour d'elles, le sable se soulevait avec le vent, dansant en tourbillons gracieux, comme des souvenirs oubliés emportés par les brises nocturnes.

Et tout redevint flou.