Chapitre 11 : Le serment d'un diable

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Devant ce diable arrogant, le sang d'Eirwen ne fit qu'un seul tour. La colère monta en elle comme une vague déferlante. "Tu es un monstre ! Regarde ce que tu as fait à Thomas !" hurla-t-elle, la voix brisée par l'amertume et le désespoir. "Tu crois vraiment que je vais t'obéir après ce que tu lui as fait ?! Je ne suis pas un pion que tu peux manipuler à ta guise ! Tu n'es qu'une créature abjecte, un démon sans âme ! Je préfère mourir que d'accomplir quelque chose pour toi ! Tu n'as aucun pouvoir sur moi ! Tu m'entends ? Aucun ! Je ne te laisserai pas détruire ceux que j'aime, même si cela doit me coûter la vie !"

D'un nouveau geste de la main, Nazel fit apparaître une vision directement dans son esprit. Elle fut submergée par une image d'une clarté effrayante : Thomas, toujours allongé, inerte, ses traits pâles et figés de la même manière que ceux d'une statue de marbre. À ses côtés, Alice était effondrée, les genoux au sol, le visage noyé de larmes. Ses sanglots silencieux résonnaient dans sa tête comme un écho déchirant. Les épaules d'Alice tressautaient sous l'effet de sa peine, et sa main serrée sur celle de son frère semblait supplier un miracle.

La vue de cette scène désespérante arracha un cri étouffé à Eirwen, son souffle se coupant brutalement. Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine, et toute sa colère se transforma instantanément en une souffrance poignante et une impuissance paralysante. Les mots moururent sur ses lèvres, incapables de franchir la barrière de son chagrin. Elle tendit une main tremblante vers la vision, comme si elle pouvait toucher Thomas et Alice, les réconforter, les sauver.

Les larmes brouillèrent sa vue, et elle sentit ses genoux fléchir sous le poids de l'angoisse. "Non... Thomas, Alice..." murmura-t-elle, la voix brisée par le désespoir. La vue de son ami, figé dans une inconscience profonde, et de son amie, dévastée par le découragement, déchirait son cœur. C'était plus qu'elle ne pouvait supporter.

"Tu vois, c'est très simple," dit Nazel complètement insensible à l'état de la jeune fille. "Si tu ne retournes pas à Itherya, Thomas restera dans cet état. Et je ferai subir la même chose à toutes les personnes que tu aimes. D'abord Alice, mais assez longtemps après la perte de son frère pour qu'elle ai suffisamment souffert. Ensuite, ta mère, pour briser le coeur de ton pauvre "père". Et pour finir, je bannirais leur conscience de ce monde, je les hanterai, je ferai naître en eux les pire cauchemars possibles, c'est une de mes spécialités, j'ai un esprit plutôt créatif en fait." En disant ça, un sourire narquois s'était dessiné sur son visage.

Eirwen, terrifiée et vaincue, demanda d'une voix tremblante : "Pourquoi tu ne m'envoies pas de force ?"

Nazel croisa les bras et la regarda avec un sourire cruel. "Parce que c'est toi. J'ai besoin de ton autorisation pour te changer de monde. J'ai aussi besoin que tu sois une serviable petite fille et que tu fasses tout ce que j'exigerais. C'est ma condition pour sauver ton humain Thomas."

"Que veux-tu que je fasse ?" demanda-t-elle désespérée.

"Tu vois ces chaînes à mes chevilles ? Ne crois pas que je les porte pour me donner un air. Ce sont tes arrières-grands-parents qui me les ont gentiment offertes. Elles sont magiques, elles me forcent à rester ici, dans ce désert, le couloir entre les mondes. Et tu sais quoi ? Ça me plaisait bien au début, d'être ici, de voyager, de découvrir les univers. Pendant deux-cent-cinquante ans, ma prison était mon paradis. Mais à la mort de tes parents, elle est devenue un enfer."

Nazel s'arrêta un instant, les yeux brûlant d'une rage contenue. "Tant que les Asterguards étaient là, j'étais un simple passeur. Lié par un pacte de sang avec eux, j'étais obligé de rester dans le couloir des mondes, portant parfois le rôle de messager. Mais JAMAIS au grand jamais je n'avais pensé que je devrais me transformer en gérant complet de tout ce trafic si la lignée venait à disparaître."

Le Destin des Étoiles : l'héritière oubliée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant