Chapitre 5

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PDV: Aly


J'entre dans ma chambre, plongée dans le noir. Seule dans cette obscurité, je prends conscience de ce qui vient de se passer, et mes tremblements reprennent de plus belle.

"Reprends-toi, Aly, il ne s'est rien passé. Respire un bon coup."

Je colle mes doigts contre la porte et me laisse glisser le long de celle-ci, les larmes me montant aux yeux.

Ce type a raison, j'ai été idiote. Je n'ose même pas imaginer ce que ces hommes auraient pu me faire...

Je ne voulais pas le montrer devant lui, même si je suis sûre qu'il l'avait déjà deviné, mais j'ai vraiment eu peur.

Mes pensées se tournent de nouveau vers lui. Ce Antonio. Je repense à la manière dont ses yeux glacials m'ont détaillée, comme si, l'espace d'un instant, quelqu'un me voyait réellement, comme si on m'avait comprise. Non, comme si lui m'avait comprise.

Néanmoins, une autre chose est sûre : il semblait bien connaître ces hommes. Peut-être qu'il faisait partie de leur groupe, ou pire, qu'il en était le chef, et qu'il a fait semblant de me protéger pour mieux me tuer ensuite...

Non, non, Aly, arrête de délirer, tu es complètement stupide. Je finis par inspirer profondément et me relève. Mon regard se perd sur mon classeur de cours, bien ouvert. J'ai cours demain... et encore une fois, je n'ai pratiquement rien révisé.

L'université n'a jamais été mon choix, mais celui de ma mère. Grande avocate, elle voulait que sa fille suive le même chemin. Le problème, c'est que je ne le voulais pas. Moi, ce dont j'ai toujours rêvé, c'était d'avoir ma propre salle de boxe. Je me souviens que quand je lui en ai parlé, elle ne m'a même pas laissé finir.

Évidemment.

C'était inimaginable pour elle que sa fille pratique ce "sport de brutes", comme elle aime l'appeler, mais surtout que je devienne la honte de la famille.

Mais je l'étais déjà.

Je n'ai jamais été acceptée par ma famille. Évidemment, je ne connais que le côté de ma mère, mais à part mon oncle, personne ne me considère vraiment comme des leurs.

C'est d'ailleurs mon oncle qui m'a donné l'envie et l'amour de ce sport. Il voulait en faire sa carrière, malgré les protestations de la famille. En y pensant, lui et moi ne sommes pas si différents. C'est peut-être pour ça que nous nous entendons si bien. Mais son rêve s'est brisé quand il a eu son accident de moto, qui l'a condamné à un fauteuil roulant pour le restant de ses jours.

Quand ma mère a appris que c'est lui qui m'avait tout appris, elle a refusé de lui adresser la parole, ce qui a évidemment créé encore plus de tensions, surtout lors des repas de famille. Oncle Tom et moi nous retrouvons alors souvent seuls.

Je soupire et range toutes mes affaires pour me coucher, essayant de ne pas penser à la journée de demain, que je vais encore passer perdue à me demander ce que je fais là.

Je n'ai jamais été faite pour les cours. Depuis le collège, j'ai toujours eu des difficultés, et je pensais qu'avec l'autonomie de la fac, je m'en sortirais un peu mieux, mais non. Je n'y comprends rien, et c'est encore pire quand on ne veut pas être là.

J'aimerais partir, mais c'est sans compter ma mère sur mon dos. Je vis encore sous son toit et je dépends d'elle, alors je n'ai pas le choix.

Mais plus le temps passe, plus je ressens le besoin de vite me trouver un travail et de fuir cette maison d'enfer, où je ne supporte plus de vivre depuis que mon cher Elio a disparu.

Almas Atormentadas (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant