Ariane.
Il est huit heures quand je me lève le lundi matin, dans une excitation telle que je manque de tomber en sortant de mon lit. Je prends une douche rapide, essayant de canaliser mon excitation. À ce stade, je ne sais pas si je suis plus excitée par le fait de braver les interdits ou par le fait de découvrir enfin de mes propres yeux l'Est de la ville. Je m'habille rapidement, avec un jean et un pull afin de dissimuler mon tatouage et j'attache rapidement mes cheveux ondulés en une queue de cheval haute. Je prends le sac que j'ai préparé la veille, enfile une paire de bottes noires et envoie un message à Caden, qui normalement devrait déjà être en bas pour m'indiquer si le champ est libre.
Situation ?
R.A.S, tu peux descendre !
J'ouvre la porte de ma chambre et dévale les escaliers.
- Eh oh, doucement ! rigole Caden.
- Les parents sont partis depuis combien de temps ?
- Papa et maman sont partis en même temps il y a un quart d'heure et Rebecca était déjà partie avant que je ne me lève.
- Parfait !
- Sois prudente, même si je te fais confiance ! Tu penses être rentrée pour quelle heure ?
- Je vais essayer d'être de retour avant dix-huit heures. Je te tiendrai au courant par téléphone dans la journée.
J'enfile mon sac sur les épaules, prends mon frère dans mes bras et me dirige vers la porte d'entrée. Quand je me retrouve dehors, l'air frais, presque mordant, fouette mon visage. Le soleil vient de se lever, baignant d'une lumière dorée les feuilles colorées par l'automne. En traversant le côté Ouest de la ville, je ne peux m'empêcher de m'attarder sur les nombreuses demeures et villas somptueuses, où chaque détail semble avoir été pensé pour refléter le luxe et le confort. Les jardins qui les entourent, sont magnifiquement aménagés avec des pelouses verdoyantes, des haies taillées au cordeau, des fontaines ou des piscines démesurées. Les rues sont larges, bordées de grands arbres parfaitement entretenus et tous les trottoirs sont agrémentés de parterres de fleurs. Rien ne dépasse, tout est à sa place. Parfois, certaines habitations, comme la nôtre, arborent fièrement notre marque sur leur façade. Rien ne bouge, tout est d'un calme saisissant. De mon côté, je trouve que c'est un triste spectacle. Tout semble dépourvu de vie. Les rires des enfants sont absents, aucune musique ne s'échappe des fenêtres ouvertes. Tout est toujours silencieux, à l'exception des véhicules roulant vers le quartier des affaires, séparant le côté Ouest du côté Est.
Après quarante-cinq minutes de marche, je bifurque en lisière de forêt en apercevant au loin le quartier du Zénith. Mon itinéraire va être rallongé d'une heure, mais je ne peux pas le traverser, au risque de croiser mes parents, ainsi que toutes les personnes les plus influentes de la ville. Bien que rien ne m'interdise de passer de l'autre côté, je ne veux pas attirer l'attention. Je pénètre dans le sous-bois, baigné d'une lumière tamisée, filtrée à travers les feuillages denses. L'atmosphère est à la fois calme et pleine de vie. Les écureuils, avec leur agilité remarquable, sautent de branche en branche, les hérissons, petits et timides, se déplient sous les feuilles mortes et le chant des oiseaux offre une douce mélodie enchantée.
Je m'arrête un instant, sentant mon téléphone vibrer. C'est un message de Théa.
Fait attention à toi Ari ! Donne-moi de tes nouvelles dans la journée. Bisous !
Coucou Théa, je suis bientôt arrivée à l'Est. Je t'écrit dans la journée.
Je range mon téléphone dans ma poche et me désaltère avant de reprendre ma route. Le bois devient de moins en moins dense, ce qui signifie que je m'approche de l'entrée du côté Est. Je marche encore une dizaine de minutes avant de sortir du sous-bois.
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L'Encre des Interdits
RomanceDans un futur proche où les tatouages sont non seulement des symboles personnels mais également de puissants marqueurs sociaux. Ariane, une jeune femme issue d'une famille riche et puissante, rencontre Ezio, un artiste tatoueur, militant contre le...