Chapitre 4

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Ariane.

Je ne comprends pas pourquoi cet homme se retrouve face à moi. Les tatoueurs présents lors des cérémonies sont normalement des tatoueurs appartenant à notre monde. L'Etat dresse chaque année une liste des personnes autorisées à pratiquer le tatouage de cérémonie. Jamais un « outcast » n'aurait été autorisé à le faire. Cet homme est-il de l'Est, si oui pourquoi est-il là, devant moi ? Ou vient-il d'ici ? Dans ce cas de figure, comment a-t-il pu être envoyé de l'autre côté et se retrouver à me tatouer lors de la cérémonie ? Des dizaines de questions fusent dans mon esprit, quand je le vois s'approcher de moi. Je déglutis.

- Bonjour, Ariane s'est bien ça ? me demande-t-il avec précaution.

- Euh, oui, bonjour, balbutié-je

- Que viens-tu faire ici ? me demande-t-il l'air interrogateur

- Je... je viens juste... pour voir.

Mon regard se plante dans le sien. Je l'observe pendant qu'il garde le silence. Ses cheveux, d'un brun dense, contrastent avec ses yeux verts perçants. Ses traits sont à la fois doux et déterminés. Ses lèvres portent un sourire en coin, que je ne sais comment interpréter. Sa tenue contraste avec la tenue qu'il portait le soir de la cérémonie. Il porte un jean noir, un t-shirt gris laissant apparaître des dizaines de tatouages sur chaque bras. Mes yeux se dirigent vers son bras gauche et je reste interdite. L'arbre sans vie est ancré sur sa peau. Cet homme vient d'ici. Cet homme vient d'ici et était présent chez moi. Pourquoi ? Il me coupe dans ma réflexion.

- Pour voir... intéressant. Et voir quoi, au juste ? me questionne-t-il.

- Pour voir si ce que tout le monde dit au sujet du côté Est est vrai.

- Je ne me suis donc pas trompé, déclare-t-il.

Je hausse un sourcil.

- Cela fait maintenant deux ans que je tatoue lors des cérémonies du côté Est. Il est rare, même très rare, que je tombe sur une personne réagissant comme tu l'as fait vendredi. D'habitude, ceux que je marque sont emprunts d'une joie démesurée et affichent une fierté plus au moins contenue. Toi, tu avais l'air triste, pleine de rancœur, dit-il en me fixant intensément.

Il allume une cigarette d'un geste lent avant de poursuivre :

- Je me trompe ?

Je ne sais comment réagir à cet instant. Je ne peux pas lui faire confiance. Je décide de l'interroger à mon tour :

- Et toi ? Comment se fait-il que tu te sois retrouvé chez moi alors que tu as ça sur le bras ? dis-je en pointant son avant-bras

- Ça ne te regarde pas. Je ne pense pas que tu sois en position de poser des questions étant donné que tu n'as absolument rien à faire ici.

- J'ai parfaitement le droit d'être là, dis-je avec un léger agacement dans la voix.

- Ah bon ? Et tes parents savent que tu es ici ?

- Non. Et ils n'ont pas à le savoir.

Il me regarde longuement, très longuement, comme s'il essayait de lire en moi. Je me sens mal à l'aise, ne sachant pas si je dois continuer à lui tenir tête ou m'enfuir en courant. Cependant, son regard intense, l'assurance tranquille qu'il dégage m'intrigue. Il possède quelque chose en lui qui me pousse à vouloir en savoir davantage. J'essaie de lire dans ses gestes, dans ses expressions, cherchant à comprendre ce qui se cache derrière cette façade mystérieuse.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 20 ⏰

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