Partie 3 : REVELATIONS

1 0 0
                                    

4 mois après le fiasco de la première séance publique, le 7 novembre 1911, face à l'insistance de Sadako, j'en ai organisé une seconde pour exposer les pouvoirs de cette dernière, le 12 mars 1912. Cette fois, j'avais imposé une variante : j'ai demandé à 4 personnes parmi les invités d'amener une photographie de leur choix. Ainsi, je pensais que ça les convaincrait qu'il n'y avait pas de trucage ou d'autres éléments du même ordre. La démonstration s'est déroulée dans une salle choisie d'un commun accord par les scientifiques qui seraient présent. Ceci afin d'éviter que quelqu'un puisse soupçonner d'éventuels "arrangements techniques" sur place au préalable. Comme des gaz hallucinogènes comme cela avait été supposé lors de la fois précédente.

Je tenais à tout faire pour éviter d'offrir à mes détracteurs le moindre élément néfaste à mon entreprise, pouvant leur donner l'occasion de trouver une excuse pour discréditer encore mon travail et les pouvoirs de Sadako. La séance se déroula dans une ambiance similaire à la première, l'aura émanant de ma protégée étant encore à l'œuvre. Un climat d'angoisse et de terreur, que ce soit dans le public, ou ceux qui avaient été sélectionnés par les journalistes pour veiller à ce qu'il n'y ait aucun trucage subtil effectué. Une autre demande de ma part. Les 4 personnes choisis pour amener des photographies de leur choix, 2 scientifiques et 2 journalistes, se placèrent devant la table où se situait Sadako, alors en pleine transe. Il y avait une telle terreur dans leurs yeux à l'idée de poser leurs photos que je me demandais s'ils n'allaient pas tour à tour reculer et fuir en courant à toute allure, sans même demander leur reste. Ils tinrent bon, bien que 3 d'entre eux eurent les jambes qui tremblaient. Seul l'un d'entre eux semblait moins paniqué que les autres.

L'une après l'autre, Sadako s'est appliqué à user de son pouvoir sur les photos proposés. Une photo de famille pour l'un, où le porteur figurait aux côtés de sa femme ; celle de l'extérieur de sa maison pour un autre ; la troisième montrait un musée de Tokyo ; et la dernière un chien, sans doute celui du propriétaire de la photo. A chaque action sur les photographies, j'ai vu la peur augmenter considérablement chez les 4 hommes. L'un d'eux a même failli vomir sur l'estrade, tellement il semblait avoir été choqué de ce que Sadako avait fait sur son cliché. Je n'ai vu aucune des photographies après coup : tous ont refusé de me les montrer.

Ils m'ont insulté de tous les noms pour les avoir plus ou moins obligé à participer à cette mascarade honteuse et indigne du scientifique que je disais être. Ils hurlaient presque, alors même qu'ils reconnaissaient ne pas savoir comment Sadako avait fait pour dénaturer leurs photos, mais soutenaient que, d'une manière ou une autre, j'avais dû avoir connaissance des photos qu'ils avaient choisis. Ils prétendaient que j'avais des complices qui s'étaient vraisemblablement introduits chez eux pour les espionner et trafiquer à leur insu les clichés choisis à l'aide de produits agissant à retardement, comme l'avait fait Ikuko. Ceci afin d'assurer le spectacle de manière le plus spectaculaire que possible.

C'était ridicule. Comment pouvaient-ils avancer de telles théories complètement irréalisables ? J'étais un scientifique, ne leur en déplaise. Pas un vulgaire chef de gang, pouvant faire exécuter de basses besognes à des malfrats sous mes ordres. Une fois de plus, je sentais venir un vent de polémique doublé d'attaques sur fond de mauvaise foi, et ça n'a pas loupé : le lendemain, chacun des 4 "piégés", comme ils se désigneraient dans la presse, ont avancé les explications stupides énoncées la veille, en ajoutant d'autres tout aussi saugrenues. Les deux journalistes furent soutenus par leurs collègues, affirmant que le régisseur de la séance était un ancien détenu condamné pour effraction par le passé. Ce qui était faux. Si ce dernier avait bien fait une peine de prison, c'était pour avoir causé des troubles au sein d'un bar. Il y avait bien quelque chose concernant une intrusion dans le jardin du propriétaire d'une maison, mais il n'avait que 14 ans à l'époque. Qui plus est, c'était à la suite d'un pari avec des amis. Il s'en était tiré avec des remontrances de la part de ses parents, et une inscription sur son casier judiciaire. Cependant, les journalistes possèdent en eux ce don pour déformer la réalité à leur avantage, tout en se servant de boucs émissaires pour sensibiliser l'opinion publique.

NENSHA-Photographies PsychiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant