Chapitre 1

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J'éteins le réveil posé sur la table de chevet alors qu'il m'annonce qu'il est temps pour moi de sortir du lit. Les cernes sous mes yeux sont témoins du manque de sommeil. L'insomnie m'a gagné, ne me laissant dormir qu'une heure ou deux. Le stress, l'angoisse et la peur de mon départ pour l'université en sont certainement les raisons. Retrouver Hannah et Alonso, mes meilleurs amis que je n'ai plus vu depuis quelques jours, pour démarrer une nouvelle vie sur le campus me réjouit, mais être ailleurs, loin de chez moi me stresse. Même si je ne serais pas seule, l'angoisse ne me quitte pas.

Une fois un jogging enfilé, je rejoins ma mère à la cuisine. Elle est déjà prête. D'une incroyable beauté dans son tailleur saumon parfaitement ajusté et ses longs cheveux blonds tirés en un chignon. Elle est comme ça, toujours préparée avec soin pour aller au travail, dans la galerie d'art qu'elle a ouvert il y a plusieurs années. Les gens aisés de Los Angeles la fréquentent régulièrement, dépensant des sommes exorbitantes pour des œuvres diverses. Elle m'adresse un sourire alors que je m'installe à table où Gabby, notre domestique depuis dix-sept ans, a préparé tout un tas de choses. Je fais remarquer qu'il y a beaucoup trop sachant que nous ne sommes que deux, ma mère me répond que je dois être en forme pour ce premier jour à l'université. Je ris, car, depuis mon plus jeune âge, elle ne cesse de me répéter que le meilleur d'être en forme c'est de ne jamais louper le petit déjeuner. Je l'observe boire son café en tapotant sur son portable.

Ma mère, au-delà d'être belle, est aussi une femme forte. Surtout depuis de la mort de mon père il y a un peu plus de trois ans. Elle a tout fait pour que je ne manque de rien, m'a tout donné et je suis consciente que je lui dois beaucoup. Du moins pour ce qui est des biens matériels. Niveau affectif, c'est autre chose. Distante et trop souvent accaparée par son travail, elle n'a presque pas de temps pour moi. Des moments mère/fille, je n'en ai jamais connus. À l'inverse de ma relation avec mon père, qui s'occupait beaucoup de moi.

— Tu veux que je t'amène au campus ? demande-t-elle alors que Gabby me sert un café.

— Non, Alonso et Hannah passe me prendre.

Sans trop d'appétit, je croque dans un croissant sous le regard observateur de ma mère. J'ai une énorme boule à l'estomac, sûrement liée au stress. Malgré tout, je finis de déjeuner et pars me préparer, car mes amis seront là d'ici une heure. Pour ce premier jour, j'ai opté pour un jean slim noir, un débardeur rouge vif ainsi que des converses noires. Ma longue crinière rousse remontée en une queue de cheval, je me maquille légèrement, comme toujours. Mettre trois tonnes de maquillage, ce n'est pas mon genre. Adepte de la simplicité et de la légèreté, je ne correspond pas vraiment à l'endroit où je vis. Les gens d'ici sont toujours bien préparés et en font toujours des tonnes. Si je le voulais, je pourrais le faire. Être comme toutes ces femmes qui ne pensent qu'à étaler leur richesse avec leurs chirurgies et tous leurs artifices. Mais je ne souhaite pas leur ressembler. Un dernier regard dans le miroir, j'aime ce que j'y vois. C'est tout ce qui compte. Surtout après tout ce temps à détester mon reflet.

La sonnette qui retentit me prévient que mes amis sont arrivés, je crie du pas de ma porte que j'ai besoin d'aide pour mes affaires et aussitôt ma phrase finie, Alonso débarque, un énorme sourire plaqué sur son visage d'ange. Comme à son habitude, ses cheveux châtains aux reflets roux sont impeccablement coiffés. Sa mèche, qui revient légèrement sur son front, ne cache en rien ses beaux yeux bleu/gris. Pas très costaud, un air de premier de classe, il n'en reste pas moins très mignon. Il me prend brièvement dans ses bras avant de me demander en quoi il peut aider, je lui désigne les cartons posés sur le bureau tandis que je m'occupe de ma valise. Je n'emporte pas grand-chose avec moi, juste le principal et quelques souvenirs de cette luxueuse villa où j'y ai passé mes dix-neuf ans, sachant que je pourrais y revenir souvent. Hannah et moi avons dû batailler afin d'avoir notre indépendance et pouvoir partager une chambre sur le campus de la Los Angeles Art School. Cette colocation le temps de notre cursus est l'une des meilleures idées que nous ayons eue. L'université n'étant qu'à quinze minutes en voiture, nos parents pensaient que nous resterions vivre chez eux. Mais ça n'aurait pas été pareil. Même si nous vivons tous les trois dans le même quartier résidentiel, à quelques maisons les uns des autres. Là où nous avons grandi. Depuis notre plus tendre enfance, nous ne nous sommes jamais quittés. Quand j'ai rencontré Hannah et Alonso, j'ai de suite su qu'ils seraient mes meilleurs amis pour la vie.

Pure revenge - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant