Chapitre 29

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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟗

"Bénie soit la saison qui entraîne le monde dans la conspiration de l'amour." - Hamilton Wright Mabie 




Mercredi 12 octobre, circuit Paul Ricard, 17h.

Assise dans la monoplace, je m'apprête à prendre la piste. Mes mains sont moites sous mes gants et, même si ce n'est pas la première fois que je fais ça, l'adrénaline, elle, ne me quitte jamais.

Ce matin, David m'a appelé pour savoir si je voulais venir m'entraîner sur circuit dans l'après-midi. Il savait que c'était mon jour off, mais apparemment la piste était libre toute la fin de journée et il m'a proposé de venir. Surexcité à l'idée de me voir enfin piloter sur circuit et pas dans un simulateur, Aiden a littéralement dit oui à ma place. Et me voilà ici. Morte de trouille à l'idée qu'il me voit faire n'importe quoi.

Ses deux dernières semaines passées loin de lui m'ont permis de me concentrer sur les sessions de pilotage et, le moins que l'on puisse dire c'est que c'est encore plus catastrophique sur piste que sur simulateur. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai fini dans les graviers et, même si ma détermination a toujours été ma plus grande force, j'avoue qu'elle commence sérieusement à s'essouffler.

— Bien, tu fais deux tours pour chauffer tes pneus et je t'explique tout ensuite, dit David en tapant sur le halo avant de repartir vers le garage.

Je sens le regard d'Aiden sur moi et il me fait un signe de main, pour que j'attende une seconde.

Il arrive en trottinant et s'accroupit à ma hauteur.

— Tu ne sais pas à quel point ça m'excite de te voir là-dedans...

Son regard me brûle de l'intérieur et ses mots me font rougir derrière mon casque. S'il savait qu'il allait devoir venir me chercher en bord de piste parce que j'ai encore foutu la bagnole en l'air, je ne suis pas certaine que je l'exciterais autant.

— Tu vas surtout rigoler quand tu vas me voir, j'espère que tu ne comptais pas gagner.

Il pouffe de rire en secouant la tête et se relève pour me laisser partir. Je souffle un grand coup quand je m'élance sur la piste et essaye de me focaliser uniquement sur ma conduite. Je fais chauffer mes pneus en zigzaguant plusieurs fois et en accélérant dans les lignes droites, comme me l'a appris David.

À plusieurs reprises, je perds l'arrière de la monoplace, mais j'arrive tout de même à garder le contrôle. Ça, sur le simulateur, David me l'a beaucoup fait travailler et j'ai même l'impression que c'est plus facile en vrai, car le volant est un poil plus vif.

— J'ai pas de grip, annoncé-je à la radio.

— Kdfhziege, j'entends avant de comprendre que c'est un rire. Je pars deux semaines et voilà que tu parles comme une vraie pilote.

— Pousse un peu plus dans les virages, me demande David.

Cette phrase, je la redoute toujours. Quand il me la dit, une fois sur deux je finis par sortir de la piste. Je connais maintenant le circuit par cœur et j'appréhende certains virages plus techniques.

Mon premier vrai tour n'est pas mal. Enfin, pas mal est un grand mot. Pas mal pour moi, mais loin d'être bien pour David. J'ai la trouille de m'encastrer dans un mur dès que j'accélère dans un virage ou de perdre le contrôle de la monoplace.

DESTINY | Version finaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant