Épisode 11

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J'avais à peine franchi le seuil de l'épicerie que l'atmosphère pesante me frappa comme un mur invisible. L'odeur familière des produits frais et des étagères bien rangées semblait étrangement distante aujourd'hui, noyée sous une couche de tension et de colère que je pouvais presque toucher. La journée s'annonçait déjà difficile, mais je n'étais pas préparée à ce qui allait suivre.

Ma tante était là, au comptoir, son visage rouge de colère, les yeux étincelants de fureur. Elle avait l'air de quelqu'un qui était prête à exploser à tout instant, et je savais immédiatement que j'étais la cible de sa rage.

Je m'approchai lentement, le cœur battant la chamade, une mauvaise présensation me serrant le ventre. Je n'avais pas encore eu le temps de me préparer mentalement pour une confrontation, mais le destin semblait en avoir décidé autrement.

Avant même que je puisse prononcer un mot ou expliquer quoi que ce soit, sa main se leva et me frappa violemment la joue. La douleur me prit par surprise, et je me tenais là, choquée, le goût métallique de la colère et de la douleur dans la bouche. Mon visage brûlait encore de l'impact, et je pouvais sentir les regards des clients se tourner vers nous, leurs murmures étouffés flottant dans l'air.

"Tu es une bonne à rien !" hurla-t-elle, sa voix éclatante résonnant dans les murs de l'épicerie. "Tu pourris la vie de tout le monde avec tes problèmes !"

Je restai immobile, abasourdie par la violence inattendue de la gifle. Je savais que les tensions étaient élevées, que ma tante était en colère contre moi pour de nombreuses raisons, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle agisse ainsi. Je me frottai la joue, la douleur vive et lancinante, et tentai de garder mon calme. Les clients me regardaient avec des expressions mi-étonnées, mi-gênées, mais personne ne disait rien.

"Je suis désolée," murmurai-je finalement, la voix à peine audible. "Je ne voulais pas te causer de problèmes."

Elle sembla encore plus enragée par ma réponse. "Tu ne comprends vraiment rien ! Tu as toujours été un fardeau !"

Le goût amer des larmes montait à mes yeux, mais je me retins de pleurer. Je savais que me laisser emporter par mes émotions ne ferait qu'empirer les choses. Au lieu de ça, je me dirigeai vers le comptoir, essayant de me concentrer sur mon travail malgré la douleur. Il fallait que je termine ma journée, que je me concentre sur les tâches qui m'attendaient.

Ma tante continua de me lancer des regards furieux tout au long de mon service, mais je me concentrai sur les étagères, les produits, les clients. Je tentai d'ignorer sa présence, de laisser la douleur et la colère se dissoudre dans le flot des tâches quotidiennes. Mais chaque fois que je croisais son regard, je sentais le poids de ses reproches et de sa colère se faire encore plus lourd sur mes épaules.

La journée fut interminable. Chaque minute semblait s'étirer comme un élastique, et malgré tous mes efforts pour rester concentrée sur mon travail, la colère et la douleur me hantaient. Le visage encore brûlant de la gifle de ma tante, je rentrai chez moi en silence, n'ayant ni l'énergie ni la volonté de saluer Jihyo. La colère et la tristesse étaient trop lourdes sur mes épaules pour me permettre de faire semblant.

Sans un mot, je montai les escaliers jusqu'au toit de notre immeuble. C'était mon refuge, un endroit où je pouvais être seule, loin des regards et des jugements. Là-haut, le vent frais sur mon visage était une douce caresse, et la vue de la ville étendue sous moi offrit un semblant de répit. Assise sur le bord du toit, les larmes coulèrent librement, mêlées à l'ombre du crépuscule. La douleur de la gifle était maintenant étouffée par la tristesse de ma situation. Les pensées de mes parents, de mon passé, et de la dure réalité de ma vie actuelle me submergeaient.

Je m'essuyai les larmes, sortant mon téléphone de ma poche. Un message de Jungkook apparut sur l'écran, et je pris une profonde inspiration avant de l'ouvrir.

"Je pense à toi. J'espère que tout va bien. Si tu as besoin de parler, je suis là."

Ses mots, bien que simples, étaient empreints d'une sincérité réconfortante. Ils apportèrent une chaleur inattendue à mon cœur meurtri. Pour une fois, quelqu'un se souciait réellement de moi, et cela signifiait beaucoup dans ma situation actuelle.

Après avoir pris un moment pour rassembler mes pensées, je redescendis du toit et sortis dans le quartier. La fraîcheur du soir m'accueillit comme une étreinte douce. Je marchais sans but précis, laissant mes pas me guider à travers les rues familières.

Soudain, ma Love Alarm vibra dans ma poche. Le son était toujours un peu perturbant, mais aujourd'hui, il était encore plus poignant. Je regardai autour de moi, espérant découvrir la source de ce signal. Mes yeux balayèrent le quartier à la recherche de quelqu'un, mais il n'y avait personne d'immédiatement visible qui pourrait expliquer la vibration de mon téléphone.

Je continuai de marcher, le bruit des voitures et des passants créant une toile de fond urbaine. Tout en marchant, je me demandai qui pouvait bien ressentir des sentiments pour moi en ce moment. Mon cœur était partagé entre la confusion et un petit espoir. Peut-être que la présence de quelqu'un, même invisible, pourrait m'apporter un peu de réconfort.

Alors que je continuais ma marche solitaire, absorbée dans mes pensées, je croisai soudainement le regard de Jungkook. Il était là, à quelques pas de moi, et son regard était fixe, plein de préoccupation. Mes jambes semblaient peser une tonne, et je m'arrêtai, incapable de prononcer un mot. La vue de Jungkook, dans ce moment de détresse, me prit par surprise, et un flot de sentiments contradictoires me submergea.

Jungkook s'approcha de moi avec une démarche déterminée, comme s'il savait exactement ce qu'il voulait faire pour me réconforter. Son regard doux et attentif contrastait vivement avec l'agitation de mon cœur. Il se tenait devant moi, hésitant un instant avant de tendre la main. Avec une douceur inattendue, il caressa lentement mon visage, comme pour apaiser les tourments invisibles qui me hantaient.

Je restai là, immobile, absorbée par l'affection silencieuse qu'il offrit. Ses gestes étaient empreints de tendresse, comme s'il pouvait effacer d'un simple touché la douleur que je ressentais. La chaleur de sa main sur ma joue était un baume pour mon âme, et je me permis de fermer les yeux un moment, me perdant dans la sensation de réconfort qu'il m'offrait.

Jungkook ne disait rien, mais ses actions parlaient pour lui. Il était là, présent, et cela était suffisant pour moi en cet instant. Il me prit doucement dans ses bras, me serrant contre lui avec une délicatesse qui contrastait avec la dureté du monde extérieur. Le monde semblait s'estomper autour de nous, et dans cette étreinte silencieuse, je trouvais une paix inattendue.

Quand il se détacha légèrement, je levai les yeux vers lui. Il avait un sourire apaisant, et il murmura doucement : « Je suis là pour toi, Sun-ae. N'oublie pas ça. »

Je hochai la tête, les larmes qui avaient cessé de couler pendant un instant reprenant doucement leur cours, mais cette fois avec un sentiment d'espoir et de reconnaissance. Jungkook me fit signe de le suivre, et nous continuâmes notre marche ensemble, silencieusement, mais avec une compréhension mutuelle.

Sa présence était un réconfort que je n'avais pas anticipé, et pour la première fois depuis longtemps, je sentais que peut-être, juste peut-être, les choses pourraient s'améliorer.

ʟᴏᴠᴇ ᴀʟᴀʀᴍ {TERMINÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant