Chapitre 1 : Une famille où une prison ?

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Les éclats de rire des enfants, insouciants et libres, me parvenaient sourdement à travers les rideaux. Un tableau auquel je n'appartenais plus depuis longtemps. Je tirai d'un geste brusque sur la corde, plongeant ma chambre dans une pénombre protectrice. Seul l'écran de mon ordinateur illuminait ce sanctuaire personnel.

J'avais toujours eu du mal à me fondre dans la masse. L'idée de m'approcher des autres enfants me remplissait d'une anxiété sourde. Au fil des années, cette réticence s'était muée en une véritable aversion pour le monde extérieur, du moins en ce qui me concernait.

Je m'éloignai de la fenêtre, un sentiment d'étrangeté me pesant sur le cœur. Mon regard se posa sur ma chambre, un espace qui reflétait ma personnalité complexe. Les murs d'un bleu pâle étaient ornés de posters de groupes de K-pop, ma passion secrète. BTS, Stray Kids... des idoles lointaines qui me procuraient une évasion bien réelle.

Je m'assis devant mon ordinateur et je parcourus rapidement les notifications. J'avais quelques fans, mais je n'étais pas une influenceuse comme Sylvie, ma sœur. Elle, elle attirait les regards, suscitait l'admiration. Moi, je préférais l'ombre, le calme de ma chambre.

Un bruit de pas dans le couloir me tira de ma rêverie.

« T, tu as vu mon crayon marron ? C'est celui que j'ai utilisé hier. »

La voix de Sylvie résonna dans ma chambre, irritante comme d'habitude.

« Pour la énième fois, non, je ne l'ai pas vu. Arrête de fouiller dans mes affaires. »

« T'es sûr ? Tu l'as peut-être pris par erreur. »

« Non, Sylvie. Je ne touche pas à tes affaires. »

« Ah bon ? Et pourtant, tu les utilises tout le temps. »

Sa voix s'éleva d'un ton accusateur. J'eus envie de lui claquer la porte au nez, mais je me maîtrisai.

« Sors de ma chambre, s'il te plaît. »

Elle pouffa de rire. « Toi qui ne sors jamais de ta chambre, tu me dis de sortir ? C'est drôle. »

Je ne répondis pas. Je savais que toute discussion avec elle était inutile. Elle ne ferait que chercher la dispute.

Enfin, elle quitta la pièce en claquant la porte. Je soupirai. Sylvie était comme ça. Toujours à me chercher des noises.

Je repris mes activités en ligne, essayant de me concentrer sur autre chose. Mais les mots de ma sœur me revenaient en tête. J'étais une recluse, une fille bizarre qui passait ses journées enfermée dans sa chambre.

  Comme d'habitude, une fois Sylvie partie, je cherchais refuge dans mon monde virtuel. Poster une nouvelle vidéo était devenu un rituel apaisant, un moyen d'échapper à la réalité. Aujourd'hui, j'en avais particulièrement besoin. Le simple fait de savoir qu'elle allait me chercher des noises toute la soirée me mettait en boule. Je connaissais sa ténacité : elle ne lâcherait pas tant qu'elle n'aurait pas trouvé son foutu crayon et, inévitablement, nos parents finiraient par être mêlés à l'histoire.

« Le dîner est prêt, Thilda ! » La voix de ma mère résonna dans la maison, me tirant de ma torpeur. Je savais que c'était pour commencer. « À table ! »

Une vraie famille, disait-on, se réunissait autour d'une table. Mais la nôtre n'était qu'une pâle imitation.

« J'ai pas faim », marmonnai-je, l'estomac noué.

« Je ne te demande pas ton avis, jeune fille ! » rétorqua ma mère, sa voix s'élevant d'un ton sec.

« En plus, j'ai mal au ventre », ajoutai-je, espérant qu'elle abandonnerait.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 19 ⏰

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