Two Sides🩶 T1

Chapter 9

_Omniscient_~

  La nuit du mardi 21 au mercredi 22 était lourde et pesante. Un vent tiède soufflait à travers les rideaux mal fermés, créant une danse lente et sinistre des ombres sur les murs de la chambre de Zachary. La lune, cachée par de sombres nuages, n'offrait qu'un faible éclat argenté, rendant l'atmosphère encore plus étouffante. Le silence régnait, interrompu seulement par les battements irréguliers du cœur de Zachary, enfoui sous ses draps. Mais dans son esprit, il était loin d'être en paix. Il se retrouvait plongé dans un cauchemar qui le ramenait des années en arrière, dans un passé qu'il s'efforçait d'oublier.
Dans son rêve, Zachary était de nouveau un enfant, un petit garçon de six ans aux joues rebondies et aux yeux pleins d'innocence. Il courait à travers un champ de fleurs sauvages, leurs couleurs éclatantes formant un contraste saisissant avec le ciel d'un bleu immaculé. Le soleil caressait doucement sa peau, et une brise fraîche portait jusqu'à lui l'odeur sucrée des fleurs et le chant mélodieux des oiseaux. Il riait, un rire cristallin, pur, tandis qu'il courait vers une silhouette féminine au loin.

C'était sa mère. Elle était là, au milieu du champ, vêtue d'une robe légère aux teintes pastelles qui dansait au rythme du vent. Ses longs cheveux noirs brillaient sous le soleil, et son sourire était doux, réconfortant, un refuge pour le jeune Zachary. Elle l'accueillait à bras ouverts, et lorsqu'il atteignait enfin ses bras, elle l'enlaçait avec tendresse. Il pouvait sentir son parfum familier, un mélange de roses et de vanille, et entendre les battements réguliers de son cœur, un rythme apaisant qui calmait ses peurs d'enfant.
Elle lui murmurait des mots d'amour, sa voix douce comme un murmure d'été. Zachary levait les yeux vers elle, admirant ses traits délicats, et se sentait en sécurité, comme si rien de mauvais ne pouvait lui arriver tant qu'il était dans ses bras. Chaque instant passé avec elle était un trésor, une perle de bonheur pur qu'il chérissait profondément.
Mais soudain, l'atmosphère changeait. Le ciel, autrefois clair, s'assombrissait rapidement, des nuages noirs envahissant l'horizon. Le vent, qui était doux et rafraîchissant, devenait brusque, violent, et les fleurs se fanèrent sous son souffle cruel. Le chant des oiseaux se tut, remplacé par un silence oppressant. Zachary serra sa mère plus fort, sentant un malaise grandir en lui, une peur inexplicable.

Et puis, l'enfer se déchaîna. Des explosions éclatèrent autour d'eux, le sol tremblant sous leurs pieds. Le bruit des tirs d'armes à feu résonna dans l'air, brutal et assourdissant. Des hommes surgirent de nulle part, armés, criant des ordres incompréhensibles. Le champ de fleurs était devenu un champ de bataille.
Zachary, terrifié, s'accrocha à sa mère, ses petites mains tremblantes agrippant désespérément le tissu de sa robe.
Sa mère essayait de le protéger, le couvrant de son corps, mais elle n'était pas une guerrière.
Elle était simplement une mère, une femme aimante. Une détonation retentit, plus forte que les autres. Zachary sentit sa mère tressaillir, et lorsqu'il leva les yeux, il vit l'expression de douleur sur son visage. Son sourire avait disparu, remplacé par une grimace de souffrance. Ses mains, qui l'avaient tant de fois réconforté, s'affaiblissaient, glissaient de ses épaules.
Du sang. Il y avait du sang, rouge vif, maculant sa robe claire. Zachary hurla, un cri déchirant, appelant sa mère de toutes ses forces, mais elle ne répondait pas. Elle s'effondrait lentement, ses yeux perdant leur éclat, son souffle devenant de plus en plus faible.
Zachary tenta de la retenir, de la sauver, mais ses petites mains ne pouvaient rien faire pour arrêter l'inévitable.

Avant qu'il ne puisse réagir, des bras puissants l'attrapèrent, le soulevant du sol. Il se débattait, hurlant encore et encore le nom de sa mère, mais sa voix se perdait dans le chaos.
Les hommes l'emmenaient, le traînant loin d'elle. Il tendait désespérément les bras vers elle, mais elle s'éloignait de plus en plus, sa silhouette devenant floue à travers ses larmes.
Le monde autour de lui devenait un tourbillon de confusion, de douleur, et d'effroi.
Il fut jeté dans une camionnette. Les portes claquèrent violemment, et l'obscurité l'engloutit. Les cris, les explosions, tout devenait distant, comme s'il s'enfonçait dans un cauchemar sans fin. Il se recroquevilla, tremblant, le visage mouillé de larmes, son cœur battant à un rythme effréné.
Zachary se réveilla en sursaut, le corps en sueur, le souffle court. Il était de retour dans sa chambre, mais les échos du cauchemar résonnaient encore dans son esprit. Il pouvait encore sentir la chaleur du sang, entendre les cris, et voir le regard de sa mère, ce regard qui le hantait. Il porta une main tremblante à son visage, essuyant les larmes qui coulaient silencieusement. Le passé qu'il essayait d'oublier venait de le rattraper, le plongeant dans un abîme de douleur qu'il avait tenté de fuir toute sa vie.
Mais ce n'était qu'un cauchemar. Un cauchemar qui rassemblait juste diverses souvenirs. Zachary se leva de son lit, et parti prendre une bouffée d'air frais devant les baies vitrées de sa chambre déjà ouvertes. Il aimait ça, le contact du vent, mais particulièrement au travers de sa fenêtre. Ce vent soufflait avec une douceur apaisante, comme une caresse délicate sur un cœur meurtri. Ça prenait avec lui tous les soucis mais ses pensées..