L'Oeuvre Interdite

Chapitre 2 - Sam entre dans ma vie

Un peu plus tard, ma sœur rompit avec son ami et elle vint vivre chez nous durant quelques mois. Nous parlions beaucoup et elle me répétait toujours qu'elle n'était pas attirée par Théo. Que si elle l'avait été, elle le lui aurait déjà dit clairement comme elle le faisait avec les hommes qu'elle désirait et Théo lui avait largement donné l'occasion de le faire. Elle ne partageait pas le fantasme de Théo et ne comprenait pas comment je pouvais me laisser convaincre par ses propos. Voulant réellement m'assurer que Théo avait tort dans ses propos je dis à ma sœur :

– Je comprends ce que tu veux dire. Il y a des années que cela dure, et tu sais que ce n'est pas le genre de vie dont je rêvais. Mais je n'en peux plus et je crois que tant qu'il ne t'aura pas eue, il te harcèlera et gâchera nos vies. Tu ne veux pas juste essayer une fois avec lui ? Juste une fois, afin que l'on puisse enfin passer à autre chose ?

– Il est hors de question que je fasse cela ! S'il continue à nous gâcher la vie, quitte-le ! Tu lui accordes tout, tu réalises tous ses fantasmes ! Et les tiens, dans tout cela ? Est-ce qu'il te comble de bonheur comme tu le fais avec lui ?

J'étais soulagée. Il était évident qu'elle n'éprouvait aucun désir pour Théo. Il semblerait donc que Théo se soit trompé dans son diagnostic ou bien qu'il cherche à nous manipuler toutes les deux pour nous faire céder à son fantasme.

Peu de temps après, Théo reprit une activité professionnelle, enfin ! Un soir, alors qu'il était parti travailler, face au bilan de ma vie amoureuse, je fus envahie d'une profonde tristesse. J'appelai ma grande amie Julia, qui connaissait ma situation, et qui arriva aussitôt pour tenter de me changer les idées, mais en vain. Alyssia, qui avait invité sa meilleure amie chez moi, me dit dans un élan de colère :

– Dana, pourquoi te mets-tu dans un état pareil pour lui ? Il ne s'en fait pas, lui. Tu ne mérites pas ça ! Il ne changera jamais, tu sais ce qu'il te reste à faire si tu veux que ta vie change. Si tu veux changer de direction, il faut changer de train !

– Je ne peux pas le quitter, j'ai deux enfants avec lui, mais ça va aller, ne t'inquiète pas.

– Tu sais quoi ? Nous allons sortir toutes les quatre ce soir, ça fait des années que tu n'es pas allée faire la fête. Viens avec nous ! Il y a une superbe soirée en ville !

Après plusieurs hésitations, elle me convainquit, même si le cœur n'y était pas, et nous nous fîmes belles pour sortir.

4 décembre 2004

C'était un samedi. Au rez de ce club de plusieurs étages se trouvaient des barmen plus beaux les uns que les autres ; les DJ's les plus réputés venaient animer la soirée.

Le style décontracté de Julia, bien plus détendue que moi, attirait une foule de prétendants, alors que moi je demeurais impassible, le cœur emmuré dans mon désespoir. Après quelques verres, je me suis laissée aller, et alors que j'avais finalement repéré un bel homme, un jeune inconnu d'origine orientale m'attrapa par le bras, l'air très sérieux, affirmant qu'il devait me parler, déclarant qu'il devait me révéler quelque chose d'important. Eh bien, les techniques de drague ont bien changé de nos jours ! pensai-je. Je trouvais qu'il était bien trop jeune et je n'aimais pas son attitude audacieuse et prétentieuse. Je ne voyais pas ce que ce jeune homme pouvait m'apporter. De plus, il avait l'air un peu éméché, aussi je ne lui accordai pas la moindre importance et l'envoyai balader. Mais il a persisté, me tenant toujours par le bras. Excédée, j'essayai une ruse : je lui dis que j'étais ici pour m'amuser, alors qu'il veuille bien revenir me voir dans une heure et demie. J'étais persuadée qu'il serait alors trop ivre à ce moment-là pour me reconnaître. Grossière erreur ! Il revint à l'heure précise, encore plus insistant, d'un air si plaintif que j'en avais presque ressenti de la compassion. Julia, elle, eut pitié de lui. Elle m'a encouragée en disant : « Dana, alors quoi, vas-y ! Va voir ce qu'il veut, ça ne t'engage en rien ! » insista-t-elle.