Chapitre 2: le passé de Victor

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Pov de Victor
Décembre 2022

La seule chose que je rappelais avant d'être amené ici, c'était un rendez-vous professionnel pour un travail dans une grande boîte reconnue. Une femme, d'une vingtaine d'années m'a demandé de la suivre jusqu'au bureau de Monsieur Nelson, le présumé PDG, et d'un coup, le noir total.
En me réveillant, j'étais attaché à une chaise, dans une pièce entièrement blanche. Une douleur atroce m'interpella, j'avais dû être assommée avec un objet suffisamment lourd pour n'avoir aucun souvenir. C'est à ce moment qu'une personne, probablement un scientifique, entra par une porte que je n'avais pas remarqué tant la douleur m'empêchait un simple mouvement.
Il semblait parler mais je n'entendais rien, peut être que ce n'était pas à moi qu'il s'adressait. Une chose était sûre, je n'étais pas dans un hôpital. Plus il s'approchait, moins j'étais serein, l'odeur de désinfectant et de produits chimiques me piquaient le nez, me donnant autant envie de vomir que de m'enfuir.
Un soudain élan d'adrénaline parcoura mes veines et je tenta de me débattre tant bien que mal mais en vain, mes poignets et chevilles étant fixés au fauteuil médical dans lequel j'étais assis, les liens me brûlant la peau. Avant même que je puisse hurler, le scientifique m'enfonça une seringue remplie d'un liquide inconnu et une seconde fois, le noir complet.
A mon deuxième réveil, j'avais changé de pièce mais elle n'était pas moins oppressante que la première. Il y avait tout de même plus de meubles, entre autres un lit, une commode, une table de chevet et un bureau. Ça aurait pu presque ressembler à une chambre si elle n'était pas totalement blanche. Mes poignets me brûlaient et j'aperçus que je n'étais plus attaché.
Je me suis relevé, la tête lourde. J'avais probablement été frappé à l'arrière de la tête mais en passant une main dans mes cheveux, je ne sentais rien. Aucune bosse, aucune blessure. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait et ça m'effrayer.
Que me voulaient-ils ?
Avaient-ils un lien avec la mort de mon père ?
J'étais toujours assis sur le lit quand quelqu'un entra dans la pièce. Mon regard se tourna directement vers l'homme en question. Encore un scientifique mais celui-là paraissait plus agréable que l'autre. Il se racla la gorge et posa des feuilles sur le bureau

-Comment te sens-tu ?
Ce fut les premiers mots qu'il me dit, pas une explication sur la raison pour laquelle j'étais ici ni même où est ce que je me trouvais. Je ne voulais pas répondre et ma gorge sèche n'aidait absolument pas. Le remarquant, il appela une infirmière pour qu'elle me ramène un verre d'eau. Après un temps, elle arriva avec un plateau, il n'y avait pas qu'un verre dessus mais aussi des médicaments et de la nourriture. Elle posa le tout sur la table à côté de moi et reparta sans un mot ou même un regard, elle semblait anxieuse et triste pour quelque chose. J'essaierai de lui demander une prochaine fois, elle me répondra peut-être.
Le scientifique regardait le verre, attendant patiemment que je le finisse mais de mon côté, je prenais le plus de temps possible pour voir combien de temps il tiendrait.
Il semblait n'avoir rien de mieux à faire dans sa vie, ce qui m'énerva au plus au point. Posant mon verre sur la table, légèrement violemment, je tourna mon regard vers le scientifique.

-Qu'est ce que vous me voulez bon sang ?! Et où suis-je ? Perdant peu à peu mon sang froid, ma voix s'intensifia.
La colère bouillait en moi et à tout moment, j'explosais mais il posa sa main sur une feuille de son dossier et me l'a tenda.

-Ce sont toutes les informations que tu as l'autorisation d'avoir.
En autre, une demi feuille. Ça ne m'expliquait pas la vérité, c'était certain mais la feuille disait que j'étais dans un hôpital psychiatrique à la suite d'examens dont je n'ai aucun souvenir. J'allais très bien mentalement malgré la mort de mon père, j'étais passé outre ce malheureux incident. C'était des choses qui arrivaient et vu son âge, il fallait s'y attendre même si l'accident a accéléré sa mort. Vivre jusqu'à 78 ans en pleine forme, c'est pas donné à tout le monde. Dommage pour lui et paix à son âme, mais c'était bien le cadet de mes soucis à présent. Mon attention retourna sur le pseudo docteur.

-Je suis dans... Un hôpital psychiatrique ? Mais je vais parfaitement bien.
Mon regard resta bloqué sur cette feuille, les mains légèrement tremblantes, de peur ou d'énervement, je n'étais pas sûr.
-Je comprends que vous soyez déboussolé mais je vous expliquerai tout plus en détail en temps voulu. Me réponda-t-il avant de se lever et de partir vers la porte.
La main sur la poignée, il se tourna, la voix sèche et me cracha presque son ordre :
-Prenez vos cachets

Le reste de la journée se passa très rapidement et la nuit pointa le bout de son nez. Aucun scientifique n'était revenu depuis ce matin et je n'ai eu aucune vraie conversation avec une seule personne. Même l'infirmière qui venait voir si tout allait bien ne me parlait pas plus de 5 minutes. Elle ne voulait même pas répondre à mes questions les plus simples. On dois me dire ce que je fais ici.
Malgré mes plaintes et mes demandes, personne ne daigna m'expliquer ne serait-ce qu'un peu ce qu'il se passait. Ce n'était pas normal, j'avais besoin de savoir. J'ai pensé à simplement sortir de la chambre mais des vigiles se baladaient dans les couloirs nuits et jours, les fenêtres quant à elles, étaient bien évidemment fermées, ça serait trop simple sinon.
Je n'avais pas pris les fameux cachets qu'il l'avais donne, je n'étais pas stupide au point de faire ça. A la minute où le scientifique est parti, je les ai jetés aux toilettes.
Je ne savais pas ce qu'il se passait ni même si j'allais sortir d'ici un jour. Peut-être resterais-je dans ce soi-disant hôpital pour toujours.
Je n'avais pas fermé l'œil de la semaine, trop peureux de ce qu'il pouvais m'arriver pendant la nuit. Les cris venant des autres "patients" troublaient également mon sommeil, qui pouvait dormir avec des hurlements de douleurs dans ses oreilles en dehors de psychopathes sans coeur ?
Après plusieurs jours enfermé dans cette même pièce, on m'autorisa enfin à sortir et me balader dans le reste du bâtiment, du moins dans le réfectoire et dans la bibliothèque qui était occupée par beaucoup de jeunes, les autres marchaient dans les couloirs sans but précis. Ils paraissaient vides de toutes émotions. L'ambiance était particulière et finalement je passais la plupart du temps dans ma chambre pour les éviter. Je n'étais pas comme eux, je ne dis pas ça méchamment, c'était simplement la vérité. Mais une chose me bloqua, si j'étais dans un hôpital psychiatrique, comme ils veulent le faire croire à tout le monde, pourquoi je n'ai pas passé un seul test depuis mon arrivée ? Pourquoi ils ne nous donnent presque aucun renseignement même quand on demande ? Et je n'ai pas le droit d'appeler quelqu'un ou de recevoir des visites ?
C'était bizarre, rien n'était logique. Il fallait que j'en sache plus sur tout ça et surtout que je sorte de cet endroit plus qu'angoissant.
Des jours, puis des semaines sont passés sans que j'ai des informations mais je ne comptais pas abandonner maintenant.

des secrets cachés dans l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant