𝟣𝟢𝟢𝟢 𝓇𝒶𝒾𝓈𝑜𝓃𝓈 𝒹𝑒 𝓅𝑜𝓊𝓇𝓆𝓊𝑜𝒾 𝓉𝓊 𝓂'𝒶𝒾𝓂𝑒𝓈

•Chapitre 2•

Maxime, 20 rue du pont, 3 mois en arrière.

Je déballe les cartons posés dans ma chambre vide.

Cela me fait bizarre de changer d'environnement, de maison, de ville. En arrivant à Montpellier, je n'étais pas sur d'être à mon aise, mais en fin de compte je commence à m'habituer.

C'est pendant la première dans soirée dans mon nouveau chez-moi que j'ai appris la nouvelle : Lina Sherre, la fille que j'ai harcelée ce trouve elle aussi dans cette commune et dans le lycée où je vais désormais étudier.

        -Ne la brusque pas, m'a dit mon père, je ne veux pas d'une autre expulsion.

Je lève les yeux au ciel mais je ne le contredis pas, pour la simple et bonne raison qu'en grandissant je me suis rendu compte du cretin que j'ai été avec elle.

A l'époque, j'étais amoureux d'elle et la seule solution -que j'avais trouvé- était de l'embêter, de l'insulter, de la rabaisser, mais tout ce que ça m'a apporté est un renvoi de l'établissement et la haine de la part des autres élèves.

Parfois la nuit, je repense à ça, à cette histoire. À chaque fois la culpabilité est un peu plus grande.

J'ai donc pris la décision de m'excuser dès que possible, dès que je la reverrais.

Mes recherches aboutissent après quelques semaines à errer dans la ville, à la recherche de Lina.

Aux alentours de midi, alors que mon ventre cri famine j'aperçois un petit restaurant à l'air sympathique.

Je prends place sur l'une des chaises en terrasse et attends qu'on me sert ma commande.

Quand la serveuse arrive, je ne réussis pas à cacher ma surprise de voir qu'elle n'est autre que Lina.

Elle a tant changé, ses cheveux bruns autrefois courts descendent à présent  le long de son dos, ses iris noisettes brillent d'un tel éclat qu'on aurait dis deux joyaux.

Quand je l'aborde elle ne semble pas me reconnaître. Elle a du me rayer de sa vie mais je ne peux pas lui en vouloir ...

***

3 mois après...

Je m'installe à une table en vérifiant l'heure sur ma montre. J'ai cinq minutes d'avance sur mon rendez-vous avec Lina.

Je me touche nerveusement les cheveux pour vérifier qu'ils sont bien coiffés. Je dois avouer que j'ai une boule au ventre, appréhendant ma rencontre avec mon ancienne camarade.

Qu'est ce que je vais lui dire ? Voudra t'elle bien m'adresser la parole ? Est ce qu'elle me déteste ? Sûrement ...

Des voix familières me tirent de mes pensées.

-Tu n'es pas de service aujourd'hui ?

-Non je viens voir ... quelqu'un, annonce Lina.

Pourquoi est-elle gêné au point de ne pas vouloir prononcer mon prénom ? Je lui fais donc si peur que ça ...?

Quand elle se tourne dans ma direction je lui fais un signe de la main pour lui annoncer ma présence.

Elle baisse la tête et s'assoit à sur la chaise en face de la mienne.

-Salut ! dis-je, tentant une approche que j'espère sympathique.

-Bonjour.

-Comment ça va depuis ?

-Ça va.

Voyant que cette conversation ne mènerait à rien, j'aborde le sujet de notre rendez-vous :

-Tu aimerais travailler sur quelle partie pour notre exposé ?

-Les conséquences de la première guerre mondiale me semblent intéressantes.

-Tu t'y connais dans ce domaine ?

J'ai juré avoir vu une étincelle s'allumer dans ses yeux qui pétillent pour une raison inconnue.

-Bien sûr ! Après ce conflit, de nombreux soldats ont étés tués et les monuments aux morts se sont multipliés. Mais les civils eux aussi, ont vécus des choses atroces : ils étaient bombardés, pris en otage, ou ont étés mis en travail forcé.

Elle se stop net dans son récit, sentant mon regard sur elle.

Elle détourne son regard du mien, ses joues rougis par l'embarra.

Sentant une gêne s'instaurer entre nous, je décide de prendre la parole.

-Toujours aussi ... euh ... intelligente à ce que je vois, essaye-je pour détendre l'atmosphère.

-Encore une de tes mauvaises blagues ? souffle t'elle, une pointe de dégoût dans ses iris noisette.

-Je te jure que non ! Je suis sincère.

-Je pense qu'on peut dire que j'en sais un rayon sur l'histoire. C'est un sujet que me passionne depuis toute petite. Plus tard j'aimerai être historienne !

Je peux enfin respirer normalement, soulagé que l'éclat dans ses yeux soit revenu. Elle laisse même échapper un petit sourire radieux sur son visage.

***

Sur mon canapé, je me ressasse les événements de cette après-midi. Le rendez-vous avec Lina, nos retrouvailles, sa passion pour l'histoire. Jusqu'à ce que son sourire refasse surface dans ma mémoire.

Une douce chaleur se diffuse dans mon ventre. Une chaleur que je connais trop bien ...

-C'est du passé, je n'aime plus Lina maintenant, de plus qu'elle me déteste. Oui, c'est ça, je ne l'aime plus ! essaye-je de me persuader.

Est-ce que j'y crois vraiment ? Non, bien sûr que non ...