La légende du lac d'Annecy

Les profondeurs du mystère

La brume matinale s'épaississait sur le lac d'Annecy, donnant à la scène une atmosphère irréelle. Cassandre avait à peine dormi. Les événements de la veille, combinés à une enquête qui ne semblait mener nulle part, l'avaient tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Elle avait tenté de rationaliser ce qu'elle ressentait, de chasser de son esprit les superstitions et les légendes, mais une part d'elle ne pouvait ignorer l'inquiétude grandissante qui s'installait au fond de son esprit. Quelque chose de plus sinistre semblait se cacher derrière cette mort énigmatique.

Elle s'était levée à l'aube, bien avant que la ville ne s'éveille, et avait décidé de retourner sur les lieux du crime. Roche était déjà là. Il semblait avoir le même instinct qu'elle, cette intuition inexplicable qui les ramenait inlassablement au bord de l'eau, comme si le lac lui-même les attirait.

- « Pas encore de nouvelles de l'autopsie ? » demanda Cassandre en s'approchant de Roche, qui fixait l'eau, les mains enfouies dans les poches de sa veste.

- « Pas encore, » répondit-il sans détourner les yeux du lac. « Le légiste a promis un rapport préliminaire pour la matinée, mais il semblait perplexe. Pas de traces de lutte, pas de signes évidents de noyade... Rien qui puisse expliquer la cause de la mort. »

Cassandre soupira. Une mort inexpliquée, une victime inconnue, et maintenant une légende qui se mêlait à l'affaire, brouillant les pistes. C'était plus qu'une simple enquête ; c'était un puzzle auquel il manquait trop de pièces.

- « J'ai fait vérifier les bases de données pour tenter d'identifier la victime, » ajouta Roche. « Rien. Ni dans les fichiers des personnes disparues, ni dans les bases d'ADN. »

- « C'est comme si elle n'avait jamais existé, » murmura Cassandre, presque pour elle-même.

Roche se tourna enfin vers elle, ses yeux sombres plongés dans les siens. Il y avait quelque chose de différent dans son regard, une profondeur nouvelle, un mélange de détermination et de... crainte ? Cassandre sentit une vague de chaleur l'envahir à nouveau, un sentiment familier qu'elle s'efforçait de repousser. Il était difficile de ne pas se perdre dans le regard de Roche, mais elle ne pouvait pas se permettre de flancher maintenant.

- « Commissaire, » commença-t-il d'une voix plus douce, brisant la tension entre eux, « si cette affaire vous pèse trop... Vous n'êtes pas obligée de tout porter seule. »

Cassandre soutint son regard, touchée par ses mots. Elle savait qu'il avait raison, qu'elle n'avait pas à affronter ce mystère seule. Mais il y avait quelque chose en elle qui la poussait à garder une certaine distance, à ne pas se laisser submerger par ses sentiments, surtout envers Roche. Ils travaillaient ensemble, et elle ne pouvait pas se permettre de laisser leurs émotions compliquer davantage la situation.

- « Je sais, » répondit-elle finalement, avec un léger sourire. « Mais nous avons une enquête à résoudre. »

Roche hocha la tête, compréhensif, mais elle pouvait voir qu'il n'était pas totalement convaincu. Avant qu'il ne puisse dire autre chose, le téléphone de Cassandre sonna, brisant l'instant.

- « Cassandre, » répondit-elle en décrochant.

- « Commissaire, c'est le légiste, » annonça la voix à l'autre bout du fil. « Nous avons les résultats préliminaires. Vous devriez venir voir ça de vos propres yeux. C'est... inhabituel ! »

Le ton du médecin laissait entrevoir une découverte surprenante, peut-être même troublante. Cassandre sentit une nouvelle vague de tension monter en elle, mais elle resta calme. Elle jeta un coup d'œil à Roche, qui avait visiblement compris que quelque chose d'important venait d'être révélé.