La Rencontre de l'Ombre

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Léa traversait les rues désertes de la ville comme une ombre en quête de réconfort. Le crépuscule étendait son voile d'ombre sur les façades des immeubles, et les rares passants se hâtaient de rentrer chez eux. Les lumières blafardes des lampadaires se reflétaient dans les flaques d'eau, créant un jeu de lumières sinistre qui accentuait l'atmosphère morose.

Elle avait quitté son appartement avec la détermination d'une fuite, cherchant à échapper au poids écrasant des derniers mois. Les échecs professionnels, les déceptions personnelles et une solitude omniprésente semblaient s'être amalgamés en un poids insupportable. Sa décision était impulsive, mais parfois, c'était dans ces moments de désespoir que l'on prenait les décisions les plus décisives.

En passant devant un café aux vitres teintées, elle s'arrêta un instant, attirée par la lumière chaleureuse qui fuyait à travers les rideaux en velours. Elle hésita, puis entra. À l'intérieur, l'air était chaud et empreint de l'arôme apaisant du café fraîchement moulu. Elle se dirigea vers le comptoir, l'esprit encore tourmenté.

C'est alors qu'elle le vit. Assis seul dans un coin sombre du café, un homme lisait un livre avec une concentration qui semblait presque féroce. Sa présence était magnétique, et bien qu'il fût à une distance respectable, il semblait envahir l'espace. Ses cheveux noirs et en désordre et son regard intense dégageaient une aura à la fois séduisante et inquiétante.

Léa prit place à une table voisine, ne pouvant détacher ses yeux de lui. Il leva la tête brièvement, ses yeux croisant les siens avant de se détourner. Un frisson parcourut son échine. Le contact avait été bref, mais il avait suffi pour éveiller une curiosité inexplicable.

Quand le serveur lui apporta son café, Léa se rendit compte qu'elle avait perdu la notion du temps. L'homme se leva, referma son livre avec un claquement sec et se dirigea vers la sortie. Ses mouvements étaient fluides, presque dangereux. Léa hésita, puis se leva précipitamment pour le suivre.

Dans la rue, la nuit était encore plus oppressante, avec des ombres qui dansaient autour des lampadaires vacillants. Léa tenta de maintenir une distance respectable, mais chaque fois qu'elle pensait avoir perdu sa trace, une silhouette familière se dessinait devant elle. Finalement, ils arrivèrent devant un vieil immeuble dont la façade décrépite contrastait vivement avec la propreté du quartier.

Il entra dans l'immeuble sans se retourner. Léa se retrouva face à la porte en bois usée, hésitant. Quelque chose dans le regard de cet homme, ou peut-être dans l'aura de mystère qui l'entourait, l'incitait à franchir le seuil. Elle prit une grande respiration et poussa la porte.

À l'intérieur, l'obscurité était presque totale. Léa avança lentement, ses pas résonnant sur le sol en béton. Le bâtiment semblait désert, sauf pour une lueur vacillante provenant d'un escalier en colimaçon. L'homme était en haut, la silhouette se découpant faiblement contre le mur. Elle le suivit, les bruits de ses pas s'amplifiant dans l'écho du lieu.

Quand elle atteignit le dernier étage, elle découvrit une porte entrouverte avec une lumière tamisée filtrant à travers. Elle hésita encore un instant, puis poussa la porte. À l'intérieur, elle découvrit un petit appartement décoré de manière éclectique, avec des livres empilés et des œuvres d'art étranges accrochées aux murs.

L'homme se tenait près de la fenêtre, le dos tourné. Léa sentit une étrange sensation de vulnérabilité et de fascination. Il se retourna lentement, son regard se posant sur elle avec une intensité qui la fit frissonner.

« Pourquoi êtes-vous ici ? » demanda-t-il, sa voix basse et mélancolique résonnant dans la pièce.

Léa chercha ses mots. « Je... Je ne sais pas. Je vous ai suivi. Je... »

Il la regarda en silence, comme s'il essayait de sonder ses intentions. Puis il se détourna, comme si cette rencontre était la dernière chose qu'il souhaitait.

« Je ne suis pas une compagnie pour quelqu'un dans votre état », dit-il finalement. « Vous feriez mieux de rentrer chez vous. »

Léa se sentit blessée par son rejet, mais elle ne pouvait pas reculer maintenant. Elle avança encore un pas. « Et si je refuse de partir ? »

Un silence lourd emplit la pièce. L'homme sembla peser ses mots avant de répondre. « Vous pourriez vous retrouver dans un piège bien plus complexe que vous ne l'imaginez. »

La porte se referma derrière elle avec un bruit sourd, laissant Léa dans la pénombre, le cœur battant la chamade. Ce que cet homme représentait, elle l'ignorait encore, mais une chose était certaine : elle venait de franchir un seuil, et il n'y avait pas de retour en arrière.

Le Piège du Désir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant