Chapitre 5

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Gabriel 🎀

Le premier débat se termine. En conclusion, le ton n'est pas trop monté, le débat a été assez clair, les idées se sont bien enchaînées. J'ai pu exprimer les projets et mes opinions convenablement, Bardella a pu faire de même. Certes dans un un temps assez court mais globalement constructif. Je retiens un ensemble assez positif pour ce premier débat.

Un technicien enlève mon micro, je sors du plateau tandis que la présentatrice reprend le cours de son émission.

Jordan Bardella a subi le même processus de fin de débat. Dans les coulisses, je l'aperçois derrière moi près à retourner en loge.

-C'était court...mais on se reverra, j'affirme d'une voix presque trop dramatique pour la situation.

Il ne me répond que d'un sourire éclatant avant de me suivre en direction des couloirs.

Nos chemins se séparent quand chacun se rend dans sa loge respective.

Arrivée dans la mienne, je m'affale sur le sofa avant de déboutonner le bouton de ma chemise et desserré ce satané nœud de cravate.

Mon téléphone se met à vibrer.

Je demande gentiment à mon équipe de quitter la pièce en quête d'un peu d'intimité.

-Maman ?

-Tu t'es bien débrouillé mon grand, t'as bien répondu. L'autre, il n'as fait que te couper la parole, t'as bien fait de le reprendre. Je souris amusé, Au fait, tu passes bientôt à la maison ?

-Euh.... Je sais pas, j'ai encore beaucoup de travail cette semaine. Je te préviens quand je peux me libérer.

Son léger silence m'arrache le cœur. J'ai toujours été très proche de ma mère. Le fils à sa maman. Alors manquer une occasion de la voir me fait toujours un petit pincement.

-D'accord mon chéri, j'entends une pointe de déception dans sa voix, prends soin de toi. Et dort Gabriel, tu en as besoin !! Elle hurle presque sur son téléphone.

Je rigole, lui dit au revoir chaleureusement et raccroche. J'ai à peine le temps de poser mon téléphone qu'un bruit retentit dans toute la pièce. J'ai un sursaut en entendant une nouvelle fois le bruit que j'identifie comme quelqu'un qui toque à la porte.

Après un long soupir, et un effort considérable pour me lever, je me dirige vers la porte, agacé d'être encore dérangé alors que je voulais juste me reposer un peu. Non sans un juron, j'ouvre brusquement la porte.

Ma surprise est immense quand je découvre la personne en face de moi.

-Qu'est ce que vous faites là vous ?

Jordan Bardella de son imposante silhouette se tient devant moi. D'un air un peu gêné, les lèvres pincées, il demande:

-Excusez moi, vous n'aurez pas une cigarette par hasard ?

Surpris par cette question d'une telle banalité, instinctivement mes sourcils se froncent.

-Je ne fume pas, je réponds froidement.

-Cigarettes électroniques ? Insista mon adversaire.

Ma mâchoire se crispe, irritée par un dérangement évitable. Il n'aurait pas pu demander à quelqu'un d'autre ? Je doute qu' aucun des membres de son équipe est une cigarette.  J'hésite un instant. Mais son insistance du regard, m'oblige à tourner les talons et à fouiller dans mon sac. Je sens toujours son regard curieux sur ma personne.

-Tenez, je lui tend une recharge en revenant au pied de la porte.

Un large sourire s'affiche sur le visage du politicien quand il me prend l'objet des mains. Avant de partir, il ajoute:

-Pardonnez-moi encore pour le dérangement. Effectivement vous avez besoin de repos.

Je reste bouche bée alors qu'il disparaît déjà dans les couloirs. Je referme lentement la porte encore confus de sa dernière phrase. Est ce simplement une coïncidence ou a t-il vraiment écouté la conversation ?

Ou mes cernes sont tellement présentes qu'on ne peut s'empêcher de me le faire remarquer ? Je serre le point, méprisant davantage de jour en jour mon opposé.

••••••

Les images qui défilent sur le téléviseur sont seules sources de lumière dans la chambre . Mes pensées ne cessent pas, en continu je ressasse la journée qui est passée . Tous les soirs c'est la même routine: Stéphane, sa tête sur mon torse, à moitié endormie, ma main parcourant ses cheveux. Tandis que je l'observe envieux.

Envieux de sa capacité à déconnecter du travail dès lors qu'il franchit le seuil de notre appartement.

Alors que moi je ne peux pas m'empêcher d'analyser chaque mots que j'ai pu dire, chaque geste que j'ai pu faire.

Et si j'avais agi autrement dans cette situation ? Et si j'avais dit autre chose ? J'aurai du dire autre chose.

Inattendu, pas tellement Où les histoires vivent. Découvrez maintenant