Chapitre 4

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J'accompagne Ezra et Darren jusqu'à la maison de Maria et Nathan. Ezra met le doigt en direction de la sonnette. Je l'arrête en posant ma main délicatement sur la sienne afin d'éviter que son doigt touche le bouton blanc. 

— Il y a des horaires ! C'est assez complexe de donner une explication, mais à certaines heures, il ne tolère pas le bruit de la sonnette.

Je tape sur la porte d'entrée d'un rouge foncé avec la peinture écaillée, tout comme les volets. Les murs sont beiges avec des traces noirâtres causées par de la moisissure et de la saleté.

— Maria !C'est Daria !

Elle ouvre la porte et nous apercevons son visage épuisé, ses boucles blondes ternes. Elle écarquille les yeux et j'entrevois la peur dans ses yeux quand elle réalise la présence d'Ezra.

— Maria, n'aie aucune inquiétude. Ezra est simplement là pour voir Nathan afin qu'il puisse rester ici avec toi.

Je dévisage Ezra qui opine de la tête et Maria nous laisse pénétrer dans son petit salon, orné de meubles anciens et au parquet entièrement endommagé qui était l'apanage de sa vie antérieure. Darren est resté devant la maison. Nathan est renfermé sur lui-même et chuchote sans que l'on puisse saisir ses paroles, tout en se pinçant les bras. Je m'approche de lui et je pose mes mains sur les siennes. Il me regarde, apeurer par la situation, et il cesse de se pincer. Ezra souhaite prendre place au côté de Nathan sur le canapé marron aussi usé que les autres meubles et je secoue la tête en signe de refus. Je lui montre la cuisine afin qu'il y aille et il y va sans aucun commentaire, bien qu'il n'ait pas l'habitude de recevoir des ordres. Pour la première fois, je ne le considère pas comme un tyran.

— Nathan, Ezra Sun est là. Son rôle n'est pas de te faire partir, mais de te faire rester. Est-ce que tu veux le voir ?

— Il ne me fera pas de mal ?

— Non, il ne te fera pas de mal, personne ne te fera de mal tant que je suis là. Je t'en fais la promesse !

— Alors oui.

Après qu'il a hoché la tête, je me lève et je vais rejoindre Ezra dans la petite cuisine en bois délabrée des années trente.

— Vous pouvez venir, mais il existe des règles à respecter. Il est nécessaire que vous lui parliez à sa hauteur, sans être trop éloigné ou trop près de lui. Surtout, ne le touchez pas !

— Vous y parvenez ?

— Je suis une exception. Je suis la seule qui parvienne à le calmer, nous avons grandi ensemble et nous n'avons que six mois d'écart. Et une dernière chose, ne le vouvoyez pas, il n'aime pas ça !

— D'accord, je vais faire tout mon possible pour qu'il se sente à l'aise.

— Bien, suivez-moi.

Nous sortons de la cuisine et il s'assoit au sol en tailleur tout en le regardant, pas comme si c'était une bête de foire, mais comme quelqu'un de normal et pour la première fois, je l'apprécie. Ils se fixent mutuellement et Nathan se montre particulièrement calme et apaisé. Il est vêtu d'un jogging bleu foncé avec un sweat et des chaussures de la même couleur. Il s'habille toujours d'une seule couleur, il est mince et ses cheveux bruns sont décoiffés, comme s'il avait tenté de les arracher, ce qui est très probable.

— Quels sont tes loisirs dans la vie, Nathan ?

— J'aime classer les gens...Bafouille-t-il comme toujours quand il est en présence d'inconnus. D'après sa mère, c'est dû au stress, mais cette fois-ci, il n'a pas l'air stressé.

Les âmes perpétuelles : Le reflet de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant