Chapitre 6

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Ce matin, les coqs m’ont réveillée, je me suis endormie en versant des larmes. Je n’ai pas pris de repas de la journée, étant que la situation me pèse et me fait atrocement mal au ventre. Ce soir, je vais devoir me forcer pour ne pas faire de malaise. Avant que la tempête fasse son apparition, je poursuis le travail de la veille et je range les bottes de paille pour éviter qu’elles soient abîmées. J’entends des pas et je vois Émeric vêtu des vêtements de la veille. J'ai passé une longue journée à attendre son retour, et comme d'habitude, je me suis noyé dans le travail pour penser à autre chose.

—   Émeric, est-ce qu'on peut discuter ?

—   J’ai du boulot !

Je souffle, exaspéré par ses réactions infantiles. Son t-shirt blanc est couvert de boue, tout comme son jean noir. Je me demande encore une fois où il a été, mais comme d’habitude et pour une raison inconnue, je ne demande rien. Il se dirige vers l’escalier menant au bureau. Il est le seul à y accéder, anciennement sa chambre. C’est le seul qui aime la gestion des documents et avec nos parents, nous lui faisons suffisamment confiance. Il se trouve au sommet de l’escalier, tandis que je suis en bas. Même s’il compte me faire payer le baiser d’Ezra, je n’ai pas l’intention de le laisser fuir cette fois-ci et surtout de le laisser croire que j’ai fauté, ce n’est pas dans ma nature d’être infidèle.

— Écoute Émeric, il ne sait rien passer, tu dois me faire…

—   Confiance ? Vraiment, Daria ! J’ai remarqué comment vous vous regardez tous les deux depuis la première fois qu’il est venu ici ! Ça ne t’a absolument pas dérangée qu’il te touche comme je l’avais fait plutôt ! J’ai revu votre complicité dans la chambre. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas, Daria, et ça, je le comprends absolument. Votre complicité est intense, je refuse de m’y mettre au milieu… surtout que tu me fuis depuis qu’il est entré dans ta vie et ne me dis pas que c’est dû au stress du recensement qui approche !

Je suis étonnée par ses paroles, car elles ne lui ressemblent en aucun cas. Il est plus du genre à faire le gros dur.

—   Attends, tu ne vas pas penser toi aussi que je suis Oprah ? Et tu es parfaitement au courant de mes sentiments à son égard ! Je le déteste !

Je refuse d’affirmer à voix haute ou de mentir au sujet que je le fuis, car depuis qu’Ezra est entré dans ma vie, c’est la réalité. Je ne le prends plus dans mes bras et j’esquive comme je peux nos moments intimes.

—   Hier, tu ne le détestais pas dans notre chambre et tu étais son Oprah, même si tu ne veux pas y croire !

Tout le monde le répète et cela devient de plus en plus lassant. Dans quelques jours, j’aurai vingt-cinq ans, le jour du recensement. Tandis qu’Ezra a trente-cinq ans, donc nous avons dix ans d’écart. Si nous étions des âmes sœurs, ce qui n’est pas le cas, la différence d’âge ne serait pas problématique dans ce cas. Tant que ce sont des âmes sœurs, cela n’est pas vu d'un mauvais œil, et même pour les couples d’âmes sœurs qui ont trente ans d’écart, voire plus.

—   Sauf qu’il ne sait rien passer dans notre chambre, Émeric. Tu n’as pas confiance en moi ?

—   Nous deux, c’est terminé, Daria. Je vais rester là, évidemment, pour tes parents.

Il ouvre la porte et il pénètre dans le bureau. Je fixe la porte fermée. Jamais je n'aurais imaginé que cela aurait été la fin pour nous. Je suis sous le choc. Je ne comprends pas comment il peut ne pas avoir confiance en moi. Je regarde ma montre et il est déjà dix-huit heures. La journée s'est écoulée rapidement. Mes parents sont partis pour la première fois depuis ma naissance dans un autre pays. Les larmes coulent toutes seules, je me suis donné à lui, j’ai accepté et toléré de nombreuses choses que je n’aurais probablement pas dues, et j’ai vraiment cru en nous, bien que nous ne soyons pas forcément des âmes sœurs pour la société. Et lui, il jette nos neuf ans d’amour de cette manière, comme si nous n'avions vécu qu'une simple amourette. Je me sens trahi par lui en raison de toutes ses promesses qu’il envoie en l’air. Comme si Ezra Sun n’en avait pas fait assez, tout ce qu’il touche, il le détruit ! Je le déteste plus que tout et je ne souhaite plus le voir ! Au fil des jours, je me rapproche de la date fatidique du recensement, ce qui accroît mon stress. J’entends un bruit de voiture, aujourd’hui ça devrait être calme, car les livraisons ont été effectuées hier matin. J’essuie mes larmes et je sors de la grange et je remarque encore ce foutu SUV que je commence à bien connaître, accompagnée de deux autres qui suivent. Ezra sort du côté passager du premier SUV comme si de rien n’était, ce qui me fait bouillir intérieurement et ses gardes du corps sortent à leur tour de la même voiture. Le temps est sombre, l’orage ne tardera pas à se manifester.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 27 ⏰

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Les âmes perpétuelles : Le reflet de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant