Chapitre 3

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"Dieu m'est apparu en enfer. Un enfer de métal et d'acier ou des jeunes hommes rasés s'entretuaient. J'étais assis sur ma couchette dans le dortoir du régiment, quand il est apparu sur le mur. Une figure se mouvant, flottant dans l'air. Elle me parlait. J'ai hurlé, hurlé jusqu'à ce que ces pêcheurs m'assomment pour me faire taire. Dieu était là, il nous punirait pour tous nos crimes."


— ELISE était partie seule, sa sœur avait encore du travail, rentrait chaque soir plus épuisée que la veille. Comme une lente décrépitude, qui s'effaçait instantanément à chaque fois qu'elle partageait un repas avec elle. Elle n'en parlait pas mais, en adolescente curieuse, Elise savait. Elle savait par les vents au collège ce qu'il se passait tout autour d'elle. L'Illuminé, le Prophète, les 7 Martyrs.. Et évidement revenait la question de la sorcellerie dans chaque discussion, puis les regards se tournaient vers elle, mêlé de dégoût et d'intrigue "Tu le connais ? Tu sais qui c'est ?". Au cours des derniers jours elle avait eu quelques messages de temps à autre, "Sorcière on va te gazer, retourne en enfer".

Elle avait 20 minutes de trajet à pied habituellement depuis la périphérie de Migennes jusqu'au collège Paul Fourrey, elle les faisait maintenant en 10. Eléonore était partie tôt le matin, rentrera sûrement tard le soir. Depuis quelques jours, elle l'a laissait aller seule, plutôt que de sécher l'école, mais à la seule condition qu'Elise s'y rendre accompagnée d'une amie. Elle avait hoché la tête "Oui oui !", ne lui avouant pas qu'elle n'avait pas réellement d'amies.

Elle regardait le sol, comme on lui avait dit. Elle voyait en périphérie chaque matin la même mère bulgare, brouette à la main et suivie de ses 5 à 9 gosses — il était difficile de savoir à combien de membres cette famille s'élevait — mal-fagottés et aux attitudes animales et à la peau crouille. Ce genre de vision était habituelle ici.

Elle changeait de musique sur son téléphone en passant sur le pont des rails, ou elle voyait passer en dessous tous ses trains. Ceux qui allaient elle ne savait ou, surement à des lieux plus beaux, moins minable, moins qu'ici, loin d'ici, très loin. Une voiture passa et ralentit à son niveau, elle n'osa pas regarder au début, se souvenant ce qu'on lui avait dit "Tu ignores, et si ils insistent, tu cries." Elle tourna la tête et vit la voiture blanche avec la banderole bleue "Police Municipale" et se sentit un peu bête. L'homme ouvrit sa fenêtre et lui demanda avec une voix sympathique, presque charmeuse:

- Elise c'est ça ? — elle hocha la tête, figée comme un gibier — Ta sœur m'a demandé de t'emmener, c'est plus sûr en ce moment. Allez montes.

Elle alla pour aller sur le siège passager, l'homme fit non de la tête et lui indiqua de s'asseoir à l'arrière. Elle s'exécuta et il continua la route.

Elle était installée à sa droite sur la banquette arrière, une grille la séparait du conducteur, dont elle n'avait qu'entre-aperçu le visage. Il était très silencieux et calme, comme la plupart des flics, on lui avait juste demandé une tâche additionnelle à son boulot habituel. En passant dans le centre et la grande avenue, elle voyait ses autres camarades, priait pour que eux ne la voient pas et se cachait dans sa capuche.

- Ah oui, ça doit être compliqué d'avoir un flic qui te dépose pas vrai ? Elle ne voyait que ses yeux tombants et ses sourcils durs dans le rétroviseur. Ils étaient passés devant le Aldi, il ne restait qu'une cinquantaine de mètres. Il ralentissait quelque peu.

- Oui, mais ça va..

Ses yeux devinrent plus neutres. Il tentait de trouver le moindre sujet de discussion, pour une raison qu'elle ignorait.

- Mhh, ils t'en parlent à l'école, de ce qu'il se passe en ce moment ?

- Euh.. Non, enfin, si quelques élèves.

Le Chant des Sigils (Thriller psychologique)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant