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Le lendemain matin, dans un café près de la Sorbonne.

Assise à ma table habituelle, j'observais distraitement la pluie qui continuait de tomber à l'extérieur. J'avais commandé un café noir pour me réveiller, mais mes pensées étaient encore embrouillées par les événements de la veille. Ce mystérieux inconnu et sa présence troublante me hantaient. Je n'arrivais pas à me sortir de la tête ses yeux, ce regard intense qui semblait avoir percé mon âme.

Je devais me concentrer. Les études de droit ne laissaient pas de place pour les distractions, surtout pas en première année. Mais chaque fois que je me forçais à lire mes notes, mon esprit dérivait inévitablement vers cet homme. Qui était-il ? Pourquoi m'avait-il affectée ainsi ?

Mon téléphone vibra soudainement sur la table, me ramenant à la réalité. C'était Layla , ma sœur jumelle. Elle avait le don de sentir quand quelque chose n'allait pas, même sans que je dise un mot.

« Salut, Lay' ! T'as l'air perdue dans tes pensées. Tout va bien ? »

Sa voix à l'autre bout du fil était enjouée, contrastant avec mon humeur morose. Je soupirai légèrement avant de lui répondre.

« Salut, Layla.Oui, ça va... Enfin, je pense. Juste un peu fatiguée. »

« Tu es sûre que c'est juste ça ? » demanda-t-elle, sa voix teintée d'inquiétude. « Tu sais que tu peux tout me dire, hein ? »

Je savais que je pouvais lui parler de tout, mais je n'étais pas encore prête à lui raconter cette rencontre étrange. Pas tant que je n'aurais pas moi-même compris ce que cela signifiait.

« Oui, c'est juste ça. » Je tentai de la rassurer. « On se voit ce soir ? »

« Bien sûr ! Je te rejoins à l'appartement vers 19h. On commandera quelque chose, et on pourra parler de tout ce que tu veux, d'accord ? »

« D'accord, à ce soir alors. » Je souris malgré moi. Layla avait ce don de me réconforter, même à distance.

Après avoir raccroché, je repris une gorgée de mon café, essayant de me remettre dans mes révisions. Mais à peine avais-je reposé ma tasse qu'une présence familière attira mon attention. Cette sensation étrange, cette tension dans l'air... Je levai les yeux et le vis.

L'homme de la veille venait d'entrer dans le café.

Mon cœur se mit à battre plus vite. Il ne m'avait pas encore vue. Il se dirigea vers le comptoir, où il commanda quelque chose. J'observais chacun de ses gestes, incapable de détourner le regard. Il semblait parfaitement à l'aise, comme s'il venait souvent ici.

Alors qu'il attendait sa commande, son regard se posa soudainement sur moi. Pour un instant, le temps sembla s'arrêter. Nos yeux se croisèrent de nouveau, et cette même intensité me traversa. Il ne semblait pas surpris de me voir, comme s'il s'attendait à me retrouver ici.

Sans même réfléchir, je pris mon sac et me levai brusquement pour sortir. L'idée de rester dans le même espace que lui me rendait nerveuse, comme si je craignais ce qu'il pourrait dire ou faire. Mais à peine avais-je atteint la porte que j'entendis sa voix derrière moi.

« Attendez ! »

Je m'arrêtai, incapable de continuer, mon cœur battant à tout rompre. Pourquoi cette rencontre me perturbait-elle autant ? Je me tournai lentement, et il se tenait là, à quelques pas, son regard toujours aussi perçant.

« Je suis désolé si je vous ai effrayée hier soir », dit-il calmement, sans faire un geste pour réduire la distance entre nous. « Ce n'était pas mon intention. »

Les ombres de paris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant