LOCATELLI (EN PAUSE PENDANT QUELQUE TEMPS)

00-𝙿𝚛𝚘𝚕𝚘𝚐𝚞𝚎

À toutes ces personnes qui ont cru que changer physiquement allait tout arranger.

Rome, 20 h 24

- Tu finis de ranger les mannequins de couture et moi, je m'occupe de ranger les appareils photos. La voix de ma meilleure amie qui me donne des instructions se fond dans le décor. Je suis épuisée, je pourrais même m'endormir sur le plan de travail si je le pouvais, mais malheureusement pour moi, il me reste encore à nettoyer et ranger tout le matériel que nous avons utilisé aujourd'hui. De nouvelles clientes sont arrivées cet après-midi à l'entreprise, elles se sont montrées plus qu'exigeantes envers moi et mes collègues. " J'aimerais une tenue qui fait chic, mais pas trop non plus " " Prenez-moi en photo de plus près, on ne me voit pas du bon profil " Face à ça je dois rester professionnelle, mais des fois, je n'ai qu'une envie, c'est de leur envoyer mes aiguilles de coutures et mon appareil photo dans la tronche, je m'abstiens très vite quand je me rappelle le prix qu'ils coûtent.

- Nic, tu m'écoutes ? Nic ! Sa petite voix aiguë et autoritaire me fait tirer de mes pensées. J'enlève mon bras qui soutient ma tête et le laisse tomber sur le plan de travail.

- Mhh, oui ? Qu'est-ce que tu m'as dit ? Désolée, j'étais dans les vapes...

Elle croise les bras, mécontente et me regarde avec un ton accusateur.

- Dit donc ma belle, Ilario et toi vous vous êtes bien amusés cette nuit ! Elle me donne trois coups de coudes avec un grand sourire. Elle ne se cache jamais pour dire ce genre de choses, c'est ça que j'aime chez elle. Sa nature à balancer toutes les choses qui lui passent par la tête.

Un rire timide s'échappe de ma bouche.

- Non, en vrai. Il y a ces images qui me reviennent dans la tête depuis que j'ai... J'ai écrasé ce mec sur la route. Je n'arrête pas d'y penser, je n'arrête pas de me dire. " Est-ce qu'il est vivant", si oui est-ce qu'il a vu mon visage quand je l'ai percuté ou alors s'il est mort, est-ce qu'il a souffert ? Est-ce qu...

- Eh, Nic ! Elle me secoue la main. Ce n'était pas intentionnel ?

Je réfléchis un instant avant de rétorquer :

- Non, non, bien sûr que non ! C'est juste, que, je ne sais pas ç...

Elle lève les bras au ciel avant de m'interrompre :

- Hé ben voilà ! Elle me caresse l'épaule avant de continuer. Tu n'as aucune raison de t'en faire, Nicole ! Je souris et pose ma tête sur son épaule. J'adore la manière dont elle me rassure à chaque fois, c'est limite entre l'engueulade et la consolation, mais bon au fils des années, j'ai fini par m'y faire !

- Merci... Lui chuchotais-je à l'oreille.

Son regard change et devient jugeur.

- Toi, tu me caches quelque chose ! Tu es sûr que ça va ? Je ne comprends pas sa question alors mes sourcils se froncent.

- Oui !!! Ne t'inquiète pas !! C'est juste que les clientes de tout à l'heure m'ont irritée !

Un souffle s'échappe de sa bouche. Je sais que je t'énerve Pia, mais je t'aime quand même.

- Sérieusement ? Tu es toujours sur ça ?!

- Oui ! Elles m'ont parlée comme de la merde et aussi, j'ai dû coudre de la soie et tu sais à quel point c'est compliqué ! L'aiguille rentre trop facilement dans le tissu et ça coud mal !