Ce matin-là était un de ses réveils dans lesquels on n'avait pas vraiment envie de sortir du lit, où la chaleur réconfortante de la couverture nous rappelait dans le monde des rêves, et que, lorsque le réveil sonne encore et encore, on finit par se lever lentement, la tête dans les nuages. Lorsque je suis descendue de mon immeuble de 4 étages prête, je me suis rendue compte que j'avais oublié mon casque. Fuck. Je remonte aussi lentement qu'un escargot qui voulait traverser la rue. Impossible pour moi de commencer la journée sans musique et tant pis si j'arrive en retard.
Mes rêves m'avaient hanté toute la nuit et j'ai passé une sale nuit. En prime, je ne m'étais pas remis de ma cuite de l'autre fois.
Je me raccrochais à ce souvenir de la veille, j'avais discuté avec ce garçon hier soir par message. Il avait répondu à mon message de remerciement par un fantôme que j'avais spammé par la suite. On avait commencé une minibagarre, puis ça, c'était fini en conversation basique, mais drôle.
J'empoigne mon casque, allume "Oblivion" de Royal Blood et repart en direction du bus.
On ne le dirait pas au premier abord, mais je suis une fille vraiment sociable. La plupart des gens qui me voient en cours m'imagine sérieuse, geek et introvertie. Tout ça parce que je reste un minimum concentré en classe et que je joue à des jeux vidéos. Ce n'est pas normal pour une fille d'aimer prendre une manette en main ? Pourtant, si. Il y a beaucoup de filles de ma classe qui disent :« Moi les jeux vidéo c'est pas pour moi. » Néanmoins, parfois, les histoires sont dix fois meilleures que dans les séries ou les films. Et le plus magique, c'est que tu as l'impression de les vivre.
Bref, non, je ne suis rien de tout ça. Je suis hyper bavarde et sympathique quand on me parle. Mon défaut ? Je m'attache vite aux gens. La seule psy que j'ai vu attribue ça à de l'hypersensibilité. J'ai la capacité de m'imprégner du caractère de la personne, de le deviner, de m'en adapter facilement. Je suis toujours à l'écoute et ça, les gens aiment bien. Tout le monde veut être écouté. Combien de fois dans une discussion, on rapporte ce qu'un autre dit à son expérience personnelle ? «Moi, j'ai fait ci ou j'ai eu aussi ça. » Tout simplement parce que c'est le propre de l'humain. Les débats et les disputes naissent de ça. « J'ai vécu, donc je sais. » Mais très peu se disent : «Il a vécu, donc je ne sais pas. »
Une fois, j'ai discuté avec mon père sur la transidité. Tout ça parce que je jouais à "Telle me why". Au passage, très bon jeu. Il ne comprenait pas pourquoi un homme ou une femme souhaitait changer de genre. Il ne leur crachait pas dessus, mais ne voyait pas l'intérêt. Je lui ai expliqué calmement le pourquoi du comment. Je lui ai aussi dit que c'était un problème de génération et que c'était normal qu'il ne voyait pas l'intérêt. Pour lui, il a été élevé dans une époque où c'était mal vu, où on ne l'a pas éduqué sur ce sujet. Nous si, c'est donc plus facile pour notre génération de comprendre et d'accepter ça plutôt que la sienne.
Bip bip, alors que mes pensées divaguent contre la grande vitre du bus, je reçois un message de Dylan. Je lui dis que finalement, je ne passerai pas au café ce matin, car j'étais à la bourre.
"Hanw, dommage, ça aurait cool de te revoir."
Je ris un peu. Je pense que je me suis fait un ami. Il avait un sacré humour. Dire que tout ça est parti d'un petit fantôme. La vie est parfois étrange.
"Ouais, j'ai cours d'histoire de la littérature. Aled."
"Bonne chance."
Je me dirige doucement vers la salle, mes écouteurs aux oreilles. Je suis entrée dans ce cours assez long et ennuyeux à mourir. J'ai passé mon temps à écrire mon livre. Je n'arrivais pas à me concentrer. En sortant, je reçois un message.
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Le fil rouge du destin
RomanceAlors que le soir tombe, Anya voit un jour le monde s'écrouler autour d'elle, perdant peu à peu confiance en ce qu'elle était. Elle décide de s'enfermer dans son monde à elle, là où elle peut s'éloigner de ses peurs. Jusqu'à ce que...