Les Cendres Du Cœur : Tome 1 - Sous Contrôle

Chapitre Onze

Point de vue Héloïse

Mon téléphone sonne. Nathan. Mon cœur se serre et je prends mon téléphone pour décrocher.

— Je t’ai dit de ne pas m’appeler… dis-je à Nathan.

Heureusement que Théo n’est pas là, il est chez un de ses copains ce vendredi soir.

— Je sais… Mais je voulais te parler.
Sa voix est pâteuse, je soupire.
— Tu as bu ? lui demandai-je.
— Un peu… Mais y’avait mon frère…

Je soupire de nouveau en me redressant difficilement dans mon lit. Je me mords les lèvres pour étouffer un gémissement de douleur.

— Tu voulais me parler de quoi ?
— Je ne sais plus. Je voulais juste entendre ta voix. J’aime te parler…
— Tu sais que je…
— Oui mais là tu as répondu donc tu pouvais m’appeler et tu ne l’as pas fait.
— Parce que je savais que tu étais avec ton frère.
— Je te l’avais dit ?
— Oui Nathan. Hier soir quand je t’ai appelé.
— Et tu as pleuré mais sans me dire pourquoi.
— Oui…

Je me mords les lèvres pour ne pas pleurer à nouveau. La seule chose de bien qui m’est arrivée hier c’est d’avoir eu Nathan au téléphone. Théo n’est pas rentré après son coup de folie et il a fermé la porte à clé en emportant mon double de clé avec lui. Cela faisait vingt-quatre heures que j’étais enfermée chez moi, pouvant bouger à peine.

— Tu ne me diras jamais pourquoi, hein ?

Je sens dans sa voix que ce n’est pas un reproche. Il est juste résigné à ce que je ne lui donne aucune ou alors très peu de réponses. Je ferme les yeux un instant. Je ne pouvais pas lui dire ce qu’il se passait. Je ne devais pas l’impliquer dans cette histoire.

— Si tu pleures à cause de ton mec, tu devrais venir avec moi. Jamais je ne te ferais pleurer.

Je reste silencieuse. Si je parle, je risque de pleurer. Il faut qu’il se préoccupe de son frère, de son voyage, de ses projets. Je ne veux pas qu’il s’inquiète pour moi. Je veux son bonheur. Plus il sera loin de moi, plus il pourra être heureux.

— Héloïse ? Tu es là ?
— Mmh…
— Tu t’endors ?

Je me mords les lèvres en prenant une grande respiration. Même si je ne veux pas lui parler de Théo.

—  Non, je réfléchissais…
—  A quoi Joli Coeur ?

Je sens mon cœur s’affoler dans ma poitrine, une lueur d’espoir pointant le bout de son nez. Je ferme les yeux un instant, essayant de contrôler une montée de larmes. Je ne veux pas être celle qui gâche sa soirée avec son frère. Mais pourquoi m’appelait-il comme ça ? Non, je crois que je ne voulais pas savoir. Je sens des larmes couler le long de mes joues. Silencieuses. J’entends un raclement de gorge de l’autre côté du fil et j’en fais autant avant de murmurer :

— Rien d’important…

Je l’entends soupirer. Plus aucun de nous ne parle. On est juste là, à écouter la respiration de l’autre. Cela dure quelques minutes, mais c’est reposant. On n’a pas besoin d’échanger un mot pour se sentir bien avec l’autre. Finalement, il brise le silence quelques instants plus tard.

— Dors avec moi… Comme à l’hôtel où tu t’étais endormie sur moi. Tu te souviens ? Tes cheveux sentaient la pêche.
— Tu te souviens de l’odeur de mes cheveux ? m’étonnai-je.
— Bien sûr.