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Je me dirige vers mon atelier, j'ai mon petit sac sur le dos qui contient mon déjeuner même si je ne pense pas le manger car la vision de mon frère d'amourachant de sa compagne du jour reste imprimé sur ma rétine.
Je sors les clefs qui se trouvent dans ma poche droite arrière de mon pantalon mais lorsque je vais pour les faire entrer dans la serrure, une main arrive à toute vitesse et me retire ma clef de la main.
Martinez pose son dos contre le mur extérieur de mon atelier, sa caquette noire est à l'envers et il tient un cure-dent dans la bouche. Je le vois faire tourner les clefs dans sa main tandis qu'il me rit au visage.

- Tu m'as manqué hier soir, dit-il.

Disons le comme ça, Martinez n'est pas mon style, loin de là, mais je me sentais un peu seule... Du moins la première fois -et la seconde fois aussi. Oh et merde, la troisième fois aussi, sauf que maintenant, il pense que nous sommes ensembles et ça me dégoûte un peu.
Je me tourne dans sa direction, un sourire faux sur le visage tandis que je lève un sourcil.

- Je ne vois pas pourquoi, nous n'avions rien de prévus.

Martinez rit légèrement avant de baisser la tête. Il a le mérite d'être quelqu'un de gentil même s'il bosse pour un enculé.

- Il y avait le tournoi. Moi contre les mordeurs.

Et c'est moi qui ne peut retenir un rire de s'échapper de ma gorge. Je croise les bras contre ma poitrine tout en me retournant complètement dans sa direction.

- Il n'y a rien de gratifiant à te battre contre des mordeurs auxquels on a enlevé les dents, et qui sont attachés, Martinez.

Je n'ai jamais vu un aussi triste spectacle. Ils se servent de mordeurs, qui autrefois étaient des gens comme eux et moi, ça me dégoûte au plus haut point. Je ne peux m'empêcher de me demander si un jour ils ne vont pas amener quelqu'un que j'eusse connu et lui faire vivre le même enfer.
Je ne vais jamais à ce genre de rassemblement, je déteste tout ce qui touche de près ou de loin au Gouverneur de toute façon.
Le visage de Martinez se décompose pendant quelques secondes avant qu'il ne se reprenne et me colle les clefs contre la poitrine avec force -cela me fait reculer d'un pas, je peux également sentir l'emprunte de la clef se former sur ma peau.

- Tu ne sais pas ce qu'est le danger dans ce que je fais, Lydie.

Je lui ris au nez tout en commençant à ouvrir la porte de mon atelier.

- Quel danger ? Je te vois comme un vieux catcheur  de MMA, c'est que de la poudre aux yeux. Va poser ton cul dehors si tu veux du danger.

Je ne lui laisse pas la chance de répliquer, je m'engouffre dans mon atelier en prenant bien soin de refermer la porte derrière moi. Je souffle en fermant les yeux, le dos collé contre la paroi froide de la porte en fer. Ça devient de pire en pire quand il s'agit d'interaction sociale, je n'aime tout simplement pas cela -j'en viens d'ailleurs à me demander si je n'aurais pas mieux fait de vivre en ermite plutôt qu'à Woodbury. De toute façon, c'est beaucoup trop tard pour ce poser ce genre de question puisqu'une fois que l'on entre à Woodbury, on ne peut plus en sortir. Ils vous font croire que vous pouvez partir, mais ils trouvent toujours quelque chose à vous faire soit disant découvrir, je suis moi-même tombée dans le panneau à plusieurs reprise avant de m'en rendre compte.
Et oui, je ne suis pas le pingouin qui glisse le plus loin.
Je commence à sortir quelques tissus de mes armoires, les observant avec beaucoup d'attention. Comme je l'ai dis, je ne suis pas là plus fournie de toute la ville, et ceux tous marchands confondus, et quand je le suis, ce ne sont que des tissus de mauvaise qualité. Martinez m'a carrément rapporté une nappe, une fois -Je lui ai jeté à la gueule à la seconde même où cela avait atterri dans mes mains. Je veux bien créer des vêtements de toute pièce avec de la mauvaise qualité mais je tire un trait sur les matériaux n'étant pas destiné à cela dans un premier temps, par ailleurs je sais que des personnes ont mangés dessus, c'est juste dégoûtant.
Je tire la grimace tout en découpant un large morceau de tissus rouge pailletée avec minutie. Une de mes clientes souhaite une robe de cocktail... Je ne sais pas à quoi cela va servir, ni pourquoi elle aurait besoin d'une telle robe dans un tel monde que le nôtre, mais je ne suis pas payée à poser des questions.
Je me redresse en fronçant les sourcils tout en posant les ciseaux sur le côté.
En fait, je ne suis pas payée du tout. Quelle putain d'arnaque.
Alors que j'amène le pan de tissu sur mon atelier, on vient frapper à la porte et sans que je ne puisse accorder le droit à la personne d'entrer, elle le fait quand même.
Je déteste ça bordel.
Je crispe un sourire sur mon visage afin de paraître la plus agréable possible mais dans mon fort intérieur je me vois déjà enfoncer mes ciseaux dans la gorge de Milton, le scientifique chouchou du Gouverneur. Il a le visage nerveux et les yeux fuyants derrière des lunettes noires. J'ai l'infime conviction que je l'intimide et c'est tout à mon honneur, j'ai toujours aimé faire flipper les hommes dans son genre, ça me donne toujours une satisfaction, même si elle reste indéfiniment insatiable.
Milton s'avance tout en se raclant la gorge et en se prenant les mains.

- Lydie, je viens te voir sous ordre du Gouverneur. Il voudrait que-

- Non.

Je réponds froidement, un sourire scotché sur mon visage.
Je ne prends pas les demande du Gouverneur et il le sait pertinemment, pourtant, il prend bien soin de venir me demander chaque début de mois un costard comme si je travaillais chez Dolce&Gabanna.
Milton semble d'avantage nerveux à présent, je pourrais presque voir ses doigts trembler. Il finit par enfin me regarder droit dans les yeux.

- Il y a deux nouvelles, le Gouverneur voudrait simplement leur offrir une tenue ou deux, s'empresse-t-il de dire.

Je ricane avant de m'assoir sur le bord de mon établi, mes bras croisés contre moi poitrine et un sourcil relevé.

- Va dire à ton putain de maître que je l'aiderais pas à aveugler les nouvelles arrivantes, et préviens le également, que je ne me gênerais pas pour dire à ses filles tout ce que vous essayez de cacher.

Milton me regarde sans broncher alors je fais un signe de tête vers la porte afin de lui dire de dégager, ce qu'il comprend immédiatement car il court presque vers la porte qui est pourtant à portée de main, avant de sortir de mon atelier.
Je ne peux m'empêcher de ricaner à nouveau. Mon dieu, qu'est-ce que j'aime le faire flipper celui-là.

J'ai décidé de changer les chapitres concernant Lydie par rapport à la première version (oui je me souviens de tous les chapitres mdr), j'ai très envie de prendre mon temps sur le développement des personnages, ce que je n'ai pas fais sur ma première version.

Prochain chapitre: retour à la prison !

Clarissa 🤍

La Fille de Shane Walsh / Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant