Veuve Noire

39 4 0
                                    

Astoria


Le professeur McGonagall nous libère de son cours avec quelques minutes de retard et ça suffit à Pansy et ses copines pour se plaindre. Je les suis dans les couloirs, silencieuse, en direction de la bibliothèque. Je ne suis pas amie avec elles, loin de là. Je n'ai aucune amie. Je préfère de très loin la solitude. Mais elles partagent mon dortoir et je me dois d'avoir un minimum d'interaction sociale sous peine d'avoir mon chaperon sur le dos. Alors je supporte leurs plaintes et leurs voix de crécelle sans broncher. Je les suis partout comme leur ombre. Je fais semblant de m'intéresser à elles.

Faire semblant...

Milicent se met à glousser comme une idiote et je me tourne vers les garçons de l'équipe de Quidditch qui passent près de nous. Alors que les filles sont en pamoison devant eux, Marcus me fait un clin d'œil. Je grimace de dégoût. Deux billes noires aussi expressives que celles d'un Veaudelune, une dentition à faire pâlir Rusard et un faciès qui rendrait un Murlap presque sublime. Il se prend pour un bellâtre parce qu'il est capitaine et surtout bien plus âgé que nous. Mais il reste aussi laid que les crapauds dont nous récupérons les pustules lors des cours de potion. Et il est loin de mon standing d'homme. La progéniture illégitime entre un Bandimon et un Fangieux. Les filles continuent leur route en gloussant et je les regarde, blasée. Je suis tellement loin de tout ça, de ces émois adolescents qui m'horripilent plus qu'ils ne m'amusent. J'ai déjà passé un autre cap dont elles ignorent encore l'existence. Un secret que je conserve précieusement dans mes ténèbres...

Nous arrivons dans la bibliothèque et j'inspire un bon coup l'odeur de livres vieillis et de parchemins. Je regarde les étagères immenses remplis de tous livres possibles pour l'érudition dans le monde magique. Cela me rappelait les longues après-midis d'automne, dans notre bibliothèque, où Mère me contait les mythes et légendes de la Grèce Antique.

Quand le monstre ne s'était pas encore éveillé...

Nous nous asseyons à l'une des grandes tables en bois massif. C'est le moment où les potins et les rumeurs prennent forme. Je n'en prends pas part, mes yeux et mon esprit focalisés sur mon devoir de Défense contre les Forces du Mal. J'ai toujours douté de l'efficacité de ces cours. Apprendre des sortilèges pour soi-disant combattre les fameux mages noirs. Foutaises...

Peut-être parce qu'il est censé être utile pour vaincre ce qui se trouve chez moi ?

Je garde malgré tout une oreille attentive à leur discussion. Un nom connu ou une information importante pourrait sortir de leur bouche. Et j'en suis très friande. Certaines paroles peuvent être intéressantes pour qui sait s'en servir. Ce qui est, en toute modestie, l'une de mes plus grande qualité. Mon téléphone vibre et je jette un œil à la notification avec un petit sourire satisfait. Ma soirée promet d'être très intéressante...

Je passe les deux heures suivantes à disserter sur les strangulots sous la mélodie irritante de leurs piaillements avant de quitter finalement la bibliothèque pour rejoindre la Grande Salle et son banquet. Comme à chaque repas, je prends place à côté de ma grande sœur.

- Comment s'est déroulée ton après-midi, Astoria ?

Daphné avait toujours ce phrasé très particulier qui nous caractérise toutes deux. Une habitude qui a la vie dure. Je resserre le nœud en velours dans mes cheveux.

- Parfaitement bien. Des leçons très intéressantes.

Elle se contente d'hocher la tête et de commencer à manger. Les relations entre ma sœur et moi se résument à ça : s'échanger des banalités. Notre lien fraternel aurait pu être bien plus solide si elle avait fait les bons choix. Hélas, nous avons pris des chemins différents et moins elle en sait sur moi, mieux je me porte. Mon téléphone vibre à nouveau mais je ne réagis pas. S'il découvrait que je possédais cet invention moldue... Pire, s'il apprenait à quelles activités il me sert... Très vite, Daphné se focalise sur son repas et ses copines, Pansy et Milicent n'ont toujours pas réalisé que je les avais abandonnées en cours de route et je me retrouve seule.

Évanescente TentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant