Lucie, Pénélope, Florence

209 19 8
                                    


C'était une fin de journée plutôt calme au commissariat. Dans l'open space, Nicky et Jean Paul résumait leur entrevue avec la mère de Lucie et avec ses auxiliaires de vie. Malade depuis quelques années, elle avait encore quelques moments de lucidité mais de plus en plus rare. Les visites quotidiennes de sa fille l'aident à ne pas perdre pieds. La major avait retrouvé le casier de Lucie au centre équestre. Comme prévu, il n'y avait que quelques papiers, quelques photos. Florence leur résuma l'histoire que Lucie leur avait racontée. L'enquête était résolue, ils avaient retrouvé Lucie. Florence pris congé de l'équipe et alla dans son bureau. Il lui restait une dernière chose à faire, prévenir le procureur du résultat des investigations.

Elle entra dans son bureau, s'installa dans son fauteuil, regarda une dernière fois le dossier devant elle où se trouvait une photo de Lucie, prit une profonde inspiration et composa le numéro du tribunal

- Bonjour Monsieur le procureur, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle ... Le bonne? Nous avons retrouvé Lucie Lices.... Oui elle est en bonne santé et se trouve à l'association OSTARA actuellement ..... La mauvaise ? elle ne veut pas porter plainte contre son mari, j'ai pourtant essayer de la convaincre vous me connaissez Monsieur le Procureur je ne lâche pas l'affaire aussi facilement ... Oui monsieur le Procureur .... Je connais la loi aussi ... Je vais essayer de lui reparler demain mais je ne veux pas non plus la harceler, nous verrons bien .... Non nous n'avons pas prévenu le mari.... Non il ne nous a pas appelé de la journée ... Oui je trouve aussi mais bon ....vous êtes certain de ne pas vouloir quand même enclencher une procédure au moins pour la protéger ? .... Oui je sais que si elle ne porte pas plainte .... Mais on peut bien faire quelque chose non ? Notre travail n'est-il pas de protéger  ??? ..... Oui Monsieur le procureur .... Oui je comprends .... Bien ...Bonne soirée.

Elle raccrocha furieusement le téléphone. Elle avait déjà été frustrée par certaines enquêtes, mais aujourd'hui elle en ressentait une fatigue et une colère. Pourquoi cette femme ne voulait elle pas porter plainte ? Pourquoi la loi n'est elle pas plus dure pour les personnes victimes de violence dans leur propre foyer ? Tout cela lui échapper et cela l'énerver terriblement.

Depuis plusieurs minutes, Pascal n'entendait plus de bruit dans le bureau de sa commissaire. Il hésitait à aller la voir, il sentait bien qu'elle avait besoin d'être seule, que l'histoire de Lucie l'avait émue et bousculée. La connaissant elle devait s'en vouloir de ne pas être parvenu à la convaincre de porter plainte contre son mari. Il attrapa sa balle et la fit rebondir contre le mur de son bureau. Il réfléchissait à la conversation qu'il allait devoir avoir avec Paul. Il ne pouvait pas lui dire qu'il avait retrouvé sa femme et en même temps, comment lui faire comprendre qu'ils arrêtaient d'enquêter. A cette pensée, il s'étonna que Paul ne l'ait pas encore appelé aujourd'hui pour avoir des nouvelles, pour un homme qui s'inquiétait tant de ne pas voir sa femme, ... Ses pensées s'interrompirent en entendant un gros bruit dans le bureau voisin. Il s'y précipita et découvrit une Florence en larmes debout devant son bureau. Elle avait jeté les dossiers qui s'y trouvaient partout dans la pièce. Pascal ferma la porte de son bureau, tira les stores et s'approcha d'elle. Il la serra fort dans ses bras, l'embrassa sur les cheveux et lui caressa le dos. Elle passa ses bras autour de lui, posa sa tête sur son épaule. Doucement les larmes cessèrent de couler. Pascal sentit qu'elle se détendait un peu, il en profita pour lui lever le menton avec sa main. Il la regarda droit dans les yeux. Ils se comprenaient sans avoir besoin de parler, un simple regard et sourire suffisaient. Il l'embrassa doucement, tendrement. Elle colla son corps contre le sien. Elle avait besoin de le sentir contre elle, elle se sentait bien, en sécurité. Il resserra son étreinte et lui murmura à l'oreille

- Si le bureau et les stores restent fermés encore longtemps, l'équipe va se poser des questions

- Cela ne confirmerait que ce qu'ils pensent déjà, non ?

DisparitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant