3. Week-end

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Je me suis sentie vidée après deux jours de collège, trop de nouveautés à retenir m'ont complètement épuisée. Heureusement, mes parents me laissent faire la grasse mat. C'est Jules qui m'a réveillée avec la télé trop forte, mais bon, il était déjà tard. Ça fait du bien de prendre son temps le matin, ne pas courir pour attraper le bus. Et dire que je n'ai fait que deux jours, il en reste encore tellement devant moi !

Mais bon, je dois dire que je m'attendais à ce que ce soit plus difficile. Finalement, je suis aussi perdue que les sixièmes, à devoir tout comprendre et tout apprendre.

Après le repas de midi, maman nous dit :

— Allez vous préparer tous les deux, on sort cet après-midi.

— On va où ? demande Jules.

— Tu verras ! Surprise ! répond maman, mystérieuse. Mets tes vieilles baskets.

— Mais elles sont trop moches !

— Pas grave, tu n'as pas besoin d'être beau là où on va...

Je ne vois pas du tout quel peut être cet endroit mystère. Je réfléchis un peu, mais maman n'a pas pour habitude de nous faire des surprises. En moins de dix minutes, nous voilà en voiture.

— C'est loin ? demande Jules.

— Non, mon poussin, sois patient, on arrive bientôt !

Je guette le moindre indice à l'extérieur, mais je ne reconnais pas la route. Très vite, la voiture s'engage dans un chemin terreux et s'arrête dans un parking d'herbe.

— Et voilà ! Tout le monde dehors !

J'aperçois un bâtiment plat et long, près de l'entrée un grand panneau où est écrit « L'Arche de Noé ». Ce nom ne me fournit aucun indice. Je demande à ma mère :

— C'est quoi, ici ?

— Un refuge pour animaux !

— Quoi ? Pour de vrai ?

Alors là, si elle voulait me faire plaisir, elle ne pouvait pas trouver mieux !

— Ça te plait ? me demande-t-elle.

— Oh, oui !!

Jules cherche à comprendre.

— C'est pour les protéger de l'hiver ?

— Non, mon poussin, c'est un endroit pour les animaux abandonnés, ou trouvés.

— On pourra en adopter un ?

— Je pense qu'on a assez avec Bixby, on vient juste pour voir comment ça fonctionne, et leur donner un peu de compagnie pour l'après-midi.

— Ça veut dire que je pourrai jouer avec ?

— Oui mon grand, il y a un parc prévu pour ça, pour qu'ils puissent s'amuser avec des personnes qui ont envie de passer un peu de temps avec eux.

— Génial !

Il saute de joie et court vers l'entrée. Je regarde maman, rayonnante :

— Merci, c'est une super idée !!

Les éducateurs canins nous aident à mieux comprendre le caractère de chaque chien. Ils nous ont emmenés dans une sorte de grand jardin avec des obstacles, des niches, des balles, des cerceaux, et plein d'autres petits jouets. Ils ont sorti une dizaine de chiens, des grands, des minuscules, des tout-fous, des timides. C'est tellement bien ! J'aperçois un Chiwawa, il est si petit qu'on dirait un jouet ! Je m'amuse avec un chien marron et noir, qui me rapporte un bout de corde en tissu déchiquetée, à chaque fois que je le lance. Jules ne sait plus où donner de la tête, il veut jouer avec chaque animal.

Après deux heures entières à s'amuser dehors, les éducateurs sortent des gamelles et nous interpellent :

— On va leur donner à boire et les laisser se calmer un peu. Vous pouvez rassembler tous les accessoires dans cette caisse. Maëlya, tu peux aligner les gamelles qui sont ici et on va les remplir.

Pas besoin de me le dire deux fois, je saisis la pile de gamelles et les dispose les unes à côté des autres. Puis, je décroche le tuyau d'arrosage à proximité et décide de les remplir sans attendre. Deux jeunes assoiffés arrivent en courant et ne me laissent pas le temps de finir, ils se ruent sous le jet, se prennent une douche involontaire et m'éclaboussent au passage. Nicolas, l'éducateur, commente :

— J'ai pas eu le temps de te prévenir que Zumba et Than adorent jouer avec l'eau. Voilà, ils t'ont bien eue !

Les autres chiens nous ont vite rejoints et s'organisent tout seuls autour des gamelles. Pendant ce temps de calme, j'en profite pour les caresser tous un peu plus, en les encourageant. D'un coup, je suis triste à l'idée que chacun va devoir repartir dans sa cage.

— Ils sont là pour longtemps ?

— Le temps qu'ils trouvent une famille, répond Nicolas.

— Et... si personne n'en veut ?

— Bin... ils restent ici.

— Tout seuls ?

— Comme tu vois, on s'en occupe au mieux. Et si tu as envie de revenir jouer avec eux, tu es la bienvenue !

— C'est vrai ?

— Bien sûr ! Autant que tu le peux. Si ta maman le permet. On est toujours preneur d'aide.

Je cours voir ma mère pour lui demander son accord.

— Bien sûr, ma puce, quand on aura le temps. Tu as bien vu, c'est pas loin !

— Sinon, je pourrais y aller en vélo ?

— On verra ça avec papa.

Ce serait tellement bien ! Je me vois déjà y aller tous les soirs, le mercredi, le week-end. Je pourrais même acheter des nouveaux jouets ou des friandises pour animaux ! Je repars du refuge des rêves plein la tête.



Cher journal,

Samedi, maman nous a fait une surprise de fou : elle nous a emmenés dans un refuge, tout près de la maison. On a pu jouer tout l'après-midi avec les chiens. Avant ça, on a visité la section des chats. Les pauvres, ils sont presque tous adultes, ils n'ont pas beaucoup d'espoir d'être adoptés. Tout le monde veut des bébés.

Nicolas, un soigneur-éducateur m'a demandé de l'aide pour donner à boire aux chiens et m'a proposé de venir quand je le voulais. Je pourrai les nourrir, les sortir, les caresser. Ils ne demandent que ça !

Ce soir, avec maman, on en a parlé à papa. Il dit qu'il faut d'abord faire le trajet une ou deux fois en vélo avec un des parents pour que je puisse y aller toute seule. Jules a râlé, parce que lui, il ne pourra pas y aller sans papa ou maman. Mais c'est normal, il est plus petit.

J'ai trop hâte d'y retourner !

À plus !

Plus jamais seuleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant