Chapitre 1

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Les déceptions, elle en avait connu des centaines. Des centaines et des centaines. Elle connaissait ce sentiment d'échec plusieurs fois au cours de ses aventures avec son frère. Seulement, cette fois-ci, la jeune fille était vraiment abattue.

Elle avait traversé des montagnes, des mers, des plaines jusqu'à la Shogun Raiden, l'Archon Electro habitant Inazuma, la cité constamment frappée par la foudre et isolée du monde entier, tout ça pour qu'elle aussi ignore où se trouvait Aether. Tout ce chemin, pour rien. Même pas une information sur l'Abîme, autre que le fait qu'il soit particulièrement actif ces derniers temps. Pas même une apparition, absolument rien.

Lumine gardait cependant espoir. L'Abîme existait bel et bien, comme lui avait dit Dainself, il devait donc se trouver quelque part en ce monde...

- Je te retrouverai, Aether... chuchota-t-elle, sans amertume. Je t'ne fais la promesse, je n'abandonnerai jamais !

Au moins, il est en vie... songea-t-elle tristement. 

Le doux soleil de Mondstadt lui chauffait doucement la peau et sa brise la portait délicatement vers la Cité de la Liberté. Sa robe bleue et blanche flottait légèrement autour d'elle, tout comme ses cheveux pâles. Ses yeux, comme deux ambres, observaient la tour qui se dressait à l'horizon, celle de la cathédrale de Mondstadt. Un sourire étira ses lèvres pleines, et elle se remit en marche. L'herbe verte et les fleurs argentées ondulait sous le vent calme, s'affaissaient sous les jolies bottes blanches à talons dorés de la jeune voyageuse, dont le sourire n'avait cessé de s'élargir. Elle allait revoir la Grande Maîtresse, Jean, Kaeya, Diluc le gérant de la taverne... 

Le barde, Venti...

Celui-ci était la personne la plus adorable que Lumine avait rencontré jusqu'ici. Venti chantait merveilleusement bien et sa musique pouvait envouter n'importe qui. Il lui avait profondément manqué, elle l'appréciait énormément. Elle accéléra l'allure, se mettant courir, tandis que le grand arbre de la plaine de Ventlevé apparaissait progressivement devant elle. Arrivé à son pied, Lumine leva les yeux vers une grande statue qui brillait faiblement. Celle-ci représentait un jeune garçon, aux yeux fermés, aux mains tendues et aux grandes ailes. La voyageuse baissa respectueusement la tête, manquant de sauter de joie à l'idée de revoir le garçon de la statue, en vrai. Puis, elle reprit son chemin, ses pensées tournées vers son jumeau, encore portée disparue.

J'ai hâte de retrouver mon frère... J'ai tellement d'aventures à lui conter... Il me manque tellement...

Un soupir lui échappa, mais elle secoua la tête et reprit sa démarche joyeuse, puis observa sa destination approcher gaiement.

Lorsqu'elle arriva au niveau du pont qui la séparait de la ville, seul un petit garçon s'y trouvait. La jeune fille le connaissait bien, il se nommait Timmy. Il était ami avec des pigeons, ce que Lumine avait, tout d'abord, trouvé mignon, mais le jeune garçon la sermonnait dès qu'elle approchait, car les oiseaux fuyaient. La réalité était vraiment triste, car Timmy avait peur que les volatiles ne reviennent jamais, comme son père avant eux...

- Bonjour Timmy. le salua Lumine, en longeant le côté opposé du pont de pierre. Comment vas-tu ?

- Je vais bien, merci. répondit-il poliment, sans quitter les pigeons des yeux. Et vous ?

- Bien... Je crois.

Une fois l'obstacle des oiseaux dépassé, la voyageuse pénétra enfin l'enceinte de la ville, en passant sous l'arche de la muraille qui l'entourait.

Le marché était animé en ce jour si radieux, les vendeurs criaient pour attirer l'attention des acheteurs, des familles ou des amis se promenaient en riant aux éclats. Lumine se sentit chez elle, elle était heureuse de se retrouver ici, à Mondstadt. Cette atmosphère chaleureuse lui avait terriblement manqué. Elle traversa le marché, en évitant les passants qui discutaient de faits divers et marcha alors dans l'allée principale. La jeune demoiselle leva les yeux vers les maisons, regarda les femmes qui étendaient leur linge sur le balcon, les rabaissa vers les enfants qui lui tournaient curieusement autour et leurs parents qui les corrigeaient sans méchanceté.

- Hey ! Cécilia !

Ce surnom... Lumine se retourna, et vit un garçon lui foncer dessus à toute allure, une lyre entre les mains. Ses cheveux noirs et courts étaient attachés en tresses bleues devant ses oreilles. Sa cape verte volait derrière lui, et il maintenait son béret, également vert, sur sa tête d'une main. Un sourire immense étirait sa bouche, et il se jeta sur Lumine qui manqua de tomber à la renverse.

- Céciliaa, tu es revenue ! s'exclama-t-il en la serrant dans ses bras.

- V-Venti ! bégaya-t-elle, au moment où un couple passait près d'eux. Comment t-tu vas ?

Cécilia était le nom de la fleur préférée du garçon. Après avoir sauvé Mondstadt de la menace du dragon Stormterror, alias Dvalin, il l'avait surnommée ainsi car la voyageuse "ressemblait beaucoup à cette fleur, dans sa robe blanche et avec ses cheveux blonds pâles", c'étaient ses mots. Il avait ajouté, non sans faire le sourire qui faisait chavirer le cœur de la jeune fille, qu'il se trouvait extrêmement chanceux de l'avoir rencontrée.

- Je vais bien et toiii ? 

Le couple pouffa, puis la femme chuchota quelque chose à son mari, ce à quoi celui-ci approuva moins doucement :

- Ils sont mignons ensemble !

En un éclair, Lumine vira au rouge cramoisi. Venti, lui, ne voyait rien de dérangeant et il relâcha à peine son étreinte pour empêcher son instrument de tomber de ses mains en disant :

- Je suis content de te voir ! Ca faisait longtemps !

- O-oui...

- Mmh ? 

Le barde relâcha enfin Lumine, qui était toujours rouge, puis lui demanda :

- Tu es tombée malade à Inazuma ? Tu es toute rouge !

Elle détourna le regard, gênée et secoua la tête, puis rassura Venti en lui disant que tout allait bien.

- Tant mieux ! Alors ? J'imagine que tu as des exploits à me raconter, Cécilia ! fit-il, en lui faisant un clin d'œil.

Le garçon était vêtu d'une chemise blanche et d'un corset de cuir marron, d'une culotte bouffante verte qu'il portait part dessus des collants blancs aux motifs de losanges dorés, une cape vert forêt maintenue par un nœud à rayures noires et beiges et d'un béret de la même couleur, qui était décoré d'une des fameuses Cécilia. Ses yeux, qui étaient à mi-chemin entre le vert foncé et le bleu, reflétaient sa joie de vivre et son enthousiasme. Venti était très franc, et pouvait être très nostalgique. A sa ceinture était accroché son œil divin, cette chose mystérieuse permettant à certains d'avoir des pouvoirs. Quand Lumine pensait à lui, il lui était impossible de ne pas sourire. Mais, plus important encore, il s'avérait que Venti n'était autre que l'Archon Anemo, le Dieu du Vent, mais qui s'était dissimulé sous une autre identité, afin d'observer plus librement les Mondsadtois. Ce fut d'ailleurs comme ça qu'il rencontra Lumine.

- Tout à fait ! 

- Parfait ! Alors, rejoins-moi à notre endroit, d'accord ? déclara-t-il gaiement, en tripotant les cordes de sa lyre, sans lâcher Lumine du regard. Tu me raconteras tout ça au coucher du soleil, ça sera mieux !

- Très bien... dit-elle, un peu déçue de le voir partir aussi tôt après leurs retrouvailles. Où vas-tu ?

Venti eut un sourire énigmatique et une étrange lueur passa dans son regard soudainement terni.

- Je vais rendre visite à un vieil ami... Je n'en aurais pas pour longtemps, regarde...

Il fit tourner la jeune fille sur elle-même en la prenant par les hanches, puis posa sa tête sur son épaule :

- Le soleil est déjà proche de l'horizon... 

Son souffle fit frissonner Lumine, qui se contenta d'acquiescer, ses joues ayant repris une teinte rose.

- Je ne pars pas longtemps, Cécilia... chuchota-t-il à son oreille. Je serai de retour bientôt...

La faible pression sur le bassin de Lumine disparut, puis celle sur son épaule droite. Lorsque la voyageuse se retourna, il n'était plus là. Juste une brise soufflait.

Les larmes de l'ArchonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant