Victoire - Le pouvoir perdu

Chapitre 52

Victoire marchait avec Automne pour rejoindre Nao et Kenji quand elle entendit l'explosion à quelques rues de là. Son amie s'était arrêtée devant la devanture d'une boutique qui vendait de nombreux ingrédients que la jeune fille pourrait utiliser dans la préparation de ses boissons. Un nouveau produit, dont l'étiquette vantait les propriétés moussantes, intéressait grandement Automne, et Victoire venait de se rendre compte que son amie n'était plus près d'elle, lorsqu'elle entendit un formidable bruit sourd qui la fit se retourner, elle, ainsi que la totalité des gens présents. Le bruit émanait de plusieurs bâtiments situés à quelques pâtés de maisons de leur position, d'où s'élevait maintenant de la fumée et quelques flammes. Guère rassurés par l'absence d'explication, les personnes dans la rue reprirent néanmoins leur route, persuadés que le problème serait rapidement réglé.

Automne avait rejoint Victoire, qui la questionna :

- Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?

- Je ne sais pas, fit Automne en se mordant la lèvre, avant de se reprendre. Mais je ne pense pas que ce soit trop grave, il arrive de temps en temps que des incendies se déclarent, notamment dans les endroits où de nouvelles choses sont testées, comme les restaurants, les bars ou autre. Ils sont rapidement maitrisés. Ça doit être une expérience particulièrement ratée.

- Par rapidement, tu entends quoi ?

- Que trente secondes après il ne reste que de la fumée.

- Alors il y a un problème, déclara Victoire dans le plus grand des calmes en pointant l'endroit où quelques instants plus tôt seul un mince filet de fumée était présent.

Automne suivit le doigt de son amie et découvrit les flammes de quelques mètres léchant le ciel, et se propageant à une allure effroyable aux maisons alentours. Les personnes présentes avaient aussi fini par remarquer l'étrange phénomène, et la confusion, ainsi qu'un début de panique se lisaient sur leurs visages.

- Oh merde, lâcha Automne.

Victoire se retourna, surprise. Son amie ne jurait quasiment jamais.

- C'est pas très grave, si ? Des gens vont éteindre ça avec de l'eau ou maîtriser le feu.

- Il n'y a rien de normal dans ce feu Vic. Ça n'est pas censé se propager aussi rapidement, et il aurait déjà dû être éteint. On s'en va, fit Automne en prenant le poignet de son amie pour la tirer derrière elle.

Victoire se laissa faire, convaincue par la pointe de peur qu'elle avait entendu dans la voix d'Automne. En regardant autour d'elle, elle s'aperçut que la majorité des gens présents commençaient également à bouger dans tous les sens pour partir, quitte à bousculer les autres. Ce n'était pas encore un mouvement de panique, mais ça ne tarderait pas, surtout que le feu se dirigeait maintenant dans leur direction, la fumée obscurcissant le ciel. L'air était encore respirable, et la chaleur ne les avaient pas atteints mais Victoire commençait à sentir la panique l'envahir à son tour. Elle respira pour se calmer et éviter de faire des bêtises, surtout qu'Automne semblait maîtriser la situation.

Mais arrivées près d'un portail public, elles entendirent des pleurs et des cris, et la foule, qui aurait normalement dû s'écouler ave fluidité à travers l'ouverture restait massivement bloquée sur place.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Les portails sont fermés. Personne n'arrive à passer, leur répondit une dame qui avait entendu la question de Victoire. Il vaut mieux partir à pied.

Son compagnon prit l'enfant qui se serrait contre ses jambes en sanglotant et le porta pour lui éviter de finir piétiner par la foule qui amorçait un mouvement de recul pour se disperser dans les rues le plus loin possible du feu qui continuait à gagner du terrain. Où qu'elle pose son regard, Victoire ne voyait que des expressions terrifiées et paniquées. Elle s'accrocha à son amie, qui essayait de les faire sortir de la masse. Heureusement pour elles, elles avaient fait partie des dernières à rejoindre le portail et elles se trouvaient en marge de la foule. Automne leur fit prendre diverses rues qui les éloignaient du feu et de la cohue.