Chapitre 5

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Précédemment :

La cour est déserte, le vent embrasse le feuillage des quelques arbres présents. Le temps s'est assombris et les nuages sont bien plus ternes qu'il y a quelques minutes.

Valentin tient la porte aimablement avant de refermer derrière lui. Tout allait parfaitement bien jusqu'à ce qu'un cliquetis bruyant se fasse entendre, venant des trois portes de sortie du lycée.

- Qu'est-ce que c'est ? interroge Millie en regardant autour de nous, suspectant le moindre objet sur lequel elle posait les yeux.

- On dirait que ça vient de la porte. Dis-je tout bas tandis que Valentin s'y dirige une nouvelle fois, d'un pas déterminé.

Il tente de l'ouvrir mais celle-ci était vraisemblablement bloquée. Valentin força sur la poignée à plusieurs reprises mais en vain. Il essaya bien-sûr sur les deux autres portes mais ce même phénomène inquiétant persistait.

- Si là on est pas dans la merde...prononce Thomas le regard dans le vide. Rose ne prit pas la peine de le réprimander, nous pensions exactement la même chose.


CHAPITRE 5


- On tente quand même le secrétariat ? questionnais-je après avoir réussi à faire redescendre la pression qui gonflait dans ma poitrine.

- De toute façon, on ne peut pas faire grand-chose d'autre. Conclut Jade en posant son sac à ses pieds.

Nos voix résonnent dans cette pièce sans fin. Puis nos regards s'entrechoquent tour à tour.

Je prends finalement la décision pour le reste du groupe. D'un pas rapide, je traverse le hall et entre dans un couloir sombre. Après quelques mètres, je m'arrête enfin face à une simple porte mais qui pourrait effacer chacune de nos peurs actuelles.

Ma main tremblante se pose sur la poignée mais même avec force, elle ne s'ouvrit pas.

Je voudrais paniquer, me lamenter ou au moins avoir une réaction proportionnelle cette situation vide de sens. Au lieu de ça, je retourne auprès de mes amis et déclare les yeux livides :

- C'est fermé.

Je sens leurs expirations, leur déception et leur agacement. Bien que je souhaiterais réagir de manière similaire, je tente avant ça de retrouver un semblant d'humanité.

- On est définitivement seuls. Soupire Millie en s'asseyant sur le sol.

- Si tu dis ça après avoir essayé seulement une de nos options, alors tu dois être la personne la plus défaitiste de mon entourage. Se moque Thomas sans prendre la peine de la regarder.

- Donne-nous des options, puisque t'as l'air si malin que ça ! Rétorque Rose en s'accolant à mon amie.

- Sinon, on attend que quelqu'un vienne nous chercher. Propose Finn, la mine grave même s'il essaye d'alléger le ton qu'il emploi.

- C'est juste une perte de temps considérable. Constatais-je en écaillant nerveusement mon vernis rouge cerise.

Le silence qui s'en suit me décroche un long frisson.

Ça veut dire que je suis encore en vie, c'est déjà ça.

- Y'a personne ici. Soupire Tyler, les bras croisés, adossé au mur face à moi.

- Sans blague. Répliquais-je, d'un ton exténué en levant les yeux au ciel.

- Au lieu de perdre du temps avec ce genre de discussion inutile, allons faire que quelque chose de constructif ! Gronde Valentin, ses cheveux décolorés pourraient se dresser sur sa tête tant sa colère est soudaine.

Je suis tout de même inquiète à propos de son comportement inhabituel, Valentin ne réagit jamais de la sorte. Peut-être que c'est le stress d'être enfermé qui le pousse à nous parler d'une telle manière.

Sans que je ne le prémédite, mes yeux s'aimantent en un instant avec ceux de Tyler. Les siens sont d'un bleu si clair que je ne peux m'empêcher de les comparer à la couleur de la lune la plus lumineuse qui soit.

- On peut essayer d'aller voir dans le gymnase. Propose Jade d'une petite voix.

- Parfait, allez bougez-vous. Ordonne Valentin en partant devant, d'une marche dynamique.

Je le préférais avec son humour douteux, au final.

*****

Le grand couloir qui mène jusqu'au gymnase n'a jamais été aussi vide, chacun de nos pas résonne et personne n'ose prononcer ne serait-ce qu'un mot. Je vous laisse imaginer l'ambiance folle dans laquelle nous sommes plongés.

Lorsque la lourde porte d'entrée est derrière nous, nous découvrons cette pièce, auparavant familière, sous un angle si différent que je ne la reconnais plus. Il n'y avait pas de lumières, seul le coucher de soleil passe à travers les grandes vitres en PVC à une dizaines de mètres d'altitude. Autrement dit, on y voit pas très clair.

Je sors machinalement mon téléphone dans le but de l'utiliser comme lampe torche mais il ne veut pas s'allumer. On dirait qu'il n'a...plus de batterie mais il était quasi plein il y a deux heure !

- J'ai déjà essayé, visiblement nos téléphones sont HS et je ne sais pas comment ça se fait ! s'énerve Thomas en me montrant le sien, lui aussi infonctionnel.

Aucun de nous ne prend la peine de renchérir, nous le savons et nous ne pouvons rien y faire.

Je ne peux qu'observer ces murs d'une longueur infinie mais j'aperçois dans un coin face à nous, une petite porte recluse et entrouverte. Je ne réfléchis pas plus et cours à grande enjambées jusqu'à cette dernière.

En arrivant je distingue avec peine les inscriptions notées sur celle-ci : sortie. Je l'ouvre d'un grand geste, faisant grincer l'articulation de mon épaule.

Il y fait bien plus noir que dans le gymnase mais ici au moins, une chaleur s'en dégage. Une chaleur poisseuse accompagnée d'une atmosphère lourde.

Ça n'augure absolument rien de bon.

D'un coup d'œil furtif et avec un peu de déduction, je sens la respiration de Finn dans mon cou, ce qui, heureusement, me rappelle que je ne suis pas seule.

Mais quelque chose vient de changer, je reporte mon attention sur ce qui se trouve à l'intérieur de ce qui n'est certainement pas la sortie : le soleil n'est pas encore totalement couché et je devine les deux premiers murs grâce au peu de lumière que le gymnase m'apporte.

Ce n'est que quelques secondes plus tard que je réalise à part entière, et avec assez d'argument à ma portée, que je suis tombée dans un piège et que je suis incapable de m'en sortir avec le peu de neurones aptes à servir présentement.

Une présence.

Deux petits yeux blancs, perçants et étrangement brillants, s'ouvrent l'un après l'autre.

C'est alors que monte dans ma poitrine une frayeur inégalée auparavant. Mon sang se glace et les battements de mon cœur retentent dans ma tête comme un tambour.

Je me mets à trembler et des sueurs froides coulent lentement dans mon dos : tous les symptômes d'une forte et intense angoisse.

D'instinct, je recule et bouscule Finn qui me rattrape de justesse en entourant ma taille de ses bras chauds.

- Tu l'as vu aussi. Murmure-t-il, la voix tremblante et étonnamment basse.

Incapable de répondre, j'acquiesce d'un hochement de tête, respirant à grande bouffées d'air.

Pendant ce temps-là, les autres s'étaient ramenés, n'étant absolument pas au courant des évènements précédents qu'ils venaient de louper.

- Vous avez vu quelque chose ? Demande Thomas, en ralentissant son allure.

Ça tu peux le dire !

A suivre...

Game not Over (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant