Maéva
Non, mais ce n'est pas possible, le seul jour où je ne peux vraiment pas me permettre d'arriver en retard, je me retrouve avec une panne de réveil...
En colère contre moi-même, je saute à cloche-pied dans ma chambre en essayant d'enfiler mon pantalon sans tomber.
— Mathias, dépêche-toi, je dois encore te déposer à l'école ! répliqué-je d'une voix forte pour être certaine qu'il entende, malgré la cloison qui nous sépare.
Enfin prête, je me précipite vers la chambre de mon fils et je remarque avec soulagement qu'il ne lui manque plus que sa veste pour partir. Puis, la pièce m'apparaît en fond et je ne peux m'empêcher de grimacer. Entre le linge sale, le bureau en vrac et les jeux vidéo, on croirait qu'une tornade est venue s'installer chez nous. Il baisse les yeux en constatant mon agacement, mais à sa grande surprise je me contente de soupirer, car notre accord me revient en tête :
— Nouvelle ville, nouvelle chambre ! À quinze ans, tu te débrouilles tout seul avec ton espace.
Le visage de mon ado ne tarde pas à s'illuminer et m'affiche un sourire de remerciement.
— Ça inclut aussi le linge ! conclus-je en me dirigeant vers la cuisine. Bon, tu te dépêches !
— Ne t'embête pas pour moi, je vais prendre le bus, me réplique sa voix en pleine mue.
— Tu oublies la grève, sinon tu te doutes bien que je serais partie au boulot en métro !
— Eh merde, j'avais complètement zappé !
— Eh non, mais comment tu parles jeune homme ? demandé-je avec une pointe d'excès.
— Pardon ! grogne-t-il. Et flûte j'avais oublié.
— Et comme je vais te déposer à plusieurs dizaines de mètres du lycée et que je vais mettre dix minutes à revenir en arrière, on va se dépêcher d'y aller !
Malgré tout, il continue de râler et je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire de fierté. Une mère normalement constituée devrait s'offusquer de la vulgarité de son fils, moi au contraire ça me rassure. Ça me prouve que malgré son état de santé, il agit comme un jeune de son âge.
— Sinon, tu n'as rien négligé pour tes cours ?
— Maman !
— Eh ! On a descendu hier les derniers cartons du déménagement. Je ne veux pas que tu m'envoies un message dans la journée pour me dire « j'ai eu un avertissement pour absence de matériel, parce que j'ai oublié mon rapporteur dans une des boîtes » ! dis-je très sérieusement en récupérant la cafetière et en me versant une partie du liquide noir charbon dans mon thermos.
Accoudée au plan de travail en tentant de ne pas en mettre partout, je distingue les ricanements de mon fils à quelques mètres de moi. J'en déduis donc qu'il a dû s'installer sur le canapé. Dans d'autres circonstances, je n'aurais rien dit et je l'aurais laissé se débrouiller avec son bus, mais cette fois c'est moi qui joue les chauffeuses.
— Sac, veste, banane ! Retard ! dis-je en désignant les différents objets pour qu'ils les attrapent et qu'on y aille.
— Oui oui, c'est bon ! J'arrive.
Effectivement, il est si rapide qu'il prend même le temps de me charrier en se dirigeant dans l'entrée ses affaires en main, pendant que je m'avance vers la table à manger pour récupérer ma petite valise. J'effectue alors une ultime vérification pour être certaine que je n'ai rien oublié, puis je rejoins Mathias qui a déjà ouvert la porte. Je m'apprête donc à la claquer derrière moi quand je m'arrête à la dernière seconde.
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À notre prochain premier rendez-vous
RomansaMaéva QUE QUELQU'UN M'ACHÈVE ! Que je résume, en moins de six mois, j'ai eu le temps de me retrouver sans directeur, en plein milieu de ma thèse. D'être obligée de déménager dans une autre ville, avec mon ado de quinze ans. De retrouver une directri...