strange guy [djilsime]

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max's pov;

«-Vous voulez votre ticket de caisse? je demande, pour la millième fois de la journée.

-Non merci, je suis végétarien! »

Le vieil homme explose de rire, et moi je me tiens là, comme un bouffon, à essayer de comprendre sa blague. Peut-être que c'est la blague du siècle mais que je ne la comprend juste pas? M'enfin bref.

«- D'accord.. Bonne soirée. »

Il ne me regarde même pas et sort de la supérette.
Non mais la politesse chez certains c'est pas donné hein.

La supérette dans laquelle je travaille depuis bientôt une semaine est tenue par un ami de ma mère. Ayant eu des difficultés à me trouver un emploi après avoir arrêté mes études, ma mère avait contacté Marc, mon patron, pour lui demander de m'embaucher. Elle avait clairement eu pitié de moi mais j'lui en veux pas, au moins ça m'a dépanné.

Mais ne croyez pas que l'on m'a tout donné sur un plateau d'argent hein! Marc m'a clairement expliqué que même si j'étais le fils de son amie, il ne me ferait pas de cadeaux et que je devais prouver que j'étais à la hauteur pour travailler ici.

Perso je ne pense vraiment pas qu'on ait besoin d'un bac +5 pour vendre des glaces et des briques de jus, mais bref.

Il était bientôt 4h, ce qui annoncera la fin de ma soirée. Si on m'avait dit que je ferais des 8h cinq fois dans la semaine, j'aurais vite refusé l'offre, mais maintenant je n'ai plus le choix.

Je regarde l'heure sur l'écran de l'ordinateur en face de moi et voit qu'il est 3h56.

Pour l'amour du ciel, je vous en supplie, je ne veux pas rester une seconde de plus. Si un client rentre dans les quatre minutes qui restent, je vais commettre un meurtre.

N'ayant pas le droit de refuser un client même une minute avant la fermeture, je serais forcé de rester plus longtemps pour le faire passer en caisse et pour ensuite fermer cette soi-disant fichue caisse.

Je ferme les yeux et prie pour ne pas entendre l'affreux bruit de la petite clochette accrochée en haut de la porte en verre de la boutique.

clink clink

Je regarde l'entrée de l'épicerie avec effroi. Putain.
Sale connard de merde. T'aurais pas pu venir plus tôt, ou demain au pire?!

«- Bonsoir.., je regarde l'homme qui vient d'arriver, dépité.

-Bonsoir! J'espère que vous ne fermez pas encore.. », il rigole et se dirige vers un rayon de la boutique.

J'aurais bien aimé sale chien.

Il revient quelques minutes plus tard avec une boite de préservatifs. Il la dépose sur le comptoir sans me regarder et sort un billet de 5 de sa poche.

«-Ce sera tout? Une boîte de capotes?

-Euh..ouais ce sera tout. C'est pour.. euh, c'est pour moi et ma meuf haha..

-D'accord. »

Je le regarde avec suspicion et passe l'article avant de prendre le billet qu'il avait déposé sur mon poste de travail. Le client ne m'adresse pas un seul regard, il le fuit j'ai l'impression.

«-Ça vous fera 4€99, vous voulez la monnaie?

-Non ça ira, merci.

-Et le ticket de caisse?

-Non plus, merci. il prend l'article de mes mains et me tourne le dos avant de s'avancer vers la sortie. Bonne soirée. »

Il ne me laisse pas le temps de répondre et sort rapidement. Il est vraiment bizarre lui. Il a le comportement de quelqu'un qui s'apprête à faire une bêtise.

Je regarde dehors à travers les vitres en verre et le vois marcher vers un groupe de gars qui étaient morts de rire. C'était sûrement ses amis et ils avaient l'air de se foutre de sa gueule. Je le vois jeter agressivement l'article qu'il venait d'acheter sur l'un des garçons et les pousser pour passer entre eux avant de s'installer au siège conducteur de la voiture, suivi de près par ses amis. Pour lui et sa meuf, hein?

Je rigole intérieurement et range rapidement la caisse avant de marcher vers la sortie. 4h08. Ça va, juste huit minutes de retard. J'me sens un peu mal d'autant l'avoir insulté dans ma tête, mais bon c'est la vie. J'éteins les lumières et ferme la porte à clé. On est 3 à travailler dans cette supérette. Liam est du matin et Fatime est de l'après midi. Quand je pars d'ici, Liam vient pas longtemps après et ainsi de suite. Je les connais tous les deux, je dirais pas que ce sont mes amis mais ils sont vraiment sympas même si on ne se voyait pas souvent.

Je me dirige vers le parking pour aller à mon arrêt de bus qui n'est pas bien loin de la supérette et vois le client de tout à l'heure avec son groupe d'amis. Ils sont toujours sur le parking mais la voiture était garée un peu plus loin.

Ils sont entrain de.. d'essayer de rentrer l'un des gars dans une capote? Hein? Le mec a la capote sur la tête, un peu en dessous du nez, et il souffle dedans pour la gonfler, pendant que ses amis -y compris mon client de tout à l'heure- rigolent à gorge déployée. Je passe devant eux et les juge du regard.

Le client me remarque enfin et me regarde avec les yeux écarquillés, sûrement choqué que j'ai vu la scène. Il arrête de rigoler et arrache la capote de la tête de son pote avant de la cacher derrière son dos. J'ai l'impression d'avoir cramé un enfant à faire une bêtise, c'est fou. Les couleurs avaient quitté son visage quand il m'avait vu.

«-Aïe putain, Sid! Ça fait mal frère tu joues à quoi?!

-Chut ta gueule attends. »

Ses amis semblent enfin m'apercevoir et arrêtent de rigoler, avant de foncer s'asseoir dans la voiture sur laquelle ils étaient avachis. Le client me regarde, et me fais un sourire gêné.

«-Pour toi et ta meuf, tu disais? je rigole avant de reprendre ma route vers l'arrêt de bus qui se trouvait juste en bas d'la rue puis m'arrête quand il prend la parole.

-Euh. ouais bon. »

Encore une fois, il ne me laisse pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre et fonce s'asseoir au volant de sa voiture, voiture dans laquelle étaient assis ses amis. Il démarre à la vitesse de la lumière et me laisse là, seul sur le parking, à remettre ma vie en question.

Quelle drôle de rencontre.