Deux jours plus tard, les Diabagate, accompagnés de plusieurs guides religieux et des aînés de la communauté, étaient réunis dans la grande maison des Bah. C’était une réunion déterminante, le moment de prendre une décision finale concernant le divorce de Rokhya et Amadou, une situation qui avait déstabilisé non seulement les deux familles, mais aussi les proches.
Cependant, une absence se faisait lourdement sentir : celle de Rokhya. Cette absence mettait les Bah en confiance, surtout Aïcha, la mère d'Amadou, qui n'avait jamais caché son hostilité envers sa belle-fille. Elle semblait même soulagée de la tournure des événements.
— « Elle n’a même pas eu la décence de venir, » déclara Aïcha, un sourire satisfait se dessinant sur ses lèvres. « Ça prouve bien à quel point elle est méchante. Elle veut toujours me rendre coupable, mais aujourd'hui, tout le monde verra sa vraie nature. »
Quelques murmures d'approbation vinrent du côté des Bah, confortant l'assurance d’Aïcha. Ils étaient convaincus que Rokhya, en refusant d’assister à cette réunion cruciale, avait perdu tout soutien moral et familial.
Souleymane, le père de Rokhya, se leva alors pour tenter de défendre l’honneur de sa fille. Il savait que chaque mot comptait dans cette assemblée dominée par les Bah, et il choisit ses paroles avec soin.
— « Aïcha, je comprends ta colère, mais ce que tu dis est injuste, » commença-t-il calmement. « Rokhya n’est pas ici parce qu’elle est brisée. Affaiblie par tout ce qu’elle a traversé dans ce mariage. Les humiliations, les insultes, les trahisons. Elle n’a plus la force de se battre seule, mais cela ne veut pas dire qu’elle est coupable de quoi que ce soit. »
Le silence qui suivit les paroles de Souleymane était lourd de tension. Les Bah, bien qu’influencés par les propos d'Aïcha, n’osaient pas contredire le père de Rokhya, un homme respecté. Mais ils restaient sur leur position, apparemment convaincus que l’absence de Rokhya leur donnait raison.
Soudain, le téléphone de Souleymane se mit à vibrer dans sa poche. Il s’excusa et décrocha rapidement, se détournant légèrement du groupe pour répondre.
— « Allô ? »
— « Papa, c’est Fatou, » répondit la voix familière de l’amie fidèle de Rokhya. « J'ai réussi à convaincre Rokhya de venir, mais cela n’a pas été facile. Elle est encore très affectée, mais Oumar, son grand frère, est arrivé au Sénégal ce matin. Il a été bouleversé en voyant l’état de sa sœur, et ensemble, nous avons réussi à la convaincre. Nous serons là dans dix minutes maximum. »
Souleymane poussa un soupir de soulagement. L’arrivée de Rokhya, accompagnée de son grand frère Oumar, était un tournant. Cela changerait probablement le cours des discussions. Il raccrocha et se tourna vers l’assemblée.
— « Mesdames, messieurs, » annonça-t-il. « Rokhya arrive. Elle sera ici dans quelques minutes. »
Cette nouvelle provoqua un murmure d’étonnement parmi les Bah, surtout du côté d’Aïcha, dont l’expression confiante se transforma en une surprise incrédule.
— « Elle vient vraiment ? » murmura-t-elle à l’un de ses proches, visiblement perturbée. Elle n’avait pas imaginé que Rokhya trouverait la force de revenir affronter cette situation.
Les aînés et les guides religieux, pour leur part, semblèrent soulagés. Ils savaient que la présence de Rokhya était essentielle pour que cette rencontre aboutisse à une décision juste et équilibrée. De plus, l’annonce de l’arrivée d’Oumar, le grand frère de Rokhya, ajoutait une nouvelle dimension à cette réunion. Oumar, vivant en France, n’avait pas pu assister aux événements récents, mais son retour inattendu était une surprise qui ne pouvait être ignorée.
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L'Ombre du Mensonge(TOME 1)
General FictionRokhiya, une jeune avocate brillante et indépendante, est mariée à Amadou, issu d'une famille malienne très aisée et conservatrice. La famille d'Amadou, surtout sa mère Aïcha, voit d'un mauvais œil l'arrivée de Rokhiya, une Ivoiro-Sénégalaise issue...