𝟎𝟑 | 𝐂𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐭

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♫︎ Tu peux lancer le petit clip pour plonger
encore plus profondément dans l'histoire ♫︎

Cielle

- Ça fait quoi si je verse trop vite ?

- Si tu vas trop vite, le moteur explosera.

Maëlle me fixe, horrifiée. Je ricane tandis que mon élève verse à présent l'huile à deux à l'heure.

Avant-hier, lorsque j'étais dans le bureau du doyen, je me suis rendu compte de mon erreur. Si j'attire l'attention de la police, même innocente, je risque gros. Pour garantir ma sécurité, j'ai fait en sorte de stopper les rumeurs désobligeantes.

Je regrette aussi d'avoir parlé de mes dessins avec un parfait inconnu. Il avait l'air compréhensif, jusqu'à ce qu'il commence à me parler de psy. J'ai vite compris qu'il me prenait pour une folle.

Je n'ai jamais montré ces dessins à personne. Pour moi, c'est comme me mettre à nu. Enfin, je préfère encore me retrouver à poil devant quelqu'un. Montrer ces dessins, c'est bien plus intime.

Je sais qu'il a peut-être menti. Cependant, lorsqu'il m'a dit trouver mes illustrations belles, ça a rendu mes jambes toutes molles. Ça m'a touchée. Je ne pensais pas qu'on pourrait trouver ça joli. Parce que ce sont mes peurs, pour moi, elles incarnent la laideur.

Quelque part, je suis déçue que ce mec les ait vues. Il n'a rien de spécial à mes yeux. Au fond, j'espérais que le premier homme à voir ces illustrations griffonnées serait genre... L'amour de ma vie. Celui qui changerait ma vision de l'amour, même si je sais que cet homme n'arrivera jamais. Parce que je ne le laisserai pas entrer dans ma vie. Parce que je suis Cielle Harrison. Et avec Cielle Harrison, rien n'est jamais simple.

- T'as l'air triste, remarque Maëlle.

Je lui adresse un petit sourire.

- Je ne suis jamais triste, moi, répondis-je.

Elle ricane, comme si ce que je venais de dire était absurde. Sauf que c'est la pure et simple vérité.

- Tout le monde est triste au moins un jour dans sa vie, assure-t-elle.

Pour clore ce sujet, je reprends mes explications sur les différentes huiles à mettre à différents endroits sous le capot.

Ce soir, j'emmène Maëlle au run. Elle restera avec Visha, il est encore trop tôt pour la faire monter avec moi. Malgré tout, la petite fille semble très excitée.

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- Tu t'habilles toujours en noir ? Demande mon élève.

- Pas dans la vie courante. Par contre, pour conduire, c'est noir ou blanc, expliquais-je.

La petite fille hoche la tête. Elle me regarde me préparer depuis plus d'une demi-heure. J'applique à présent mon mascara sur mes cils.

Lorsqu'un téléphone sonne, Maëlle preste en lisant le nom de la personne à l'autre bout du fil. Elle me tend l'appareil.

- Merde, c'est mon frère ! Réponds-lui, sinon il ne me croira pas ! Euh... Tu es Emma, tu as onze ans et on dort chez toi ce soir, liste la petite.

Ah, voilà où elle était, sa famille... S'ils portent plainte, je suis dans la merde. Cependant, même si nous nous connaissons depuis seulement deux semaines, je ne m'imagine pas reprendre ma vie sans mon élève.

Je saisis donc le téléphone, le plaque contre mon oreille et me racle la gorge. On m'a toujours dit que ma voix est aiguë. Je mets l'appel sur haut-parleur afin que la petite fille puisse entendre la discussion.

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬 𝐃𝐫𝐢𝐯𝐢𝐧𝐠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant