le calme des souvenir

121 10 7
                                    

Jordan roulait, perdu dans ses pensées, le regard fixé sur la route qu'il connaissait par cœur. Son téléphone ne cessait de vibrer, inondé d'appels, mais il n’y prêta aucune attention. C'était probablement Marine, furieuse après l'humiliation qu'il s’était infligée devant les journalistes. Les pensées tourbillonnaient dans son esprit, mais il continuait de conduire, les mains crispées sur le volant, sans jamais décrocher. Trois heures s'écoulèrent ainsi, la route défilant sous ses yeux comme un long ruban gris sans fin.
Il finit par s’arrêter dans une petite station-service au bord d’une route solitaire, un endroit qu'il connaissait bien. Là, il acheta un bouquet de pivoines. Le parfum délicat des fleurs emplissait l’habitacle de sa voiture alors qu'il reprenait la route.
En arrivant à destination, Jordan resta assis dans sa voiture, fixant le vaste parc qui s’étendait devant lui. Ses mains tremblaient légèrement sur le volant, son cœur battait lourdement dans sa poitrine. Il ferma les yeux, prenant de longues inspirations pour calmer ses émotions, se forçant à esquisser ce sourire factice qu'il savait si bien arborer. Enfin, après ce qui lui parut une éternité, il sortit de la voiture, le bouquet serré dans ses mains.
Devant lui s’étalait un immense parc, magnifiquement entretenu, où des cerisiers en fleurs parsemaient le paysage de touches de rose tendre. Le doux parfum des fleurs flottait dans l'air, porté par une brise légère qui faisait bruisser les feuilles des arbres.

Au loin, on pouvait entendre le bruit apaisant des vagues se fracassant contre les falaises. Le soleil, à l'horizon, commençait sa descente, enveloppant l’endroit d’une lumière dorée, presque irréelle, donnant à la scène une ambiance douce et nostalgique.
Jordan avançait lentement, ses pas écrasant doucement les pétales tombés sur le sol, ses pensées revenant sans cesse vers ce qu'il allait dire. À chaque pas, il sentait un poids se lever de ses épaules, comme si quelqu’un l’enlaçait, le réconfortant dans son chagrin. Enfin, il arriva devant un immense cerisier, ses branches lourdes de fleurs roses se balançant doucement dans le vent. Au pied de l’arbre, une petite pierre se dressait, gravée simplement de quelques mots :
R.I.P.
Luisa Bertelli-Mota
1962 – 2018
Dans mon cœur à jamais tu demeures
Jordan s’agenouilla lentement, la gorge nouée par l’émotion. Il posa délicatement les pivoines contre la tombe, puis s’adossa à l’arbre, fermant un instant les yeux pour écouter le murmure du vent dans les branches. Pendant de longues minutes, il ne parla pas, se contentant de ressentir le moment, de laisser les souvenirs l’envahir. Le doux parfum des cerisiers et le bruissement des feuilles lui rappelaient les étreintes aimantes de sa mère, ces moments où, enfant, il se blottissait contre elle, cherchant réconfort et chaleur.


Il inspira profondément, puis ouvrit enfin les yeux.
Fixant l’horizon, avec une tristesse infinie.
- Bonjour maman... ça fait longtemps que je n’étais pas venu te voir, je suis désolé... J’ai été tellement occupé... Je t’ai apporté des pivoines, comme tu les aimais.
Sa voix était douce, brisée par l’émotion. Il passa une main tremblante sur la pierre froide, comme pour caresser un souvenir, un dernier lien avec celle qui lui manquait tant. Les larmes commencèrent à embuer ses yeux, et il sentit sa gorge se serrer davantage. Le silence qui suivit était lourd, rempli de tout ce qu'il n'avait jamais osé dire.
- Tu sais, maman, le jour où tu as décidé de partir... je t’en ai voulu. Tu es partie lâchement, me laissant seul avec l’homme que tu redoutais le plus... mon père. Je ne comprenais pas ton choix, je refusais de l'admettre... Je ne pouvais pas croire que la personne que j'aimais le plus avait décidé de mettre fin à sa souffrance, de fuir cet enfer que tu subissais chaque jour... J’étais trop jeune, trop naïf. J’avais besoin de toi pour me guider, pour être fière de moi...
Les larmes qu'il retenait finirent par couler librement sur ses joues, laissant des traces brillantes sur sa peau. Chaque mot qu'il prononçait semblait déchirer un peu plus la carapace qu'il s'était forgée au fil des années.

Est-ce si dur d aimer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant