Les ombres rouges.

30.De decouvertes en decouvertes.

Cassie

Qui aurait cru qu'organiser un mariage puisse prendre autant de temps ? Mes parents devaient rester pour m'aider dans les préparatifs, mais un incendie s'est déclenché dans la boutique de ma mère, les obligeant à repartir pour la France. Nous nous sommes serrés fort dans les bras au moment des au revoir ne sachant réellement s'ils pourraient revenir à temps pour la célébration, car les dégâts sont colossaux, tout comme les démarches avec les assureurs. Alors, me voici à tout organiser seule ! Je ne vais pas me plaindre, parce que j'adoré choisir chaque détail allant de la serviette rose myrthus, aux nœuds de chaise rose mambo, au champagne cuvée prestige rosé, à la sélection des couverts et en passant bien évidemment par les compositions florales. Le temps écoulé à imaginer et tester les arrangements est incroyable. Mais j'en ai aimé chaque seconde. En tout, il m'aura fallu deux bons mois et je ne pouvais me permettre davantagte, auquel cas ma robe de mariée faite sur mesure par l'une des couturières les plus douées au monde, ne serait qu'un lointain souvenir, accroché au fond de mon dressing, tant mon ventre de femme enceinte commence à pointer le bout de son nez. Je n'ai pas très bien dormi, heureusement, Andreï a tenu malgré tout à rester la veille de nos noces avec moi et je l'en remercie, sinon mon angoisse aurait pris le dessus dans cette chambre silencieuse et immense. saisissant que je ne trouvais pas le sommeil, il a déniché à maintes reprises des idées pour m'occuper l'esprit. Mais la fatigue et la nuit passée au clair de lune m'auront laissé des marques avec ces magnifiques cernes violacés sous les yeux. Par bonheur que le maquillage existe et que mon futur mari a embauché une experte dans ce domaine. Après quelques coups de pinceau, l'épuisement est invisible à la vue de tous. Seul mes muscles la ressent, mais c'est très bien ainsi. Alekseï insiste pour que je ne m'aperçoive pas dans le miroir avant la fin de ma mise en beauté et que ma robe recouvre mon corps, donc je l'écoute. Un voilage foncé est passé par dessus, ne me permettant plus d'apprécier la suite du chef-d'œuvre de ma maquilleuse. J'ai pu voir les premiers effets de son génie sur moi pour me retirer quelques degrés de stress, mais rien de plus. Je ferme donc les yeux et me laisse guider au son de sa voix lorsqu'elle me glisse ses directives. Cette femme est d'une douceur et d'une gentillesse, j'aime l'avoir auprès de moi pour ce grand jour. Elle m'apporte de la fraîcheur. Diane m'a aussi beaucoup soutenue grâce à ses visites, soit quotidiennes, soit hebdomadaires, selon mes besoins. Elle est une oreille attentive et le calme dans cette tempête qui fait rage tout autour de moi. Elle m'a aidé à faire des choix dans la décoration, dans mes hésitations sur les compositions florales qui vont être, je l'éspère, sublimes dans ce décor de rêve. J'y ai mis tout mon cœur et tout mon amour en souhaitant que cela plaise à nos invités. Je me perds dans mes réflexions en repassant en revue tous les points à régler, en les examinant un par un, mais je ne découvre rien : je suis à jour. Je repense à mes parents absents qui ne pourront participer à la cérémonie. Ma mère a littéralement rendu fous les assureurs afin que les travaux se mettent en place très vite et puissent assister au mariage. Lorsque je l'ai entendu en pleur m'annoncer que tous les vols pour les États-Unis étaient annulés pour cause de grève des employés de la compagnie, et que tous les autres avions étaient complets, je me suis écroulé au sol. Mon père ne m'accompagnera pas à l'autel. Ma mère ne sera pas présente pour me donner quelque chose de vieux. Je tente de garder le sourire que j'ai plaqué tôt ce matin sur mes lèvres, parce que, après tout, il s'agit du plus beau jour de ma vie du moins l'un des deux, mais mon cœur n'y est pas. Ma liste devait être longue et prenante, car la maquilleuse et la coiffeuse ont eu le temps de terminer leurs œuvres sans que je ne m'en aperçoive. Je ne les ai même pas entendues ni senties lorsqu'elles ont commencé. Toutes deux m'aident à me lever pour la touche finale, la robe. La porte s'ouvre à cet instant fatidique, pensant qu'Alekseï vient voir l'avancer, je n'y prête qu'un simple regard, mais non, il s'agit de Diane.

— Bonjour Cassie, je me suis dit qu'une présence féminine et amicale à tes côtés pourrait te faire du bien.

Son sourire inonde son visage très certainement en écho au mien, heureuse de la savoir près de moi. J'étais populaire et me faire des copines était un véritable jeu d'enfant pour moi. Depuis que ma vie a changé, depuis l'arrivée de Suzy, je n'ai laissé personne entrer dans mon cercle fermé. Je me rends compte que cette jeune femme a réussi à pénétrer mon armure, à la faire voler en éclat. Je ne pensais pas être aussi proche d'elle et encore loin que cela soit réciproque, mais, en la voyant ici, les pièces du puzzle s'imbriquent et elle a toute sa place à mes côtés.