Soror Anima {Âmes-Soeurs} [En correction + Légère réécriture]

Les Doutes d'Une Sorcière

«L'ai-je réussi? Ne l'ai pas réussi? L'ai-je réussi? Ne l'ai-je pas réussi  ? »

Je n'arrête pas de me poser et re-poser les mêmes questions depuis la sortie des cours et sur le chemin du retour. Les cours de cet après-midi, je ne sais même pas sur quoi ils ont porté... Ma conscience se fatigue à débattre sur le "si j'ai bien réalisé mon sortilège ou non". Au fond de moi, je sais que tout cela à un rapport. Mais lequel ? Est-ce que je pourrais tout arranger par la suite ?

Je manque de trébucher sur la marche de mon perron. Le trajet est passé si vite que je me demande si il n'y a pas eu une téléportation... Je prends une grande inspiration avant d'entrer, et m'affiche un air neutre. Soit comme à mon habitude.

Personne ne doit savoir. Où tout simplement s'en douter. Puisque la chose implique un vampire, je peux m'attendre au pire dans ma famille...
Pour paraître encore plus naturelle, je n'ajoute aucun : «Je suis rentrée». Seulement, je passe la tête dans l'encadrement de la porte du salon pour vérifier si ma petite sœur est bien rentrée de l'école.

Elle m'aperçoit, lève la tête de son cahier, puis la rebaisse sans intérêt.

Je monte rapidement dans ma chambre, où je ferme avec soin la porte à clé. Je ne peux pas risquer d'être surprise. Le sol en moquette tout au long du couloir m'empêche déjà d'entendre le moindre son de pas.

Longtemps, je reste immobile sur mon lit, assise en tailleur, à regarder mon grimoire comme si je ne l'avais jamais vu auparavant. Je soupire, fais la grimace, entortille l'ourlet de ma robe autour de mes doigts. Tout les moyens sont bons pour retarder le moment crucial. En vérité, je crains de découvrir ma faute, même si je veux absolument la réparer. Je n'ai jamais raté mes sortilèges, à part petite quand je devais apprivoiser mes pouvoirs. Ma mère est à deux doigts de me nommer professeur de magie de ma petite sœur. Alors si je viens de faire une énorme bêtise...plus que mon propre estime et ma fierté tomberont dans le néant.

Enfin, je me décide. Et d'un mouvement de la main que l'on fait pour tourner la page d'un livre, j'ordonne à mon grimoire de s'ouvrir :

«Mène-moi à la page "Soror Anima".»

Le grimoire s'exécute, et les pages défilent rapidement. Puis ralentissent doucement pour enfin s'arrêter sur ma demande. Je me penche en rajustant mes lunettes, et cherche des yeux la partie des conséquences.
Après avoir lu et relu, je ne trouve rien qui puisse avoir un rapport avec ce qui s'est passé. Une phrase de la page me rassure sur un point, et me fais esquisser un sourire en coin : "Si vous obtenez une réponse dans vos songes, cela indique que tout a bien été réalisé." . J'ai réussi, et j'ai envie de pousser un immense soupire de soulagement. Mais je ne peux pas me le permettre. Car tout va encore mal, puisque ça ne m'aide en rien sur ce qui s'est passé hier soir au parc. Pourtant je le sais, ça pourrai être une autre personne présente dans ce vaste lieu qui aurai pu nous joué un mauvais tour, ou...quelque chose qui n'a rien à voir avec moi en tout cas ! Mais je n'y crois pas. Je n'y crois pas !

Je referme alors mon grimoire et m'installe à mon bureau où j'entreprends de commencer mes devoirs.

†

Allongée sur mon lit, emmitouflée dans un peignoir de bain, je réfléchis les yeux fermés. Il me semble que cela fait une dizaine de minutes que je suis comme ça. À quoi dois-je penser au juste ? Tout me vient en mémoire d'un seul coup et je peine à leur donner un ordre. Quand je ne pense pas à ce vampire dont je ne connais pas le nom, je pense à ce qui nous est arrivé. Et quand je ne pense ni à l'un ni à l'autre, je pense aux risques qui pourrais survenir. J'ouvre les yeux et fixe le plafond. Ce vampire...je vais s'en nul doute le revoir demain, mon cœur s'agite alors que ma conscience défaille. J'aimerais tant ne plus avoir son visage gravé dans ma mémoire...mais cela semble possible ! Tout tourne dans ma tête tel un manège vicieux qui me nargue au passage. Et moi, je ne peux que rager...prise au piège.
Je me redresse et enfile une chemise de nuit. Contrairement à ma robe d'aujourd'hui, elle est très courte et m'arrive bien au dessus des genoux...un peu comme la courte robe de mon cauchemar en soit. Me mettant sous les couvertures, j'éteins ma lampe et cherche la bonne position pour m'endormir. Ce ne fut pas très long, je m'endors presque aussitôt.