Soror Anima {Âmes-Soeurs} [En correction + Légère réécriture]

Une Fée...et Un Elf !

J'y suis retournée. J'y suis retournée, sur la butte. Mes pieds se sont à nouveau posés, volontairement - sur l'herbe fraîche. Je ne pensais pas le refaire de mon plein gré dans un autre cauchemar. Enfin, pas avec si peu de temps d'écart.

Aloïs, appuyé contre l'écorce clair du vieil arbre, me fixe aussi intensément que ma tante Blanche. C'est à croire si je ne quitte pas l'un pour retrouver l'autre.... J'attends donc patiemment les paroles qui pendent à ses lèvres depuis plusieurs minutes déjà.

Il a fallut que je m'avance encore de quelques pas et m'assois en tailleur sur le sol pour qu'il parle enfin.

«Tu es revenue bien vite, Iris.

-Tais toi Aloïs, je ne veux plus t'entendre.

-Pourquoi es-tu si odieuse avec moi ? Comment as-tu pu tant changer ?

-Encore une fois, je ne vois pas à quoi tu fais référence. Maintenant laisse moi tranquille, j'ai besoin de méditer.»

Les yeux fermés, le dos droit, je médite réellement. Je ressens la nécessité de faire le vide en moi, de me calmer. Je repense à toutes ses choses qui m'ont agacé aujourd'hui. Toute cette malchance qui s'accumule autour de moi. Je dois tout évacuer. Même si je ne peux pas me débarrasser de cette poisse qui me colle à la peau, alors autant repousser cette énergie négative qui m'habite.

Un souffle chaud me caresse alors doucement le creux du cou, et je sursaute comme la jouvencelle que je suis. Je ne prends même pas la peine de m'écarter et vocifère immédiatement :

«Aloïs, combien de fois dois-je te dire de me laisser en paix ? Retourne te suspendre à ta satané branche et ne pose plus les yeux sur moi.

-Mais tu as besoin de moi, Iris. Ma place est auprès de toi. Dans n'importe quel type de moment. C'est éternel.

-J'en ai marre de te le répéter encore et encore. Je n'ai pas besoin de...de...toi...»

Son bras s'enroulant autour de mon bas ventre me déstabilise. Je ne réagis pas lorsqu'il m'attire contre son torse et enroule un autre bras autour de mon cou. Je ne respire même plus. Qu'est-ce qu'il est en train de me faire ?

«Tu vois, c'est mieux comme ça, quand on est ensemble. Si serrer, l'un près de l'autre.

-Non, tu te trompes...»

Ce n'est que du coin de l'œil que j'observe sa réaction, car son visage est trop près. Si près que sa respiration remue quelques unes de mes mèches. Bientôt, sa joue gauche se colle à ma joue droite, et je ressens pour la première fois les picotements rugueux d'une barbe enfouie. Sa poigne se resserre alors, encore plus, je suis comme pressée contre lui. Et bon sang ! Je ne me débats même pas !

«Iris, tu ne vas pas bien, je le sens. Tu es préoccupée. Laisse moi t'aider.

-Tu ne peux pas m'aider, Aloïs. Tu n'es qu'une illusion. Un être imaginaire.

-Moi ? Une illusion ? Cesse de t'entourer de mensonges, et abats tes barrières. Fais ce que tu désires vraiment, tu verras, ça fait du bien.

Je louche encore sur le côté, réfléchissant à ce que ses paroles visent exactement, et aperçois son sourire. Ses dents sont blanches comme neige, toutes si bien faites. Un charme propre à tout vampire. Mais seulement deux dents retiennent mon attention. Comme à chaque fois. Celles qui me terrifient le plus. Deux d'entres toutes, aussi longues et pointues qu'elles puissent être. Toujours les mêmes. C'est seulement sur cette vision terrible que je commence à remuer tout doucement, dans l'attente de recouvrer mon corps tout entier pour me dégager. L'avant bras sur mon cou remue, se relâche délicatement, et une main en fait de même pour saisir ma mâchoire et la relever vers le haut.