Troubled Child

Chapitre 23: Lana

Je me réveillai doucement, sentant les bras d'Ezio autour de moi, sa présence rassurante contre mon corps encore somnolent. Son eau de cologne, si familière maintenant, flottait dans l'air, enveloppant mes sens d'un parfum à la fois apaisant et enivrant. Pourtant, malgré ce réconfort, une vague de doutes me submergea. Je ne pouvais m'empêcher de penser à son abandon, à ce moment où j'avais le plus besoin de lui et où il m'avait laissée seule.

Je savais qu'il avait ses raisons, des raisons que je comprenais à peine, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles à accepter. Il m'avait laissée à un moment si vulnérable de ma vie, et cette blessure, même partiellement guérie, me brûlait encore. Je me mordis la lèvre, essayant de chasser ces pensées, mais la douleur était tenace.

Ses doigts bougèrent légèrement, effleurant ma hanche, et je me rendis compte qu'il me caressait doucement dans son sommeil, sans en avoir conscience. Il semblait si paisible, si loin des tourments qui agitaient nos vies éveillées. Le voir ainsi, avec son visage détendu et ses traits adoucis par le sommeil, fit fondre un peu cette dureté que je ressentais en moi. Tout était plus simple, plus pur dans ces moments volés. J'esquissai un léger sourire et, sans réfléchir, je déposai un baiser doux sur son front, espérant lui transmettre, même inconsciemment, l'affection que je ressentais malgré tout.

Je fermai à nouveau les yeux, prête à me rendormir dans cette étreinte rassurante, lorsque j'entendis un léger bruit. J'ouvris les paupières et vis la porte de la chambre s'ouvrir doucement, révélant Harry. Ses cheveux dorés étaient en bataille, et il tenait son doudou dans une main, sa tétine coincée dans sa bouche. Il se frottait les yeux avec ses petits poings, l'air encore à moitié endormi. Le voir ainsi me fit sourire tendrement.

Sans hésiter, je tendis les bras vers lui, l'invitant à venir se blottir avec nous. Il trottina jusqu'au lit et je le soulevai doucement, le plaçant entre Ezio et moi, en veillant à ne pas trop le réveiller. Harry se roula en boule presque aussitôt, se nichant contre nous, ses paupières déjà lourdes. En quelques secondes, il était de nouveau plongé dans un sommeil paisible, comme si la sécurité de notre présence était tout ce dont il avait besoin.

— Merci maman... murmura-t-il, à moitié dans ses rêves.

Le choc me figea. « Maman ». Ce mot, si simple, si petit, résonna en moi avec une intensité inattendue. Je le regardai, les yeux écarquillés, sentant mon cœur battre un peu plus fort. Il m'avait appelée « maman ». J'avais à peine 17 ans, et pourtant, ce mot me remplit d'une joie immense, d'une chaleur que je n'avais jamais connue. C'était comme si, en un instant, tout prenait un sens nouveau.

Je baissai les yeux vers lui, émue, et jetai un regard à Ezio qui, même dans son sommeil, avait toujours un bras protecteur autour de nous. Harry m'avait donné un rôle que je n'attendais pas, que je ne pensais pas pouvoir assumer, mais qui, en cet instant, semblait si juste, si naturel.

Le matin arriva bien trop vite, mais je me réveillai avec cette douce chaleur autour de moi. Harry, encore blotti contre moi, respirait doucement dans son sommeil, et Ezio, toujours proche, avait son bras posé autour de nous. J'avais presque oublié à quel point un simple matin pouvait être aussi doux, aussi plein de calme. Mais il fallait se lever. Je sentis Ezio bouger avant de l'entendre murmurer quelque chose d'inaudible en se redressant doucement pour ne pas réveiller Harry.

— Allez, on va bruncher, dit-il finalement en passant une main dans ses cheveux.

Je souris. Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu ce mot « bruncher ». Ça faisait trop longtemps que je n'avais pas vécu des moments normaux comme celui-ci.

— Je n'ai rien à me mettre, soufflai-je en regardant mes vêtements froissés.

Ezio se leva sans rien dire, se dirigeant vers un placard. Je le regardai, un peu curieuse. Puis il en sortit une robe blanche simple, mais magnifique, qui paraissait presque neuve. Il la tendit vers moi sans un mot.