Chapitre 1

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Mon oncle pensait que j'étais jeune pour comprendre les allées et venues au domaine des Danica. J'étais pourtant assez mature pour mon âge, pour saisir que cela concernait des pourparlers de fiançailles. J'ai laissé ça couler pour quelques années. Enfin vint le jour j, l'année où je devrais me marier. Je n'ai guère envie. Je ne sais toujours pas à quoi ressemble ma future femme. Et si je m'enfuis de ce rendez-vous qui dure une éternité.

Je sors pour prendre l'air hors du domaine. Un petit parc se trouve non loin où les gens se rassemblent pour flâner ou discuter. Les arbres s'étendent à perte de vue , et commencent à fleurir, annonçant le début du printemps. Le gravier crisse doucement sous mes pads. Il fait frais aujourd'hui, le vent est bien présent. Je longe un étang paisible, où des cygnes nagent silencieusement, indifférents à ce qui les entoure. De temps à autres, on peut croiser des statues de pierres à des endroits spécifiques du parc, représentant des dramaturges. D'une certaine manière, cela donne l'impression que leurs âmes sont toujours présentes, prêtes à nous raconter des histoires rien qu'à travers leur présence.

Au loin,je remarque une silhouette assise seule au bord de l'étang. Je me demande ce qu'elle fait là, par ce temps.

Le vent emporte soudain son chapeau. Le destin a voulu que le chapeau vienne dans ma direction.
Je l'attrape tant bien que mal, me dirige vers cette personne mystérieuse.

- Tenez, voici votre chapeau.

Je lui tends vers sa main, elle le prend, et nos mains se frôlent.

- Merci Monsieur ... ?
- Appelez moi Léon.
- Enchanté Léon, moi c'est ...
- Mademoiselle ? Où vous êtes ? Résonne une voix au loin.
- Excusez moi, je dois partir. Pouvez-vous me rendre un service ?
- Oui mais ...
- Si on vous demande si vous m'avez vu, dite leur que non.

Elle s'en alla, emporté dans la brise du vent, comme Alice tombant dans l'arbre ou cendrillon fuyant les douze de l'horloge. Je n'ai pas pu apprendre son nom. Il restera donc un mystère. Un mystère que je me dois de résoudre.

Sa beauté me fascine.

Elle a laissé tomber un mouchoir blanc brodé d'une lettre. La lettre T. Je le range précieusement dans ma poche intérieur de ma veste.

Mince, je n'ai pas vu le temps passer. Je dois aussi m'en aller. Je vais être en retard à au rendez-vous. Quoique... je n'ai pas vraiment envie de retourner à l'intérieur.
Peut-être je devrais m'en fuir ? M'enfuir, mais où ?
Je finirai bien par trouver au cours de ma cavale.

Je cours vers le vélo appuyé contre un mur et roule vers le centre-ville. Je le rendrais demain ... ou un autre jour.

Arrivé au centre ville, je flâne dans les rues à la recherche de quoi m'occupe, histoire de tuer le temps. Cette expression me semble ironique; on dit « tuer le temps », mais en réalité, c'est le temps qui nous tue à petit feu, jusqu'à ce que le jour fatidique frappe à notre porte.
Ma mère m'a toujours dit : « Mieux vaut vivre ta vie que de la laisser entre les mains des autres. ». Ma vie est déjà dans les mains de mon oncle. Il en a prit les rênes le jour où mes parents sont morts. Paix à leurs âmes.

Revenons à nos moutons. Je dois trouver une occupation.

Je déambule dans cette vaste avenue, profitant de cette journée ensoleillée.
Je suis ébloui par les structures gothiques et géorgiennes des bâtiments et des boutiques qui décorent les rues. Il y en q tellement qu'on ne sait plus où donner de la tête. Le charme de cette ville ferait un magnifique tableau avec ses gargouilles qui ornant les façades.

Je me laisse guider par les dalles colorés qui illuminent les boulevards, cassant la noirceurs des bâtiments.

Des restaurateurs sortent pour attirer les clients vers leurs terrasses. Malheureusement pour eux, je n'ai pas très faim.
Ces lieux créent une atmosphère chaleureuse, où les gens peuvent se réunir pour savourer un bon plat ou juste prendre un café fraîchement moulu.

La fleur de lune Où les histoires vivent. Découvrez maintenant