Depart vers l'inconnu

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Le chemin qui mena Sokhna Maï vers son stage à Kédougou fut semé de moments marquants et d'émotions contradictoires. Ce stage, elle ne l'aurait jamais trouvé sans l'aide précieuse d'un camarade d'université. Ce dernier, conscient de ses compétences et de sa motivation, lui avait parlé de cette opportunité dans une ville dont elle connaissait à peine le nom. Kédougou. Un endroit lointain, perdu dans le sud du pays, mais porteur de promesses d'aventures et de découvertes professionnelles. Elle n'hésita pas longtemps avant de saisir cette occasion, même si cela signifiait quitter son cocon familial et s'engager sur une route remplie d'incertitudes.

Avant de quitter sa ville natale, une date particulière marqua un tournant dans sa vie. Le 3 septembre, Sokhna Maï célébra son anniversaire entourée de ses proches. C'était une fête intime, marquée par la joie et l'émotion. Ce moment de célébration lui offrit l'énergie et le courage nécessaires pour affronter ce qui l'attendait. Entre les rires et les cadeaux, une nostalgie s'installa : c'était comme si chaque sourire, chaque accolade portait en lui un au revoir subtil.

Les jours suivants furent dédiés aux préparatifs. Sa famille, profondément unie, l'accompagna dans chaque étape. Sa mère, douce et attentionnée, veillait à ce que tout soit en ordre, tandis que ses frères, bien que discrets, lui apportaient un soutien infaillible. Leur présence silencieuse, mais rassurante, était pour Sokhna Maï une source de force immense. Ils savaient que son départ pour Kédougou n'était pas seulement pour un stage, mais pour une nouvelle phase de sa vie. Entre les valises soigneusement préparées et les dernières recommandations, l'amour familial l'enveloppait comme un manteau protecteur.

Cependant, tout n'était pas aussi serein dans la vie de Sokhna Maï. Avec Assane, son petit ami, les choses étaient compliquées. Ils traversaient une période de turbulences, où les disputes devenaient plus fréquentes et les incompréhensions s'accumulaient. Même si elle savait qu'il tenait à elle, Sokhna Maï ressentait que la distance à venir serait peut-être nécessaire pour réfléchir sur leur relation. Ce dilemme pesait lourd sur son cœur, mais elle savait qu'elle devait continuer à avancer.

Dans cette tourmente, elle pouvait compter sur le soutien de ses deux meilleures amies, Santhio et Astou, qu'elle surnommait affectueusement "les Rafetes". Santhio, avec son optimisme débordant, ne cessait de lui rappeler qu'elle était capable de surmonter tous les obstacles. Rafete, plus calme et réfléchie, lui offrait un réconfort moral inestimable. Leur amitié était comme un phare dans la tempête, la guidant à travers ses doutes.

Mais le message qui la toucha le plus fut celui de Neinei Tuti, sa confidente et ami de toujours. Dans un moment de découragement où tout semblait peser trop lourd, Sokhna Maï reçut un message plein d'amour et de réconfort. Moussa qu'elle surnomme neinei, avec ses mots bien choisis, lui rappela sa force intérieure et à quel point elle croyait en elle. Ce message arriva à un moment crucial, alors que Sokhna Maï se sentait submergée par l'angoisse du départ et les incertitudes. "Ne perds jamais de vue qui tu es et tout ce que tu as déjà accompli", écrivait Neinei. Ces paroles résonnèrent en elle comme une promesse, une ancre de stabilité dans cette mer d'inconnue.

Avant de rejoindre Kédougou, Sokhna Maï fit une première halte à Dakar, chez sa mère. Quelques jours passés dans la capitale, loin de l'agitation des préparatifs, lui permirent de faire le point. Ce séjour à Dakar était aussi une sorte de répit avant le grand saut. Sa mère, comme toujours, la réconforta avec des paroles sages, rappelant à Sokhna Maï que chaque défi rencontré en chemin ne ferait que renforcer son caractère.

Puis, arriva enfin le jour du départ pour Kédougou. Ce voyage n'était pas seulement physique, mais symbolique. Sokhna Maï savait qu'elle partait à la croisée des chemins, prête à affronter un monde nouveau, armée de la confiance de ses proches et de sa propre détermination.

Le long voyage vers Kédougou laissa Sokhna Maï épuisée, le corps engourdi par les heures de route et l'esprit rempli d'incertitudes. Kédougou était loin de tout ce qu'elle connaissait. Rien ne semblait familier, ni les paysages, ni les visages, ni même l'air qu'elle respirait. Elle se sentait comme un grain de sable déplacé dans un univers inconnu, et cette impression la laissait à la fois curieuse et anxieuse.

À son arrivée, elle fut cependant accueillie par un visage familier qui lui apporta un réconfort immédiat : Baldé, son camarade d'université, celui qui lui avait trouvé ce stage. Avec un sourire chaleureux, il l'attendait à la gare routière. Dès qu'il la vit, il l'accueillit avec une accolade fraternelle et une énergie positive qui dissipa un peu les craintes de Sokhna Maï. « Bienvenue à Kédougou ! » dit-il, son enthousiasme évident. « Je suis vraiment content que tu sois là. »

Baldé avait tout prévu pour son arrivée. Conscient des défis d'une installation dans une ville aussi éloignée, il l'avait logée chez une amie de confiance, Fatou. Cette dernière était une jeune fille charmante, travaillant dans la restauration. Quand ils arrivèrent chez Fatou, Sokhna Maï fut immédiatement frappée par la chaleur humaine que dégageait cette nouvelle connaissance. Fatou, avec son sourire éclatant et son énergie débordante, l'accueillit comme si elle faisait déjà partie de la famille. « Ne t'inquiète pas, ici tu es chez toi, » lui dit-elle, en lui offrant une tasse de thé pour l'aider à se détendre.

La maison de Fatou, bien que modeste, était un lieu accueillant et chaleureux. Les effluves de plats épicés et la douceur du foyer lui procurèrent un peu de réconfort après les heures de route. Fatou, toujours pleine d'attentions, s'assura que Sokhna Maï soit bien installée, lui montrant sa chambre et lui offrant des conseils sur la vie à Kédougou.

Cependant, malgré cet accueil des plus chaleureux, Sokhna Maï ne put s'empêcher de ressentir une certaine peur. Cette ville, bien différente de tout ce qu'elle avait connu, l'intimidait. Loin des bruits familiers de sa ville natale, ici tout semblait étranger. La fatigue alourdissait son esprit, et la solitude commençait à s'insinuer, malgré la présence bienveillante de Baldé et Fatou. « Vais-je m'adapter ? » se demanda-t-elle en silence. Kédougou, avec ses routes poussiéreuses et ses vastes étendues de terre rouge, était à des milliers de kilomètres de ce qu'elle imaginait comme étant son futur.

La nuit tombée, alors qu'elle s'allongeait sur le lit qui lui avait été préparé, Sokhna Maï sentit la fatigue peser lourdement sur ses paupières. Mais plus encore, c'était la peur de l'inconnu qui l'habitait. Kédougou lui semblait vaste, mystérieuse, presque oppressante. Les pensées tournaient en boucle dans sa tête : réussirait-elle ce stage ? Trouverait-elle sa place dans cette ville ? Sa relation avec Assane tiendrait-elle face à la distance ?

Pourtant, au milieu de toutes ces questions, elle savait qu'elle n'était pas seule. Baldé et Fatou lui avaient déjà montré une générosité et un soutien indéfectibles. Et, avec cet accueil chaleureux en tête, elle finit par s'endormir, espérant que le lendemain lui apporterait les réponses qu'elle cherchait.

À la croisée des chemins Où les histoires vivent. Découvrez maintenant