À la croisée des chemins

Entre défis et amitiés naissantes

Le samedi matin, Sokhna Maï se réveilla avec le doux martèlement de la pluie contre la fenêtre. Ce qui devait être une journée ordinaire se transforma vite en une course contre le temps. L'hivernage ne faisait pas de cadeau. La pluie incessante retarda son arrivée au restaurant, ajoutant au stress déjà palpable. Arrivée en retard, elle se précipita vers la cuisine pour découvrir une montagne de vaisselle sale et des insectes attirés par l'humidité ambiante. Sokhna soupira longuement, mais n'avait pas d'autre choix que de se mettre au travail. Les clients allaient arriver, et tout devait être prêt.

Le dimanche s'annonçait encore plus éprouvant. La pluie s'était calmée, mais le restaurant était bondé. Sokhna, aux côtés de Binta, qui remplaçait Aïcha et Asta pour la semaine, travailla d'arrache-pied. Binta, bien que peulh comme Aïcha et Asta, se montra d'une gentillesse désarmante. Elles travaillaient en parfaite harmonie, se chamaillant parfois pour rire, mais toujours avec un profond respect mutuel. Cependant, l'ambiance devint plus tendue lorsque, malgré leur jour de repos, Aïcha et Asta passèrent pour saluer tout le monde... sauf Sokhna. Elle sentit une vague de froideur, mais préféra l'ignorer et se concentrer sur son travail.

À la pause, la tradition du Ludo se poursuivit. Cette fois, c'est Sokhna Maï qui triompha, remportant la partie sous les acclamations de Binta. Mais Aïcha, toujours prête à piquer, profita de ce moment pour lancer quelques remarques blessantes à Sokhna. Plutôt que de se laisser affecter, Sokhna resta ferme et répondit avec assurance, prouvant qu'elle gagnait en confiance chaque jour. Ce jeu, devenu un rituel, l'aidait à s'intégrer, et malgré les tensions, elle sentait qu'elle prenait peu à peu sa place au sein du groupe.

Le lundi, jour du Gamou, commença sous un autre signe. Fatou, fidèle à ses attentions, avait préparé un repas copieux pour Sokhna à la descente du travail. Elles partagèrent un moment de convivialité autour du repas, et Sokhna lui raconta sa journée, ses victoires et ses petites batailles avec Aïcha. Fatou l'écoutait avec bienveillance, rassurant Sokhna sur ses choix et son comportement.

Pendant ce temps, dans une autre ville, Neinei se sentait isolée. Sans sa famille ni ses amis, elle errait dans une solitude oppressante. Ses deux amies de toujours, Astou et Santhio, semblaient s'éloigner, ce qui l'attristait profondément. Ce sentiment d'abandon coïncidait avec le Gamou, et, le soir venu, Neinei se réfugia dans ses prières, demandant guidance et réconfort.

Le lendemain, un jour férié, Fatou, toujours aussi attentionnée, prépara de nouveau un repas pour Sokhna, la couvrant de générosité. Sokhna Maï sentait que, malgré les obstacles, elle commençait à trouver sa place, entourée de quelques âmes bienveillantes comme Fatou et Binta.