003 : ESCAMPETTE

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Après ton bref moment avec Suguru, tu avais soigneusement évité son regard pendant toute la journée. Même si tu savais pertinemment qu'il n'était pas quelqu'un de recommandable, tu ne pouvais pas t'empêcher de repenser à cet instant si intime. Mentir en prétendant que ça ne t'avait rien fait aurait été futile ; ton ventre se tordait sous l'effet de ses yeux posés sur toi. Tu essayais de repousser ces sensations, de te convaincre que tu ne ressentais rien. Après tout, si tu restais ici, c'était uniquement par nécessité, pour l'argent, pour éviter de te retrouver à la rue. Ils avaient été les seuls à répondre rapidement.

— Je comprends mieux pourquoi on m'a toujours dit de me méfier des entreprises qui te répondent dans l'heure. On se doute bien que si elles sont si pressées de recruter, c'est parce que personne ne veut rester... j'aurais dû écouter ce conseil.

Tu laissais échapper un soupir, consciente que, malgré tes appréhensions, tu étais déjà bien trop impliquée pour faire demi-tour.

Tu avais décidé qu'il serait préférable de quitter ton travail un peu plus tôt aujourd'hui en prétextant un malaise, et tu avais prévenu certains collègues avant de partir. Quand les portes d'entrée s'ouvrirent pour te laisser sortir, tu sentis enfin la liberté t'envahir et t'étiras longuement pour te sentir mieux.

Tu fuis déjà ?

Le murmure te fit sursauter. Tu te retournas lentement, les yeux élargis par la surprise. Satoru se tenait là, appuyé contre le mur, un sourire amusé aux lèvres. Il ajouta :

Comment je vais te dire à quel point tu m'as manqué aujourd'hui si tu t'éclipses déjà ?

Son regard perça le tien avec une intensité que tu ne pouvais ignorer. Essayant de masquer ton embarras, tu te mordis la lèvre, agacée d'avoir baissé ta garde. Mais comme il n'y avait plus moyen de fuir, tu affichas un sourire faussement innocent et tu répondis :

— Tu auras tout le temps de me le dire demain.

— Oh, donc tu prévois de me faire languir jusqu'à demain ? Il y avait une lueur d'amusement dans ses yeux. C'est cruel de ta part.

— Satoru, tu as vraiment le don de surgir de nulle part.

— Et tu as vraiment le don de disparaître avant même que je puisse te dire bonjour.

Satoru fit quelques pas vers toi, ses yeux profondément ancrés dans les tiens. Son sourire taquin s'effaça soudainement, remplacé par une expression sérieuse.

— Depuis quand tu finis à cette heure ?

Il attendait une réponse de ta part, ton instinct te soufflait de choisir tes mots avec soin. La pression de ses yeux te faisait comprendre que tu n'avais pas le droit à l'erreur. 

— Je pars un peu plus tôt aujourd'hui... je suis malade, dis-tu en appuyant un peu trop sur le dernier mot.

Satoru hocha la tête, feignant une réflexion intense.

— Ah, tu te sens malade ? Peut-être que tu as goûté à quelque chose d'un peu trop ferreux, non ?

Bon sang, il était au courant. Suguru avait dû se vanter.

— C'est juste la fatigue.

— La fatigue... c'est vrai que ça peut frapper fort, surtout après avoir avalé des choses inhabituelles.

Tu soufflas, te sentant vaincue.

— C'était un accident, d'accord ?

— Est-ce que par hasard j'aurais le même traitement si... je ne sais pas... je m'ouvrais les lèvres ?

Tu le regardais avec dépit. Tout à coup, il paraissait moins intimidant en jouant les idiots.

— Pas aujourd'hui. Pas demain non plus.

Son visage se crispa de frustration, mais il abandonna la discussion pour se diriger vers le parking.

— Vu que tu es malade, je te raccompagne. Attends-moi ici, je vais chercher la voiture.

— Je n'ai pas dit oui !

— Je vais quand même te traîner jusqu'à chez toi pour te prouver que je suis bienveillant.

C'était la pire issue possible. Tu observas son dos alors qu'il s'éloignait. Il continuait à te parler même s'il était déjà loin.

— Et ne mords personne d'autre pendant ce temps, vampire.

Il semblait fier de lui en plus. Il ne te lâcherait plus jamais avec cette histoire. Tu pris conscience que Satoru venait enfin de te donner l'occasion de t'éclipser pendant qu'il allait chercher sa voiture. Tu pourrais prétexter une urgence de dernière minute, de toute façon, toutes les excuses étaient bonnes.

Tu te hâtas de sortir de ton lieu de travail, prenant soin de ne pas te faire repérer.



Quand Satoru revint, il comprit que tu avais filé. Il réfléchit un moment dans sa voiture, le coude sur le bord de la vitre, une main sur le volant, tapotant ce dernier.

— Elle fait chier.


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OBLIVION  || GOJO, GETO x READEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant