Colère Noire

3- Interposé

- Tu n'es pas contente de me voir ? s'enquit-il en souriant.

Elle le toisa froidement. Il avait du culot de se pointer devant elle alors qu'il savait pertinemment qu'il n'était pas le bienvenu. Ses nombreux refus et son ignorance volontaire aurait dû le dissuader, mais s'il y avait bien une chose chez lui qu'on ne pouvait lui enlever, c'était sa persévérance.

À l'époque c'était ce qui lui avait plu. Mais à l'heure actuelle c'était son pire défaut, et elle se doutait qu'il n'allait pas en démordre jusqu'à ce qu'il obtienne gain de cause.

- Comment m'as-tu trouvée ? demanda-t-elle.

- Tu n'as pas écouté les messages que je t'ai laissés, pas vrai ?

- Reponds à ma question.

- Tu ne réponds pas aux miennes.

Kad souffla bruyamment.

- Si tu n'as rien d'autre à me dire, je m'en vais, lâcha-t-elle.

Elle entreprit de tourner les talons cependant il la retint, une main sur son épaule.

- Attend, je voulais m'excuser... Je suis sincèrement désolé.

- Oui, tu l'as déjà fait, et la réponse n'a pas changé, ce qui est fait, est fait. Maintenant lâche-moi.

- S'il te plaît... Laisse-moi une chance de me rattraper.

Son regard était suppliant mais elle ne céda pas.

- Non.

La jeune femme se retira violemment de sa prise et se dirigea vers les escaliers.

- Kad ! Je t'en prie ! J'ai fait le con, je sais, et je regrette alors pardonne-moi.

Elle se retourna brusquement pour lui faire face, à quelques centimètres de lui, puis pointa son doigt sur son torse, le visage tordu par la colère.

- Ma patience à des limites, Léandre. Ce qui est arrivé est de ta responsabilité alors assume au lieu de revenir la queue entre les jambes !

Il ne répondit pas et baissa les yeux. Elle émit un petit rire acerbe face à sa réaction, un rictus froissé au bord des lèvres.

- On en a déjà assez parlé. Je suis déjà passée à autre chose, donc contente- toi de rester loin de moi et d'en faire de-même.

- Kad...

- Non ! Ça suffit ! Ça ne mènera nul part... Par pitié, va-t-en Léandre.

- Tu ne peux pas faire ça ! s'écria-t-il. Pas après tous nos efforts ! Je vais en mourir si je ne peux plus te voir...

- Meurs tout seul, c'est pas mon problème.

Cette discussion tournait en rond. Elle sentait son sang bouillir dans ses veines, et par dessus tout, elle avait horreur des individus qui lançaient ces paroles en l'air.

- Ne fais pas comme si ça ne te faisait
rien ! T'as toujours été comme ça mais au fond, on sait tous les deux que tu aimerais que tout redevienne comme avant.

Tout à coup la jeune femme éclata de rire, quand en un éclair son éclat de voix s'évanouit pour laisser place à un silence de plomb. Son visage se ferma complètement et son regard fut traversé par une étincelle de colère.

- Hé. Ne prend pas tes rêves pour la réalité. Si tu me connaissais vraiment tu saurais parfaitement ce que je veux. Oh mais j'oubliais... Tu ne me connais pas.

Il serra les dents, la mâchoire contractée, et son regard changea à son tour. Le désespoir qu'elle pouvait y lire auparavant se transforma en irritation et l'expression abattue qu'il exprimait fut remplacée par des traits durs, profondément marqués dans sa chaire.