Vœu Sicilien - Romance Mafia - Clan Cesareo

Lucinda. 2

Lucinda.

Dès que je sors du monastère, une voiture noire attire tout de suite mon attention. Je m'approche directement vers elle, vers le nouveau maître de mon destin. Arrivée à la hauteur de Francesco, cigarette entre ses lèvres, son regard s'attarde sur mes vieux vêtements défraîchis, puis rencontre mes yeux à la recherche de quelque chose, semble-t-il. En voyant mes cheveux courts, il fronce les sourcils, visiblement mécontent.

Je n'avais pas vraiment eu le choix. La Mère Supérieure avait insisté pour que je les coupe. Elle pensait que c'était de la vanité de laisser des cheveux aussi longs. Je remarque aussi quelque chose de différent dans ses yeux, qui n'y était pas auparavant. Je réalise vite que c'est de la colère. Je devais m'y attendre. Mon père a dupé l'un des hommes les plus craints et respectés.

- Alors, comment va la Mère Supérieure?, me demande-t-il avec un petit sourire aux coins des lèvres. Cet homme me fait littéralement peur, en particulier lorsqu'il m'offre ce sourire carnassier.

- Je ne sais pas, je ne l'ai pas vue, je murmure à peine les paroles.

Quelques heures après le départ de Francesco, la Mère Supérieure était entrée dans ma cellule, accompagnée de deux Sœurs. Le visage pâle, elle m'avait ordonnée de préparer mes affaires pour rejoindre mon futur époux. Je n'avais même pas eu le temps de digérer la nouvelle, que les Sœurs s'activaient à ranger toutes mes petites affaires dans ma valise. 

Après une dernière bouffée, il jette la cigarette et m'ouvre grand la porte.

- Monte, m'ordonne-t-il.

Posant une main autoritaire au bas de mon dos, il me pousse vers le siège passager où je prends place. Puis il se penche vers moi, apeurée je recule. Il me lance alors un regard plein de menaces tandis qu'il s'empare de la ceinture de sécurité. Impuissante, je le laisse faire. Dès qu'il finit de m'attacher, il prend place à cote de moi, j'essaie de reculer un peu mais un autre homme s'engouffre dans la voiture, de l'autre coté. Il m'offre un sourire sincère mais ses yeux brillant de malice me mettent mal à l'aise. 

Tout au long du trajet, je suis tendue et apeurée. Je suis littéralement encerclée par les hommes de la famille Cesareo. Qu'est-ce que je suis sensée faire à présent ? Tout mon monde s'est effondré depuis ma fuite avec mon père et j'ignore ce qui va se passer pour moi. Je n'ai plus revu mon père depuis des mois et depuis quelques semaines, je n'ai reçu aucune nouvelle. Je suis livrée à moi-même, ou plutôt je suis entre les mains de Francesco. À ce niveau, plus personne ne peut faire quoi que ce soit pour moi. Même la Mère Supérieure a dû s'incliner devant Francesco.

Alors que la voiture roule à travers une route sinueuse, le bruit du moteur résonne dans mes oreilles, comme une abeille au-dessus de ma tête, tandis que le paysage défile à travers les fenêtres. Mon estomac se serre à chaque virage, à chaque arrêt, tandis que l'inconnu devant moi s'étend comme un gouffre béant. L'air est lourd, chargé d'une atmosphère pesante. J'ai un mauvais pressentiment, ce n'est que le début de mon calvaire.

L'homme assis près de moi commence à parler avec Francesco mais je ne fais pas attention. Trop lasse pour les écouter parler d'affaires. Dans le brouillard dans lequel je suis, des mots me parviennent toutefois, rousse, formes. Je n'en reviens pas qu'ils parlent de femmes alors que mon monde s'écroule à leurs pieds.

Le temps semble s'étirer, chaque minute semblant durer une éternité. Je me sens piégée, impuissante, alors que nous nous enfonçons plus profondément dans l'inconnu. La seule certitude qui me reste est que rien ne sera plus jamais comme avant. Nous arrivons enfin dans une modeste auberge. Je descends difficilement de la voiture.