Pupilles totalement délattées, les yeux de Francesco sont sombres, encerclés seulement par un fin anneau bleu. Ils me sondent, me scrutent, recherchant vraisemblablement le moindre mensonge.
Est-il en colère? Cette idée provoque un frisson glacé parcourant tout mon corps et mon instinct de survie me hurle de m'éloigner. Mais ai-je à peine le temps d'esquisser quelques mouvements désordonnées, que Francesco se plaque brusquement sur moi, pesant tout le poids de son corps contre le mien.
L'air quitte mes poumons, mes jambes se raidissent sous son poids. Son odeur chaude et familière m'enveloppe tout entière. Et une de ses mains, grande et rugueuse, s'enroule férocement autour de ma nuque dans une prise ferme.
Mon Dieu, j'aurai dû retenir mes paroles, maintenant Francesco est en colère.
- Alors tu m'aimes?, grogne-t-il tout bas, déclenchant un tremblement de mon corps.
Je cligne plusieurs fois des yeux, le souffle court, paralysée par la colère de Francesco. L'air me manque. Ma gorge s'assèche et mon cœur bat si vite que j'ai peur qu'il n'explose d'une seconde à l'autre. J'ai peur...non je suis terrifiée.
- Oui, soufflé-je finalement d'une voix à peine audible, incapable de prononcer un mot de plus.
Soudain, alors que je ne pensais pas que cela puisse être possible, les pupilles de Francesco se dilatent encore plus, avalant presque entièrement l'anneau bleu qui les entourent. Ses yeux deviennent deux grands puits noires et profonds aspirant toute vie autour de lui.
Il prend une profonde respiration avant de reprendre la parole en penchant légèrement son visage au mien.
- Répète-le encore!, ordonne-t-il dans un grondement vibrant contre ma poitrine.
Sa voix grave me tétanise. Avant que je ne puisse réagir, il renforce son emprise au tour de moi en me serrant plus fort, écrasant son torse fort et chaud contre ma poitrine, abolissant le moindre espace entre nous. Je ne peux plus bouger, totalement prisonnière de son corps. Je peux à peine respirer.
Son corps puissant épouse facilement le mien. Je sens les muscles de ses bras ou de son torse jouer sur moi, déclenchant une étincelle de désir.
Je ne comprends pas pourquoi il tient à ce que je répète. Je ne comprends pas non plus son comportement. Mais sa main ferme sur ma nuque me pousse à lui obéir.
- Je t'aime.
Ces mots me brûlent la gorge. Ils sont vrais. Et c'est ça le plus terrifiant.
Ces trois mots sont en réalité une évidence.
Mais comment est-ce possible? Comment ai-je pu basculer de la peur, une peur mêlée à un désir, à cet amour?
Je voudrais trouver une explication rationnelle. J'ai besoin de trouver une raison rationnelle.
Peut-être est-ce mon corps qui me trahit, mes hormones en plein bouleversement...ou est-ce la vie qui grandit en moi qui me pousse à aimer le père de mon enfant?
Malheureusement, au fond de moi, je sais qu'aucune explication ne tient la route.
Depuis notre première rencontre chez mes parents, un lien invisible s'est crée entre Francesco et moi. Au fil des mois, au fil des épreuves, ce lien n'a cessé de grandir, évoluant en quelque chose de plus profond, de plus puissant...
De plus inéluctable.
- Encore, grogne-t-il tout bas alors qu'il pose un baiser léger sur mon cou malgré son corps tendu.
- Je t'aime, je répète encore, toute tremblante mais cette fois-ci plus fort, plus hardie.
Ces simples mots, pourtant si lourds de sens, me laissent à découvert, me mettant à nu. Je déglutis difficilement alors que mes lèvres sont asséchées. Mais, je n'ai plus peur de les prononcer ni même....de les ressentir.
Francesco relève son visage lentement pour me regarder. Son regard glisse sur moi, s'attardant sur mes lèvres, puis mes yeux. Cette fois-ci, ses yeux sont est moins féroces et brillent d'une lueur presque tendre.
- Moi aussi, ...je t'aime.
Je cligne plusieurs fois les yeux, le souffle coupé.
Les mots de Francesco flottent entre nous, dans le silence et la pénombre. J'ai pourtant du mal à les comprendre ou les croire.
Je ne sais pas quoi dire, et en réalité en ouvrant mon cœur à Francesco, je ne savais pas à quoi m'attendre...mais pas à sa déclaration.
Tu as insufflé de la vie, soudain, je me rappelle de cette fameuse nuit, où Francesco m'avait dévoilé ses pensées, ses émotions.
Il m'avait aussi avoué qu'il ne voulait d'aucune autre femme. Mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il m'aimait. Il commençait seulement à éprouver un certain respect, peut-être un peu de tendresse et du désir. Mais de l'amour?
- Tu m'aimes?, demandé-je, incrédule.
Pour toute réponse, Francesco me saisit une main pour la poser sur sa poitrine chaude et musclé.
- Ne sens -tu pas les battements de mon coeur...petit Fée Clochette?
J'arrête un instant de respirer, concentrée sur le regard intense de Francesco et surtout ses dernières paroles. Fée Clochette? Mon surnom.
-Comment..?, incapable de continuer ma phrase. Il n'y a que les membres de ma famille qui m'appellent ainsi, surtout Georgia et Maria.
- J'ai écouté pratiquement toutes les conversations entre toi et ta famille, avoue-t-il, en portant ses doigts rugueux sur ma joue, provoquant quelque chose en moi.
Je ne suis même plus surprise de cet aveu, le mettant de côté pour me concentrer sur les paroles de Francesco.
- Je pensais que j'avais mal entendu la nuit de l'accident, chuchoté-je.
C'est vrai, je pensais qu'avec tout ce qui se passait, mon imagination me jouait des tours, recherchant un abri.
- Non...et puis je trouve que surnom te va très bien, mon amour.
- C'est vrai? je murmure si bas, de peur que cela ne soit pas vrai. Malgré moi, des larmes me montent aux yeux.
Soudain, la respiration de Francesco devient erratique alors que son regard brûle d'une lueur sauvage. Sa mâchoire se contracte durement tandis que ses pupilles noires scrutent mon visage. Un grognement sourd s'échappe de sa gorge avant qu'il s'empare de mes lèvres. C'est un baiser fort, intense où l'urgence se mêle à la tendresse. Instinctivement, je referme mes yeux, laissant mes sens prendre le contrôle ou les perdre.
Il incline légèrement ma tête en arrière. Je sens quelque chose de chaud et humide parcourir mon cou, laissant une trace brûlante sur ma peau. Inconsciemment, je penche ma tête sur le côté pour lui laisser libre accès à mon corps.
Francesco comprend vite mon invitation silencieuse et se rue sur ma peau. Il lèche, caresse, mordille, torturant délicieusement ma peau.
Sa bouche glisse lentement jusqu'à ma mâchoire, et son souffle chaud titille ma peau fine sous mon oreille.
Puis, un nouveau grognement de plaisir vibre contre ma peau, hyper sensible, provoquant des milliers de petits papillons au bas de mon ventre.
Je serre ses épaules avec mes doigts, et ne remarque bien trop tard ses bandages.
- Francesco...ta blessure, je m'inquiète.
-Ce n'est rien...Putain, j'ai trop envie de toi. J'ai trop faim de toi!, gongne-t-il contre mon oreille provoquant un nouveau frisson incontrôlable de mon corps.
Ses mains se baladent sur moi, explorant mes hanches, mes bras , ma poitrine. Chaque geste, emprunt de possessivité et de tendresse, galvanise mon propre désir tout en me rassurant. Et je ne peux m'empêcher de répéter mon amour. Oui, je n'ai plus peur de lui dire, ni de le penser, ni même de le ressentir.
- Je t'aime...
Enfin, une paix profonde m'envahit, une paix que je n'ai pas ressenti depuis mon départ précipité de New York, laissant toute ma vie, toute ma famille derrière moi.
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Vœu Sicilien - Romance Mafia - Clan Cesareo
Roman d'amourJeune fille de Little Italy, ma vie devait suivre un chemin tracé : études, travail, et peut-être un mariage avec quelqu'un que j'aurais choisi. Mais tout a basculé lorsque mon père, pour rembourser une dette colossale, m'a vendue à la famille Cesar...