Nous avions travaillé jusqu'à tard la nuit précédente avec Joakim et ce matin, j'eus du mal à me glisser hors du lit. L'air me paraissait froid et la prise de mes doigts était engourdie.
J'avais salué chaleureusement quoi que brièvement mes amis avant de partir en cours et quand je vis que j'avais oublié mon ordinateur, je nomma cette journée la pire de la semaine. Et je n'étais pas au bout de mes peines.
Le cours commença mais je ne me réchauffais pas.
Ils ne savent pas allumer un chauffage ou quoi ?
Tout les étudiants grelottaient et les professeurs ne parurent pas s'en rendre compte. À vrai dire, on dirait qu'ils avaient l'esprit ailleurs. Monsieur Rubert posa trois fois la même question au même élève durant son cours, et Madame de Gardère, d'habitude assidue et pointilleuse, avait oublié la moitié de ses cours.
Quand vint l'heure du repas, j'attendis que tous les étudiants quittent la salle et m'approchai de Madame de Gardère.
- Excusez moi Madame, commençais-je.
Cette dernière sursauta et se retourna vivement vers moi.
- Oui ? Qu'y a-t-il ? Dit elle d'une voix un peu trop aigu.
- Et bien j'aimerais savoir ce qui se passe, tous les enseignants paraissent distraits. Vous n'avez même pas remarqué qu'il faisait un froid de canard dans l'établissement et vous avez la tête dans la lune. Puis-je en connaître la raison ?
- Vous le saurez bien assez tôt, soupira-t-elle. J'avais prévenue le directeur que c'était une mauvaise idée, marmonna-t-elle presque pour elle même. Je l'avais dit !
- Mais quoi donc Madame ?
- Jeune fille, savez vous pourquoi nous vous enseignons la politique, toutes ces choses, ces connaissances et ces performances ?
- Pour nous préparer à aider de notre mieux ce monde je suppose Madame.
- Mais alors ne vous êtes vous jamais demandé pourquoi nous enseignons avec un point de vu particulier et pas un autre ? Pourquoi nous poussons toujours la même politique et les mêmes idées ?
- Je l'ignore Madame, mentis-je.
- Je vous croyais plus intelligente Mademoiselle Quintesce. Nous suivons un programme, un programme dicté par le gouvernement.
- Par le gouvernement ? Nous le savons bien non ? C'est assez évident. Mais n'est ce pas plutôt par l'éducation Nationale ?
- C'est un tout jeune fille.
J'hochai la tête.
- Ce qui va se passer est grave ?
- Non, vous n'avez pas à vous inquiéter, c'est juste stressant pour nous les professeurs et une grande chance pour vous les étudiants. Vous verrez.
Elle me fit un petit sourire.
- Je vous remercie Madame.
Je lui rendis son sourire et sortis de la pièce, pensive.
Une grande chance pour nous les étudiants ? Que voulait-elle dire ? Enfin bon, je suppose que nous le saurons bien assez tôt.
Je rejoignis mes amis à la cafétéria, ces derniers discutaient.De la même chose que tous les élèves supposais-je. Je m'assied à la table, après avoir pris de quoi manger, la tête dans mon assiette pour alerter mes amis qu'il serait sage d'éviter de me couper dans ma réflexion.
Une grande chance pour nous les élèves... allait-on visiter un endroit connu ? Assister à une assemblé ? Voyager jusqu'au siège de l'union européenne en Belgique ? Il y avait tellement de possibilités. Je croquais dans ma pomme quand Estelle m'adressa la parole d'une voix sèche :
- Quand dédaigneras-tu a te soucier de notre existence ?
Je levai les yeux vers elle.
- Suis-je proscrite à toutes réflexions ?
- Honore nous alors de ces dernières en nous les partageant.
- Ouais, s'enquit Raphaël, en plus, je paris que tu cogites sur la même chose que nous.
Joakim ne dis rien, mais son regard intuitif était posé sur moi.
- Qu'est ce qui te fais réfléchir autant ? Reprit Raphaël.
- Disons que j'ai eu une discussion avec madame de Gardère et qu'elle m'a informée qu'un événement qui je cite "Serait une grande chance pour nous les élèves" était prévu. Voilà ma réflexion.
- Et c'est maintenant que tu nous le dis ? On cherche depuis tout à l'heure et toi tu sais ça et tu nous dis pas ? Me reprocha Raphaël.
- Je voulais d'abord y réfléchir.
- Il va falloir apprendre à faire moins de cachotterie, me siffla Estelle.
A ces mots j'eus un regard discret vers Joakim et croisais ses yeux marrons. Ce dernier hocha discrètement la tête, m'encourageant à poursuivre.
- Au faites, à propos de cachotterie... Commençais-je.
- Tu sors avec Joakim ! S'exclama Raphaël.
- Mais arrête de dire ça, soufflais-je exaspérée. Tu fais une fixette ou quoi ?
- Tu ne le contredis pas ! Me taquina Estelle.
- Il n'y a rien entre Ève et moi, intervient enfin Joakim. Si vous la laissez parler, vous connaitrez la raison de ce quiproquo.
- Et bien en faite, repris-je, Joakim et moi sommes musiciens depuis deux ans et nous chantons des musiques sur...
Je fus interrompue par la voix du directeur dans les hauts parleurs.
- Bonjour à tous. Je vous prierais de bien vouloir rejoindre amphithéâtre, en silence s'il vous plaît. Aujourd'hui nous avons un invité très spécial à qui je laisserai le loisir de se présenter, merci.
On se regarda avec étonnement et partit vivement vers l'endroit désiré, la tête fourmillant d'idées impensables sur l'identité de cette personne.
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Notre vie nous appartient
No FicciónJ'ai si souvent eu l'impression que ma vie me glissait entre les doigts et que malgré « la liberté » qu'on m'a si souvent vanté d'avoir, je ne me suis jamais sentie libre, sentie dans un monde gouverné par des gens qui veulent notre bien. Alors j'...