Chapitre 1

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"En prison comme à l'hosto, on attend et on s'emmerde énormément. Et puis, surtout, on parle de l'avenir en utilisant les mots "sortir" et "dehors". Quand on sera "dehors", la vraie vie pourra reprendre." Grand Corps Malade


Je sens que je suis couchée sur quelque chose de dur et froid, vraiment très inconfortable. Mon nez se retrousse au contact d'une odeur nauséabonde. Je n'ose pas ouvrir les yeux, je me demande ou je peux bien être.

Tous les événements survenus avant que je m'évanouisse me reviennent en mémoire. Le rendez-vous, la peur, l'agression dont j'aurais pu être victime, cette maison de campagne et surtout la personne que j'ai tuée pour me défendre, le président. Président que l'on pourrait plutôt qualifier de dictateur, qui entrainait la misère dans notre pays, la torture, l'injustice et des morts infondées mais qui possédait un pouvoir absolu et des personnes fidèles envers lui et qui doivent encore l'être. J'avais réussis à obtenir un rendez-vous avec lui suite à la multitude de lettres avec lesquelles je le harcelais. J'avais reçu le matin même de l'événement une convocation. Je me suis rendue au lieu et à l'endroit précis de la convocation sans réfléchir, sans penser à tout le mal qu'il pourrait me faire. C'est avec les pensées remplies d'espoir et de conviction que j'ai pénétré dans cette petite maison de campagne à la tombée de la nuit et j'en suis ressortie brisée, blessée et surtout en meurtrière.

Maintenant, je ne sais pas où je suis, je n'ose pas ouvrir les yeux. Je me demande si les fidèles m'ont retrouvée et vont me faire subir les pires tortures ou si ce sont mes parents qui ont compris ce qui m'étais arrivé et qui tentent d'empêcher les autorités de me retrouver.

Je décide d'ouvrir les yeux, il faut que j'affronte la réalité, le malheur qui va surement s'abattre sur moi. Je suis couchée sur une dalle grise, râpeuse, froide. Je sens mon corps endolori lorsque j'essaye de me tourner sur le côté pour voir ou je me trouve. Je remarque un lit à quelques centimètres de moi, un matelas taché et recouvert de crasse et de poussière. La pièce est sombre, il n'y a pas de fenêtre et la lumière clignote régulièrement, j'espère qu'elle ne va pas complétement s'éteindre sinon je n'aurais plus aucune manière de savoir où je me trouve. Je tourne doucement la tête de l'autre côté en sentant la douleur s'emparer de moi. Une porte en bois sombre avec une minuscule ouverture recouverte de barreaux et une trappe. Je pense être dans une cave. J'essaye de me lever mais mon corps reste cloué au sol à cause de la douleur, mes muscles sont contractés et je vois des hématomes et des plaies sur mon corps.

Après un combat entre mon corps et mon esprit qui me semble durer une éternité, mon esprit aidé par ma force mental me permet de me relever. Je m'approche de la porte et regarde par la minuscule ouverture. Je suis éblouie par une forte lumière produite par des néons. Une fois que mes yeux se sont habitués, je parviens à discerner un long couloir pourvu d'une multitude de porte ressemblant à celle contre laquelle je suis appuyée à cet instant précis. C'est à cet instant que je comprends ou je suis, je me souviens des différentes affiches de propagande placardées dans les rue de ma ville pour effrayer les contestataires, ces affiches qui me faisait rire car je me disais que cela ne m'arriverait jamais, je me pensais au-dessus de tout ça, ces affiches représentant les prisons miteuses.

Maintenant, je ne peux plus me sentir au-dessus de tout ça car je suis dans le lieu représenté par ces affiches qui me faisaient rire. Je suis une prisonnière et sûrement pour peu de temps car les fidèles ne vont pas tarder à s'occuper de moi.

Je ne veux plus être seule, je veux savoir ce qu'il se passe, ce qu'il va m'arriver. Je sens la peur et la haine monter en moi, et sans réfléchir, je me mets à frapper contre la porte en hurlant. Je n'arrive plus à m'arrêter, toute la colère que je possède depuis mes quatorze ans refais surface, ce régime, ces injustices, mes parents n'acceptant pas ma rébellion, le président abusant de tout le monde et ayant voulu abuser de moi, ma présence injuste ici car ce meurtre constituait seulement de la légitime défense mais cela, personne ne voudra l'entendre car ma vie n'a aucune importance à côté de celle que j'ai prise, celle du président.

Au dessus du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant